Volume 41 - numÉro 20 - 12 FÉVRIER 2007
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«J’étudie sur mon iPod!»André H. Caron lance un projet de baladodiffusion de contenus pédagogiques
Une centaine d’étudiants sur le campus se promènent, depuis le début du trimestre d’hiver, avec des baladeurs numériques prêtés par le Centre de recherche interdisciplinaire sur les technologies émergentes (CITE), associé au Département de communication. Ne les dérangez pas: ils étudient! «Nous avons obtenu la collaboration de cinq professeurs afin de permettre le téléchargement de contenus pédagogiques sous forme d’émissions en baladodiffusion, en complément à leurs cours», mentionne le responsable de cette recherche-évaluation unique en son genre au Canada, André H. Caron. M. Caron est directeur du CITE et titulaire de la Chaire Bell Canada en recherche interdisciplinaire sur les technologies émergentes. Les étudiants peuvent ainsi se consacrer à leurs études où qu’ils se trouvent. Grâce à une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation, le chercheur a pu acquérir des baladeurs de marques iPod (Apple) et Zen Vision:M (Creative) capables d’emmagasiner des centaines d’heures d’enregistrements vidéo et audio. Les étudiants recrutés pour cette recherche doivent tenir un journal de bord et participer à des forums de discussion afin de témoigner de la pertinence de ce nouvel outil. Les professeurs seront aussi interrogés au terme de l’expérience. «Avant de nous lancer dans cette étude, nous avons effectué une recherche documentaire et constaté que la baladodiffusion avait déjà fait son entrée dans des universités comme Berkeley, Duke et Stanford. Mais la littérature scientifique est assez pauvre en matière d’analyse de résultats. Notre recherche permettra de mesurer, justement, à quel point ces appareils peuvent contribuer à l’amélioration de l’enseignement.» Les professeurs Jean-Louis Brazier et Daniel Thirion (pharmacie), Philippe Lemay (design industriel), Sorel Friedman (études anglaises) et Jacqueline Samperi (langue italienne) ont reçu une formation technique visant à les familiariser avec les usages possibles des balados dans un contexte pédagogique. Dans certains cas, tous les étudiants d’un groupe sont munis d’un baladeur et, dans d’autres, seule une partie de la classe y a accès, ce qui va permettre une comparaison. L’équipe scientifique réunie pour ce projet compte Rhoda Weiss-Lambrou et Diane Raymond, respectivement directrice du Centre d’études et de formation en enseignement supérieur et coordonnatrice des activités du Centre, Letizia Caronia, professeure à l’Université de Bologne et chercheuse invitée au CITE et les étudiants Zeineb Gharbi (postdoctorat), Nicolas Bencherki et Denis Aubé (maitrise).
Culture mobile L’Office québécois de la langue française définit la baladodiffusion comme le «mode de diffusion qui permet aux internautes, par l’entremise d’un abonnement […], d’automatiser le téléchargement de contenus radiophoniques, audio ou vidéo, destinés à être transférés sur un baladeur numérique pour une écoute ou un visionnement ultérieurs». Les universités devront-elles encourager l’usage de baladeurs à des fins pédagogiques? Quoi qu’il en soit, il faudra éviter d’investir dans du matériel qui pourrait s’avérer inapproprié, comme on l’a fait dans certains cas en obligeant les étudiants à se munir d’ordinateurs portables devenus rapidement désuets. Actuellement, rappelle M. Caron, plusieurs technologies de communication se disputent le marché de la culture mobile. Avec le téléphone cellulaire, qui permet le transfert de plus en plus d’images et de textes, et le terminal mobile de poche (ou BlackBerry), un agenda électronique de poche qui rend possibles l’envoi de courriels et la communication orale, le baladeur numérique prend une importance croissante. L’usage de cet appareil de plus en plus puissant, qui dispose présentement d’une mémoire allant jusqu’à 80 gigaoctets contre tout juste quelques mégaoctets à sa sortie, pourrait exploser dans les prochaines années. Au cours d’une démonstration dans les locaux du CITE, le journaliste de Forum a pu constater la qualité des images de ces baladeurs dernier cri. «Les vidéos peuvent venir renforcer le contenu des cours, explique André H. Caron. Par exemple, un professeur de cardiologie pourrait y présenter, en appui aux notes écrites, une vidéo illustrant la circulation du sang dans le cœur. Pour les cours de langues, c’est le volet audio qui pourrait être le plus utilisé. Certains professeurs mettront tout leur cours à la disposition des étudiants, d’autres seulement une partie.» Le spécialiste ne s’attend pas à une révolution en matière pédagogique, mais, dans certains secteurs, le gain pourrait être appréciable. «Un peu comme avec l’enseignement à distance. On a cru, au début de la télévision par câble, que cette innovation ferait disparaitre l’enseignement traditionnel. Comme on a pu le voir, ce n’est pas ce qui s’est passé.» Mathieu-Robert Sauvé |
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