L’Atelier d’opéra et l’Atelier de musique baroque de l’UdeM présentent L’incoronazione di Poppea

L’interprétation de l’opéra de Monteverdi pose de multiples défis

Kyra Folk-Farber incarne Poppée et Josée Bernard est Néron.

Après avoir créé Prochain départ, en septembre dernier, opéra du compositeur doctorant de la Faculté de musique Simon Bertrand, l’Atelier d’opéra de l’UdeM passe à un tout autre registre en présentant, du 1er au 4 mars, en collaboration avec l’Atelier de musique baroque, L’incoronazione di Poppea, de Monteverdi.

 Claudio Monteverdi (1567-1643) est l’un des premiers maitres de l’opéra, genre né au début du 17e siècle, et le premier compositeur d’opéras dont les œuvres sont encore présentées aujourd’hui. Créé en 1643, L’incoronazione di Poppea (Le couronnement de Poppée) est l’un des premiers opéras à traiter d’un sujet historique et non mythologique. L’action se situe à Rome, vers l’an 55 de notre ère. Oubliant son bienaimé, Othon, Poppée devient la maitresse de l’empereur Néron, lui-même marié à l’impératrice Octavie. Néron et Poppée écarteront tous les obstacles qui s’opposent à leur union, lui par amour, elle par ambition peut-être? Poppée épousera Néron et sera couronnée impératrice de Rome.

Brigitte Holleran représentant la Vertu et Sola Nkani la Fortune

Des manuscrits incomplets
Le principal défi auquel est confronté tout directeur musical de Poppea est le manque d’information de la partition.

 De nombreux passages musicaux de l’œuvre n’ont pas été écrits par Monteverdi. On croit que le compositeur vieillissant aurait confié l’écriture de certaines scènes à des assistants. Il se peut également que des passages écrits par d’autres compositeurs aient été ajoutés lors de représentations données après la mort de Monteverdi. Quoi qu’il en soit, la partition originale a été perdue.

«À l’époque de Monteverdi, le livret d’un opéra était considéré comme beaucoup plus important que la musique, explique Alexander Weimann, directeur musical de cette production. Si un opéra était un succès et qu’on voulait le présenter de nouveau, il était commun de recourir à un nouveau compositeur.»

Mark Wells en Sénèque et Josée Bernard en Néron

L’incoronazione di Poppea a donc subi des révisions et adaptations majeures à chaque nouvelle représentation, de sorte que les deux versions de la partition qui nous sont parvenues, toutes deux posthumes, sont très différentes l’une de l’autre. De plus, ces deux manuscrits ne comportent que les parties vocales et la basse continue. Ni l’instrumentation ni les types de voix n’y sont précisés. Chaque directeur musical doit donc définir sa propre instrumentation et remplir les blancs laissés par le ou les compositeurs.

«Ces décisions sont dictées en grande partie par l’ambiance particulière qui se dégage du texte ou des traits de caractère des personnages, souligne Alexander Weimann. Par exemple, lorsqu’un personnage masculin est sur scène ou qu’une ambiance royale, majestueuse est souhaitée, je décide de faire jouer la trompette ou les cornettos. Et, dans un passage où il est question d’amour ou qui met en scène un personnage féminin, ce sera plutôt au tour de la harpe ou des flutes à bec de se faire entendre.»

Marie-Nathalie Lacoursière

Une synergie essentielle
Étant donné l’étroite association entre le texte du librettiste Busenello et la musique de Monteverdi, et l’imposant travail d’instrumentation devant être accompli par le chef, Alexander Weimann et la metteure en scène Marie-Nathalie Lacoursière ont travaillé très étroitement dès le début des répétitions.

«Ma mise en scène est née beaucoup de la musique et vice versa. Souvent, selon ce que je demandais aux chanteurs, Alex changeait son instrumentation», raconte Marie-Nathalie Lacoursière.

À Alexander Weimann et Marie-Nathalie Lacoursière s’est jointe la réputée soprano Suzie LeBlanc, qui a supervisé les chanteurs en ce qui concerne le style baroque. Tous trois possèdent une solide expérience de la musique baroque.

Car on n’aborde pas un opéra de Monteverdi comme on aborde un opéra de Mozart. La metteure en scène a fait faire un long travail de préparation aux étudiants avant même de leur faire chanter une seule note.

Alexander Weimann

 «Les airs des opéras de Mozart sont si connus que, lorsqu’on monte un de ses opéras, les étudiants connaissent une bonne partie de l’œuvre quand ils se présentent aux répétitions. Ce n’est pas le cas avec les opéras de Monteverdi. J’ai d’abord fait dire le texte plusieurs fois aux étudiants, puis on y a ajouté les émotions, toujours sans chanter. Car c’est une œuvre qui nécessite beaucoup d’efforts sur le plan de l’expressivité. On ne peut pas s’en tirer en faisant simplement preuve de virtuosité vocale.»

 La scénographie de L’incoronazione di Poppea est signée Caroline Guilbault, qui a peint près de 40 tableaux qui seront projetés sur un écran. À la conception des éclairages, on trouve Nicolas Ricard, qui avait conçu, à l’UdeM, ceux de Hänsel und Gretel, en 2006, et des Nozze di Figaro, en 2005. La conception des costumes a été confiée à Marc Sénécal, un habitué des productions de théâtre et d’opéra.

 Julie Fortier

Collaboration spéciale

L’incoronazione di Poppea sera présenté à la salle Claude-Champagne (220, avenue Vincent-d’Indy, station de métro Édouard-Montpetit) du 1er au 4 mars, à 20 h; le prix d’entrée est de 22 $ pour le grand public, 20 $ pour les ainés et 10 $ pour les étudiants. Les billets sont en vente au réseau Admission: 514 790-1245, ou à la Faculté de musique (200, avenue Vincent-d’Indy). Direction de l’Atelier d’opéra: Robin Wheeler; direction de l’Atelier de musique baroque: Margaret Little.