Volume 41 - numÉro 23 - 12 MARS 2007
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Quand les femmes afghanes font l’actualitéJournalistes, cinéastes, photographes, les femmes afghanes sont très actives dans les médias
En 2004, des femmes afghanes ont voté pour la première fois de leur vie. Un cliché captant ce moment historique, à la fois si politique et si privé, fait partie de l’exposition Des voix qui portent: l’actualité par les femmes afghanes, présentée au hall d’honneur du pavillon Roger-Gaudry jusqu’au 20 mars. «L’action internationale nous nourrit», résume Andrée Labrie, au nom du Comité permanent sur le statut de la femme à l’Université. Ce comité et le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes ont décidé de souligner la Journée internationale de la femme avec, entre autres, cette exposition inaugurée le 7 mars. Les 40 photos de l’exposition présentent des femmes afghanes travaillant dans les médias. Car, si plusieurs volets de la vie des femmes en Afghanistan restent semés d’embuches – les violations des droits de la personne sont courantes et la violence conjugale très répandue –, les Afghanes ont réussi à se tailler une place dans la vie politique (27 % des membres du Parlement sont des femmes) mais aussi dans les médias. Les femmes journalistes, cinéastes, productrices, photographes sont donc les vedettes de cette exposition, qui veut apporter une note constructive aux propos occidentaux.
Les photos que les organisatrices Khorshied Samad et Jane McElhone ont réunies sont toutes plus émouvantes les unes que les autres et elles ont touché les visiteurs qui se sont rendus à l’Université Carleton et à l’Université d’Ottawa cet automne pour les voir. «Les clichés suscitent beaucoup d’émotion, déclare Khorshied Samad. Des militaires canadiens de retour d’Afghanistan qui avaient fait le détour pour voir l’exposition ne sont pas restés indifférents à la vue des photos: «C’est pour appuyer ce travail que nous sommes allés dans ce pays», lui ont-ils dit. Khorshied Samad est afghano-américaine. Six mois après le départ des talibans, en 2002, elle s’est installée à Kaboul et est devenue correspondante pour les chaines ABC puis Fox News Channel. Depuis deux ans et demi, elle habite Ottawa. Son mari, Omar Samad, est ambassadeur de l’Afghanistan au Canada. Pendant qu’elle menait ses travaux de maitrise à l’Université d’Ottawa sur les femmes afghanes, les médias et la démocratie, Mme Samad a eu l’idée d’organiser une exposition de photos. Elle a communiqué depuis Londres avec une collègue de Kaboul, Jane McElhone, et les deux se sont lancées dans le projet.
Si Mme McElhone a pris elle-même certaines photos, une brochette de photographes ont participé au projet. «Il y a un tel appétit de savoir», indique-t-elle, étonnée et réjouie d’être autant sollicitée. Ainsi, Mme Samad estime que la présence des femmes dans les médias fait avancer la situation des droits de la personne: «Les cas de violence conjugale trouvent leur chemin dans les médias parce que les femmes tiennent le micro. On dit qu’il y a eu une hausse de ces cas de violence, mais c’est peut-être bien parce que ces histoires sont rapportées», commente Khorshied Samad.
Il est une chose cependant qui préoccupe beaucoup la journaliste: les jeunes femmes ou jeunes filles qui s’immolent par le feu. Le phénomène est relativement récent et observé dans une seule région, près de la frontière avec l’Iran. «Ces femmes sont désespérées et n’entrevoient aucun avenir.» Lucide, la journaliste sait qu’il faudra encore beaucoup de temps pour que les femmes afghanes jouissent pleinement de leurs droits. Mais elle met en garde ceux qui seraient tentés de démissionner: 30 ans de chaos ne peuvent s’effacer d’un coup de craie, prévient-elle. Paule des Rivières |
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