Volume 41 - numÉro 23 - 12 MARS 2007
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capsule scienceLes automobilistes du Québec en ont-ils pour leur argent?Lourdement taxés, les automobilistes du Québec en ont-ils pour leur argent? Non, répond Robert Gagné, professeur à HEC Montréal depuis 17 ans et directeur de l’Institut d’économie appliquée. «Le gouvernement fait de l’argent avec les automobilistes, affirme-t-il. Leurs contributions, incluant permis, immatriculation et taxes sur l’essence, ne sont pas réinvesties en totalité dans l’entretien et la réfection des routes.» Le gouvernement n’a aucune obligation à cet égard, précise le professeur. «Lorsque vous achetez une télévision, rien ne dit que les taxes doivent revenir à la production d’émissions de télé. Pour les routes, c’est la même chose.» Il y a quelques années, ce spécialiste de l’économétrie appliquée a effectué une étude à partir des comptes publics du ministère des Transports qui démontrait qu’en 1996-1997 moins de 50 % des contributions des automobilistes étaient redistribuées dans le réseau routier. La nouvelle avait défrayé la chronique: entrevues à la télévision, tribunes téléphoniques… Dix ans plus tard, la situation n’a guère changé. L’État surtaxe toujours les usagers de la route, selon le chercheur. Et les routes du Québec demeurent dans un aussi piètre état. Au moins six viaducs risquent de s’écrouler, sans compter le nombre impressionnant de nids-de-poule et les longs tronçons d’autoroutes qui ont dû être reconstruits intégralement faute d’entretien. Mais M. Gagné souligne que la province n’a pas le monopole des problèmes d’infrastructure. La situation est tout aussi mauvaise à Ottawa et à Toronto. «Depuis une trentaine d’années, le gouvernement semble considérer que l’entretien des routes n’est pas une priorité», commente Robert Gagné. Pour lui, négliger d’entretenir une route revient au même «Si vous ne maintenez pas votre toiture en bon état, vous risquez de devoir entreprendre des travaux de rénovation majeurs qu’un entretien continu vous aurait évités», lance-t-il. D’après les spécialistes, l’entretien d’une route âgée de huit ans coute environ 1000 $ le kilomètre. Le prix grimpe à 80 000 $ le kilomètre si le tronçon a de 8 à 15 ans et à plus de 250 000 $ pour les sections encore plus vieilles. Pour 2006-2007, le ministère dispose d’un budget de 1,9 G$, dont plus de 1,2 pour les routes. Un ajout de 300 M$ annoncé récemment par le gouvernement Charest permettra d’accroitre la part consacrée à l’entretien des infrastructures. «C’est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas assez, au dire du professeur Gagné. Il faudrait le double.» Trop longtemps, déplore-t-il, l’argent a été investi dans la construction de nouvelles routes sans qu’on se préoccupe de la facture imposante qu’entrainerait un laxisme sur le plan de l’entretien. Il a fallu l’effondrement du viaduc de la Concorde, qui a fait cinq morts à Laval en 2006, pour faire prendre conscience de l’étendue des dégâts et de l’ampleur des travaux à réaliser. «Le problème est maintenant plus vaste que des nids-de-poule à remplir», conclut le chercheur. Dominique Nancy |
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