Volume 41 - numÉro 25 - 26 MARS 2007
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Chassés-croisés disciplinairesLe 1er Colloque interdisciplinaire de jeunes chercheurs en études sur les 17e et 18e siècles est un succès
Une vingtaine de jeunes chercheurs ayant pour champ d’intérêt les 17e et 18e siècles se sont réunis à la Faculté de l’aménagement au début du mois de mars afin de mettre en parallèle les connaissances de leurs disciplines respectives, comme le faisaient Diderot, D’Alembert, Rousseau et compagnie. Historiens de l’art, du théâtre ou des sciences, littéraires, musicologues, philosophes et autres spécialistes de cette période ont confronté pendant trois jours leurs théories aux savoirs de leurs collègues. Ce rendez-vous a marqué d’une pierre blanche le 35e anniversaire de la Faculté des arts et des sciences, dont la mission s’est toujours incarnée dans la rencontre des disciplines. L’initiative de ce premier colloque interdisciplinaire revient à un groupe d’étudiants du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques. «L’interdisciplinarité est le propre de la pensée des 17e et 18e siècles», explique l’organisatrice scientifique de l’activité, Érika Wicky. Les arts, les sciences et la philosophie se chevauchaient alors pour former une connaissance universelle à laquelle prétendaient les penseurs. Au 19e siècle, les disciplines se sont séparées, cultivant ainsi leurs propres outils de compréhension. Depuis, le modèle est resté le même… jusqu’au retour de l’interdisciplinarité. «On revient aux sources, mais différemment puisqu’on est nourris de cette vision de la séparation des disciplines», ajoute celle qui est aussi doctorante en histoire de l’art. De plus en plus privilégiée par les universitaires, l’interdisciplinarité s’est imposée naturellement au président du comité organisateur, Mickaël Bouffard, d’autant plus qu’elle imprègne l’époque étudiée. «L’idée est née en mars 2006, relate-t-il. Nous voulions d’abord que chacun expose sa problématique. Par la suite, nous devions enrichir nos points de vue de manière réciproque. Plusieurs ont découvert ainsi de nouvelles pistes de réflexion. Moi le premier.» L’interdisciplinarité, cependant, n’est l’apanage d’aucune branche du savoir. «Nous nous sommes aperçus qu’il existe diverses façons de concevoir cette approche, remarque Érika Wicky. Il nous fallait donc observer ses modalités de fonctionnement, c’est-à-dire trouver comment elle s’articule dans les travaux de recherche aujourd’hui.» Si le colloque a permis de balayer certains préjugés et de confirmer ou d’infirmer des hypothèses, il a aussi éclairé les jeunes chercheurs sur leurs propres complexes. «Devant l’interdisciplinarité, nous avons parfois le sentiment d’être des amateurs, constate Mickaël Bouffard. À quel point sommes-nous assez compétents, en tant qu’historien de l’art ou que musicologue, pour pouvoir jouer dans les platebandes de la littérature, de l’histoire politique, de l’histoire des sciences? Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait être capable de s’appuyer sur ceux qui avaient déjà écrit sur le sujet. Nous avons aussi compris que l’interdisciplinarité n’implique pas une connaissance approfondie de tous les domaines.» De toute manière, peu de chercheurs peuvent désormais aspirer à l’omniscience de Pascal. «Avec la croissance exponentielle des connaissances au cours des 19e et 20e siècles, je pense qu’il n’y a plus personne qui pourrait tout mélanger dans un même sac, lance Érika Wicky en rigolant. Vous ne pouvez plus être fort en tout!»
Exposition de livres anciens Réalisée avec le soutien de Geneviève Bazin, fondatrice et chef du Service des livres rares et des collections spéciales, l’exposition met en vitrine une quarantaine d’ouvrages, publiés entre 1600 et 1799, caractérisés par l’interdisciplinarité. On peut entre autres y voir l’Ordonnance des cinq espèces de colonnes selon la méthode des Anciens, écrit par Claude Perrault, architecte de la colonnade du Louvre… et médecin! Des volumes de l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, de Diderot et D’Alembert, sont aussi exposés. «On y trouve à la fois le mélange des disciplines au sein d’un même ouvrage et leur séparation, car on commence à en faire le classement», souligne Mickaël Bouffard. Fier des retombées du colloque, il n’envisage toutefois pas de le remettre à l’affiche l’an prochain. «On songe plutôt à une activité bisannuelle», déclare-t-il. Pour le moment, il souhaite se consacrer à sa maitrise en histoire de l’art et à la publication des actes du colloque, qui sera sans doute confirmée sous peu. Marie Lambert-Chan L’exposition a lieu au quatrième étage de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines. |
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