Volume 41 - numÉro 22 - 26 FÉVRIER 2007
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Le cerveau mystiqueIsabelle Raynauld produit un documentaire sur les travaux de Mario Beauregard avec l’ONF
Les travaux de Mario Beauregard sur l’observation par imagerie cérébrale de l’«état mystique» chez des carmélites continuent de beaucoup susciter la curiosité. Dès qu’elle a entendu parler de ce projet de recherche, Isabelle Raynauld, réalisatrice à l’Office national du film et professeure au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, a flairé la bonne affaire. «Je me suis toujours posé des questions sur le fonctionnement du cerveau et je voulais tourner un film sur ce sujet. Quand j’ai su qu’une équipe de l’Université de Montréal travaillait sur le cerveau et l’expérience mystique – deux éléments qui ne vont pas nécessairement ensemble au premier abord –, j’ai pensé que ce serait un excellent thème pour illustrer les recherches sur le cerveau», explique la professeure. Le résultat est un documentaire de 52 minutes, Le cerveau mystique, qui nous permet de suivre Mario Beauregard, professeur au Département de psychologie, du début jusqu’à la fin de son projet de recherche. La période s’étend sur deux ans, soit de l’automne 2003 à la présentation des résultats en novembre 2005 à la conférence du centre de recherche Metanexus; ce centre relève de la Fondation Templeton, qui a pour objectif de concilier la science et la religion. Pari risqué On peut d’ailleurs voir Vincent Paquette, doctorant et assistant du professeur Beauregard, complètement exaspéré par les refus ou les hésitations des religieuses de participer à cette expérience qu’elles jugeaient plutôt bizarre. «J’aurais éprouvé moins de plaisir à faire ce film si les aboutissements avaient été connus, affirme Isabelle Raynauld. Malgré la possibilité que rien de spécial ne soit observé pendant l’état mystique des religieuses, je voulais présenter sous l’angle documentaire la démarche d’une équipe de chercheurs et inscrire cette démarche dans l’histoire. Des moines bouddhistes qui se livrent au tomodensitomètre, ce n’est pas banal.» En effet, le film présente, parallèlement aux travaux de M. Beauregard, d’autres recherches du même type effectuées avec des moines qui méditent. Nous assistons également à une discussion entre le dalaï-lama et des scientifiques à la conférence «Mind and Life» à Washington en décembre 2005.
Vision controversée Le professeur soutient que ses travaux ont montré que la conscience est plus qu’une activité électrique, mais rien ne vient appuyer cette affirmation dans le film. Une question qui reste donc sujet à polémique et que le documentaire ne tranche pas. La réalisatrice a d’ailleurs inséré des documents d’archives dans lesquels on peut voir et entendre Hans Selye dire de ses propres travaux qu’ils soulèvent plus de questions qu’ils donnent de réponses. La première du film aura lieu le 1er mars à la Maison Théâtre, rue Ontario, à Montréal. À l’invitation du Centre de recherche en éthique de l’UdeM, Daniel Dennett y présentera une conférence sur le thème de la religion comme phénomène naturel. Dans un tout autre domaine, Isabelle Raynauld vient de terminer un nouveau documentaire, Histoires de zizis, où des hommes témoignent du rapport qu’ils entretiennent avec leur membre viril. La cinéaste a par ailleurs remporté le Jutras 2002 du meilleur documentaire pour son film sur la déficience intellectuelle Le minot d’or. Daniel Baril |
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