Volume 41 - numÉro 19 - 5 FÉVRIER 2007
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Les barrages de castors augmentent le taux de mercure dans l’eauLes castors n’en demeurent pas moins essentiels au maintien de la biodiversité
Le castor, emblème national du Canada, a déjà figuré sur la liste des animaux menacés de disparition. Aujourd’hui, on considère qu’il y a surpopulation de castors dans certaines régions des Basses-Laurentides. «On en trouve partout, mais la surpopulation est évaluée en fonction des intérêts humains, souligne Virginie Roy. Avant la colonisation, on estime que la population de castors était de 60 millions en Amérique du Nord alors qu’on l’évalue aujourd’hui entre 6 et 12 millions.» Les évaluations sont approximatives parce que les relevés sont faits à partir de photos aériennes qui permettent d’observer les impacts des étangs de castors. Le dernier relevé au Québec remonte à 1997 et montrait que la plus forte concentration de ces mammifères se trouvait dans l’ouest de la province (Outaouais, Abitibi, Laurentides); on y dénombrait 1,23 colonie par 10 km2, une colonie pouvant comprendre de 2 à 8 individus. «L’augmentation de la population de castors est attestée par les naturalistes et par les trappeurs, poursuit Virginie Roy. Elle est attribuable à la perte de valeur économique des fourrures, à la diminution des prédateurs et aux coupes forestières, qui favorisent la repousse de feuillus.»
Six fois plus de méthylmercure On sait que le méthylmercure est abondant dans les lacs de barrages hydroélectriques dans les 10 à 20 années suivant la mise en eau, au point de rendre impropres à la consommation les poissons qui y vivent. Mais qu’en est-il de l’effet des barrages de castors?
Pour connaitre la teneur en méthylmercure de ces bassins, Virginie Roy a prélevé des échantillons d’eau dans 20 étangs de castors situés entre Saint-Jérôme et le mont Tremblant, à raison de 12 prélèvements par site, soit en amont de l’étang, en aval et dans l’étang lui-même. Les résultats ont révélé que la teneur en méthylmercure est en moyenne six fois plus élevée à la décharge de l’étang qu’en amont, un taux jugé très haut. «Les barrages de castors ont donc une incidence considérable sur la chimie de l’eau et sur les écosystèmes aquatiques», signale l’étudiante. La production de méthylmercure est due au même phénomène que dans les lacs de barrages hydroélectriques: l’inondation du territoire libère dans l’eau une grande quantité de nutriments qui créent un milieu favorable aux bactéries responsables de la méthylation du mercure. Le taux de mercure organique varie par ailleurs énormément d’un endroit à l’autre; l’écart entre le taux à la décharge et celui en amont va de 1,1 à 37 fois plus selon le site. D’autres travaux devront être effectués pour expliquer en détail cet écart, mais l’étudiante en attribue la cause à trois grands facteurs: l’âge de l’étang, la superficie du bassin versant et la composition du sol. «Plus le système est vieux, moins le taux de méthylmercure est haut, précise-t-elle. Par contre, l’acidité de l’eau favorise la méthylation; si le lieu inondé est une forêt de conifères, il y aura davantage de méthylmercure. Et, si le bassin versant est plus étendu, l’eau de ruissèlement apportera plus de mercure dans l’étang.»
Écosystèmes essentiels Même pour les besoins humains, détruire un barrage peut s’avérer plus nuisible que de le maintenir, ajoute la chercheuse. «La destruction du barrage peut provoquer une forte vague qui va éroder les rives et entrainer une grande quantité de sédiments dans les lacs. Il ne faut pas laisser n’importe qui faire n’importe quoi.» Selon l’étudiante, les taux de mercure les plus élevés rapportés dans cette étude pourraient nuire à certains organismes, mais les analyses à ce sujet restent à entreprendre. Daniel Baril
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