Volume 41 - numÉro 20 - 12 FÉVRIER 2007
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La maladie des «greffes de moelle» est maintenant évitableUne découverte faite à l’IRIC permettra de sélectionner les donneurs de cellules sanguines
L’un des principaux traitements contre la leucémie et le cancer des ganglions consiste à effectuer ce qu’on appelle communément une «greffe de moelle». Au Canada, 10 000 personnes ont pu être guéries de ces cancers grâce à la technique de la greffe. Mais, dans 60 % des cas, les cellules provenant d’un donneur étranger s’attaquent au receveur, ce qui, dans les situations les plus graves, peut causer la mort du patient. Une équipe dirigée par le Dr Claude Perreault, professeur à la Faculté de médecine et à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), est parvenue à tracer le profil génétique des donneurs à risque de provoquer la maladie du greffon. Une sélection de donneurs est ainsi à portée de main.
Transplantation hématopoïétique «Lorsqu’on les réinjecte, les cellules vont se loger dans la moelle osseuse, où elles vont se diviser et produire des cellules sanguines, explique le Dr Perreault. Nous prélevons également chez le donneur des lymphocytes T, qui iront détruire les cellules cancéreuses du receveur.» Mais ce procédé n’est pas sans danger. Dans 60 % des tentatives de transplantation, les lymphocytes T du donneur s’attaquent aux différents organes du receveur. À l’inverse du phénomène de rejet observé lors de greffes d’organes, où le système immunitaire détruit l’intrus, ce sont les cellules immunitaires du donneur qui, dans le cas des greffes hématopoïétiques, se comportent comme si elles étaient chez elles et s’attaquent aux tissus du receveur. Cette réaction provoque la «maladie du greffon contre l’hôte» (MGCH). Cette maladie n’est pas due à une simple incompatibilité entre un receveur et un donneur: «La MGCH est provoquée par des lymphocytes particulièrement agressifs et le greffon entrainera la même réaction chez tous les receveurs», affirme le professeur Perreault. Le problème se trouve donc du côté des donneurs. Jusqu’à présent, rien ne permettait de savoir si le greffon allait susciter ou non cette réaction destructrice.
Dépister les donneurs à risque «Parmi 20 000 gènes, nous en avons trouvé 17 qui déterminent si le donneur est “dangereux” ou non, indique le chercheur. Ces gènes sont associés à une molécule produite par les lymphocytes T et dont le rôle est de prévenir les dommages aux tissus sains lorsque les lymphocytes s’attaquent aux tissus cancéreux ou infectés par un virus ou une bactérie. Si l’on supprime l’action de cette molécule chez des souris, l’animal s’autodétruit en quelques semaines.» Les donneurs dangereux sont ceux chez qui cette molécule (la TGFß‚) est peu active, ce qui laisse la voie libre aux lymphocytes pour s’attaquer à tous les tissus plutôt qu’aux seules cellules cancéreuses. Les greffons de donneurs chez qui l’action de la molécule est forte n’entrainent pas la maladie du greffon. Selon le professeur Perreault, repérer le profil génétique en question peut se faire par un test de dépistage qui ne requiert qu’une heure de travail en laboratoire. Pour être homologué, le test doit toutefois faire l’objet d’une nouvelle étude au sein d’une autre cohorte afin d’éviter un effet de trop grande homogénéité génétique parmi les éléments du premier échantillon. Les chercheurs sont présentement à constituer cette deuxième cohorte. Ce test permettra d’augmenter considérablement le taux de réussite des transplantations de cellules hématopoïétiques pour traiter les cas de leucémie et de lymphomes, en plus peut-être d’éliminer le problème de la maladie du greffon. À Génome Québec, qui a financé cette recherche, le président-directeur général Paul L’Archevêque considère qu’il s’agit là «d’une avancée extraordinaire en génomique qui transformera de façon marquée la pratique clinique et permettra de sauver des vies». Outre le Dr Perreault, une douzaine de chercheurs ont participé à ces travaux, dont le Dr Denis-Claude Roy et l’assistante de recherche Chantal Baron, tous deux de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, et les mathématiciens Roland Somogyi et Larry Greler, de la firme de bio-informatique canadienne Biosystemix. Les résultats ont été publiés dans la revue Public Library of Science Medicine de janvier dernier. Daniel Baril |
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