Volume 41 - numÉro 19 - 5 FÉVRIER 2007
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Les gangs de rue n’entrainent pas plus de violence dans les écolesUne criminologue étudie le lien entre violence, école et gangs de rue
La présence de gangs de rue dans les écoles n’a pas d’influence sur les actes de violence qui y sont commis. Voilà la conclusion de Catherine Bessette, qui vient de déposer à l’École de criminologie l’une des premières études au Canada sur les liens entre l’école, la violence et les gangs de rue.
«Si l’on fait abstraction de certains facteurs socioéconomiques et démographiques de l’école et du climat qui y règne, on constate que la présence ou non de ces gangs organisés n’a pas d’effet sur la violence que subissent les élèves», dit la diplômée, qui a reçu une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour mener son étude à terme. C’est au terme d’une analyse de données provenant de 65 écoles secondaires de milieux défavorisés réparties dans l’ensemble du territoire québécois (recueillies pour les besoins de l’évaluation de la stratégie d’intervention Agir autrement par Michel Janosz, professeur à l’École de psychoéducation) que l’étudiante a pu tirer ces conclusions étonnantes. Au total, plus de 26 000 élèves de la première à la cinquième secondaire ont été interrogés en 2004 et 2005 au sujet de divers aspects de leur vie scolaire. La médiatisation excessive d’actes violents perpétrés par les gangs dans les écoles serait à son avis responsable d’une association un peu trop rapide entre les différents phénomènes. «Il faut dédramatiser la situation», déclare-t-elle.
Le sentiment d’insécurité De façon générale, le taux de jeunes qui ne se sentent pas en sécurité dans leur école est de 28 %. Cette proportion grimpe à 37 % quand on inclut les lieux extérieurs comme les arrêts d’autobus et même la cour de récréation. Selon les données de la criminologue, les élèves sont nombreux à percevoir la présence de gangs, particulièrement dans les quartiers reconnus pour être violents. Dans certaines écoles, ils sont à peine 11 % à les avoir remarqués, alors qu’ailleurs cette proportion atteint 89 %. L’échantillon a révélé, d’autre part, que le phénomène des gangs dans les écoles n’est plus limité aux régions urbaines. «Les gangs de rue étendraient de plus en plus leur territoire. Aucune ville ne semble être à l’abri», affirme la chercheuse dans son mémoire. Si ces chiffres semblent élevés, ils ne sont pas disproportionnés en comparaison des statistiques rapportées aux États-Unis. «La violence est bel et bien présente sur les territoires scolaires québécois, écrit-elle. Un nombre non négligeable de jeunes élèves y sont exposés chaque jour simplement comme témoins ou comme victimes.» Qui sont les membres des gangs de rue? En grande majorité des adolescents mâles de 14 à 25 ans, qui versent dans la délinquance. Le trafic de drogue et le proxénétisme seraient parmi les délits les plus courants. Ils peuvent à l’occasion commettre des voies de fait graves, voire des homicides. Les gangs recrutent-ils des élèves? «Pas nécessairement, mais mon étude ne portait pas sur cette question. Je me suis concentrée sur l’impact de ces gangs à l’intérieur du système scolaire», mentionne la diplômée. Les conclusions de la maitrise de Catherine Bessette ne doivent pas servir de justification à l’immobilisme. «Qu’il y ait des actes de violence ou non, le sentiment d’insécurité provoqué par la présence de gangs est néfaste pour des jeunes en situation d’apprentissage. Le fait qu’elle soit constante engendre des problèmes pour les élèves et pour le corps professoral. Il ne faut pas prendre les choses à la légère.»
Psychologue et criminologue Catherine Bessette, dont la maitrise est en nomination pour le prix du meilleur mémoire de l’École de criminologie, travaille actuellement à la Fédération des caisses Desjardins du Québec. Son travail d’analyste en sécurité consiste à tracer le profil de fraudeurs afin de prévenir les crimes économiques. Elle participe, notamment, à la formation du personnel des caisses dans le cadre d’activités de prévention. Avant de se lancer dans ce projet de maitrise, sous la supervision de Marc Ouimet, elle a obtenu un baccalauréat en psychologie à l’Université Laval en 2004. Y aura-t-il un doctorat? «Certainement pas maintenant», répond-elle en souriant. Mathieu-Robert Sauvé
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