Volume 41 - numÉro 25 - 26 MARS 2007
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La maladie de Lyme est à nos portesLe réchauffement climatique pourrait porter la limite nord de la maladie à la hauteur de Québec dès 2020
Jusqu’à maintenant, le climat froid du Québec nous avait mis à l’abri de certaines maladies sévissant dans les régions plus chaudes. Avec le réchauffement climatique, cette protection risque de disparaitre. C’est le scénario obtenu par une équipe de chercheurs canadiens à partir des données de deux modèles du réchauffement climatique croisées avec les conditions écologiques favorisant l’expansion de la maladie. Deux chercheurs de l’UdeM sont du nombre, soit le professeur Michel Bigras-Poulin, de la Faculté de médecine vétérinaire, et Nicholas Ogden, chercheur à l’Agence de santé publique du Canada. Tous deux sont aussi membres du Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique de la même faculté. Conditions favorables Les symptômes peuvent ressembler à ceux de la grippe – maux de tête, douleurs musculaires, fatigue – mais en plus grave. Dans 25 % des cas, la maladie est accompagnée d’une dermatite. L’infection n’est pas contagieuse et peut être facilement soignée à l’aide d’un antibiotique. Toutefois, si elle n’est pas traitée rapidement, elle risque d’engendrer des troubles de la vision et du rythme cardiaque. La maladie peut aussi affecter les animaux, mais les symptômes seront moins aigus. Actuellement, la température moyenne annuelle au Québec est trop froide pour que la larve de la tique ait le temps de parvenir à maturité. «Plus le temps est froid, plus la période entre les stades de développement de la tique est longue, explique Michel Bigras-Poulin. Sous nos latitudes, les larves n’ont pas le temps de devenir des nymphes puis des tiques adultes. Si elles y parviennent, le taux de mortalité est plus haut que le taux de fécondité, ce qui fait que les populations d’Ixodes scapularis ne s’établissent pas ici.» Le réchauffement climatique viendra modifier ces règles. Selon les deux modèles utilisés, la température sous nos latitudes sera bénéfique à la tique: le taux de survie des œufs sera plus élevé, les larves deviendront actives plus tôt en été et la phase entre l’état larvaire et celui de nymphe sera raccourcie.
Le résultat est que le nombre de ces tiques retrouvées dans le sud du Québec – transportées par les oiseaux ou les mammifères – pourrait doubler en 2020 et être de trois à quatre fois plus grand en 2080, alors que leur habitat aura dépassé le 50e parallèle nord. Comme le climat leur sera favorable, ces populations dépendront moins de l’immigration pour être viables et pourront donc s’établir sur place. Le cycle de vie de la tique est hautement dépendant de la présence de mammifères, qui lui servent de garde-manger. «Cette tique vit normalement sur les herbes et non sur les animaux, précise le vétérinaire. Pour changer d’état, la larve doit prendre un repas de sang, ce qu’elle fait sur un petit animal comme la souris, puis elle retourne dans les herbes. Elle doit refaire la même chose pour passer de l’état de nymphe à celui d’adulte et prend alors son repas sur un plus gros animal tel un cerf. Pour se reproduire, elle doit prendre un troisième repas.» Il semble que ce soit habituellement la tique adulte qui infecte les humains; ceux-ci peuvent l’attraper au cours de randonnées en forêt ou au contact de leur animal de compagnie qui a rapporté ces hôtes indésirables. Toutes les tiques ne sont cependant pas infectées et toutes les tiques infectées ne transmettent pas la bactérie. Par contre, plus longtemps la tique est présente sur le corps, plus grand est le risque d’infection. La meilleure protection consiste à porter des vêtements longs lors de randonnées dans les zones à risque. Pas d’alerte Au dire du professeur Bigras-Poulin, il n’y a pas lieu pour l’instant de s’alarmer, mais les chercheurs restent tout de même vigilants. Daniel Baril |
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