Volume 41 - numÉro 21 - 19 FÉVRIER 2007
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Réalité virtuelle en laparoscopieLe Département de chirurgie compte se doter d’un simulateur haptique
Voici des chiffres à faire frémir: pour la seule année 2000, une équipe du Groupe de recherche interdisciplinaire en santé a évalué à 185 000 le nombre d’erreurs médicales survenues au Canada. Il en a résulté un million d’heures d’hospitalisation supplémentaires et les chercheurs estiment que de 9000 à 24 000 décès auraient pu être évités n’eût été ces «évènements indésirables». «Quatre-vingts pour cent de ces fautes surviennent en situation d’apprentissage au cours de laquelle un médecin doit maitriser un nouvel instrument ou un nouveau type d’intervention, affirme Sébastien Delorme, agent de recherche au Conseil national de recherches du Canada (CNRC). La plupart de ces erreurs sont liées à des chirurgies hautement complexes et près de 40 % pourraient être prévenues par un meilleur entrainement.» C’est tout dire de l’importance du contrôle des gestes et de la technologie. Selon les données recueillies par l’agent de recherche, un entrainement sur un appareil de réalité virtuelle d’ablation de la vésicule biliaire permet de gagner 29 % du temps nécessaire à une telle intervention et réduit de cinq fois le risque de blessure chez le patient. Réalité virtuelle haptique Pour permettre aux étudiants et aux médecins de s’exercer à pratiquer des interventions par laparoscopie, il existe des simulateurs qui reconstituent en trois dimensions et de façon très réaliste diverses parties du corps où de telles chirurgies sont possibles. Ces simulateurs peuvent même faire entendre les gémissements plaintifs du patient virtuel si l’opérateur effectue une fausse manœuvre ou manque de délicatesse. «Mais ces appareils ne rendent pas la réalité du contact avec les tissus de l’organisme ni la résistance de ces tissus lorsque nous manipulons les outils chirurgicaux», souligne le Dr Serge Dubé, vice-doyen aux affaires professorales à la Faculté de médecine. Le défi des concepteurs en réalité virtuelle est donc d’ajouter cette dimension aux prochains appareils. C’est ce qu’on appelle la dimension haptique du mouvement. Le néologisme «haptique» désigne l’ensemble des composantes sensorielles – soit kinesthésiques, tactiles et thermiques, qui entrent dans la sensation du toucher. L’un des éléments essentiels est le «retour de force», qui nous permet de déployer la force nécessaire dans l’accomplissement d’un geste, que ce soit pour soulever un verre, tourner un volant d’automobile ou serrer une main. «Le programme haptique sur lequel nous travaillons permettra à l’opérateur de ressentir la résistance d’un tissu lorsque ses instruments entreront en contact avec celui-ci, par exemple avec la paroi intestinale, explique Sébastien Delorme. Le retour de force nécessitera que l’opérateur exerce la bonne pression pour faire adéquatement son intervention. L’image montrera également en temps réel la déformation des tissus au moment d’un contact accidentel ou pendant l’intervention.» Assurer l’acquisition des connaissances Même si les constituants mécaniques d’un tel appareil existent déjà et sont produits ici même, à Montréal, par la firme MPB, qui fabrique les meilleures pièces du genre dans le monde, le logiciel haptique n’en est qu’à sa phase embryonnaire. Serge Dubé espère entrer en possession du produit final en 2010. S’il accorde sa confiance à cette technologie, le vice-doyen jette toutefois un regard critique sur celle-ci. «C’est une véritable révolution dans l’enseignement, mais il ne faut pas que ces appareils ne soient que des gadgets, déclare-t-il. Il faut s’assurer que les connaissances sont transmises et qu’il en reste quelque chose chez les étudiants.» Lui-même n’a pas appris à partir de simulateurs, mais l’évaluation des apprentissages réalisés à l’aide de tels appareils démontre, à son avis, leur utilité et leur pertinence. Daniel Baril |
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