Volume 41 - numÉro 20 - 12 FÉVRIER 2007
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Quatre recteurs réclament un nouveau contrat socialIls proposent un plan destiné à sortir les universités québécoises de leur marasme financier
Les recteurs des quatre universités dotées d’une faculté de médecine ont uni leurs voix le 7 février pour proposer un plan destiné à sortir les universités québécoises de leur marasme financier. Au programme: un réinvestissement gouvernemental de l’ordre de 400 M$, la création d’un fonds d’urgence de 500 M$ pour rénover les parcs immobiliers, une contribution étudiante plus grande assortie d’une bonification des programmes d’aide financière et une contribution philanthropique accrue. Après tout, les entreprises bénéficient de la qualité de la formation offerte aux étudiants. Luc Vinet, de l’UdeM, Heather Munroe-Blum, de l’Université McGill, Michel Pigeon, de l’Université Laval, et Bruno-Marie Béchard, de l’Université de Sherbrooke, ont en effet lancé un appel commun afin que cesse le sous-financement de leurs établissements. «Il y a urgence. Il est temps de passer à l’action», a résumé M. Vinet. Les recteurs ont insisté sur le fait que tout un chacun fasse sa part pour assurer un financement adéquat de l’enseignement supérieur. Il faut, ont déclaré les quatre dirigeants, combler l’écart séparant les universités québécoises des autres établissements universitaires canadiens. Cet écart est de plus de 400 M$. Il serait donc approprié que le gouvernement québécois verse 400 M$ de plus annuellement dans les budgets de fonctionnement des universités. Les recteurs craignent que les universités québécoises se marginalisent par rapport à celles du reste du pays et que l’écart actuel s’agrandisse jusqu’à un point de non-retour. Faut-il le rappeler, les gouvernements de plusieurs provinces injectent actuellement des sommes colossales dans l’enseignement supérieur. L’enjeu? La qualité de la formation universitaire, rien de moins. «Nos étudiants doivent avoir accès à la meilleure formation et il importe que nos professeurs aient les moyens de déployer leur plein potentiel. Le Québec doit pouvoir compter sur les mêmes atouts de réussite que les autres sociétés avancées», a souligné M. Vinet. Les recteurs, réunis en conférence de presse à l’Université McGill, ont indiqué que le gouvernement du Québec devrait avoir la marge de manoeuvre pour répondre à leur demande à partir des transferts fédéraux pressentis pour l'éducation post-secondaire et surtout des montants de la nouvelle péréquation attendue. Ils ont aussi indiqué qu'il faudra d'autres leviers pour avoir des universités concurrentielles.
Et l’UdeM? Les étudiants en médecine ne se classent-ils pas premiers à l’examen du Conseil médical du Canada? L’Université n’a-t-elle pas amassé 40 % de tous les fonds accordés à des universités québécoises au dernier concours des Instituts de recherche en santé du Canada?
Mais toutes ces contributions à la société sont fragiles, a signalé M. Vinet. M. Vinet a mentionné entre autres que le taux d’encadrement à l’UdeM était passé de 15,1 à 19,5 au cours des 10 dernières années, que le taux de diplomation au doctorat se situait sous la barre des 45 % alors qu’il dépassait 60 % dans les autres provinces et qu’avec ses 19 m2 par étudiant le campus se situait au dernier rang des universités de recherche au Canada. Sa superficie est presque deux fois moindre que celle de l’Université de l’Alberta, qui accueille 20 000 étudiants de moins. «Le sous-financement exerce des pressions énormes sur notre corps professoral et notre personnel de soutien, dont la courbe ne suit tout simplement pas celle de nos étudiants», a encore noté le recteur. En recherche, le poids relatif du Québec dans les dépenses canadiennes ne cesse de diminuer. Le secteur de la recherche médicale est particulièrement touché. Au début des années 90, les universités québécoises pesaient plus du tiers du total canadien des dépenses de recherche en santé; elles n’en représentent plus que le quart. En 1991, les hôpitaux et les universités québécoises et ontariennes consacraient des sommes comparables à la recherche. En 2005, les établissements ontariens affichaient des dépenses de 1,7 G$, deux fois plus que leurs voisins québécois.
Le monde bouge Devant les membres de la Commission de l’éducation, le recteur a fait part de son inquiétude quant à «ce qui se fait dans le reste du pays». M. Vinet a notamment fait observer que l’Ontario investirait 8 G$ dans les universités d’ici 2011, que l’Alberta augmentera le financement de l’enseignement supérieur de 30 % d’ici 2008 et que la Colombie-Britannique a accru annuellement le financement des universités pour un montant totalisant 1 G$. Les comparaisons sont douloureuses et le défi de la compétitivité sera difficile à relever si la situation actuelle perdure. «Le monde bouge autour de nous», a indiqué M. Vinet, en répétant que l’écart entre les universités québécoises et celles des autres provinces continue de se creuser. Le gouvernement a certes versé une première tranche des 240 M$ promis plus tôt cette année, mais cette première injection a simplement ramené la subvention par étudiant à son niveau de 1989. Paule des Rivières |
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