Volume 41 - numÉro 28 - 23 avril 2007
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Faut-il craindre la mort subite lorsqu’on fait du sport?«Les risques augmentent avec l'âge, mais cela demeure un phénomène rare» indique le cardiologue David Houpe
Le 16 avril, l’ancien joueur de hockey Gaétan Duchesne, 44 ans, s’effondre dans le centre de conditionnement physique Entrain, de Québec. «Il était dans une forme physique exemplaire. Que la machine lâche comme ça, c’est épouvantable», a confié au Soleil Jean-Louis Duchesne, l’un de ses frères. La mort subite de cet athlète qui a disputé 1028 parties dans la Ligue nationale de hockey avant de prendre sa retraite en 1995 rappelle l’arrêt cardiaque du joueur des Red Wings de Detroit, Jiri Fischer, âgé de 25 ans, en plein match le 21 novembre 2005. Ce dernier n’a pas succombé à son malaise, mais il a donné la frousse à des dizaines de milliers de spectateurs. Faut-il craindre l’arrêt cardiaque lorsqu’on fait du sport? «Les risques augmentent avec l’âge, mais cela demeure un phénomène rare», indique le cardiologue français David Houpe, qui a effectué récemment une revue des connaissances sur le sujet dans le cadre de sa surspécialisation (fellowship) à la Faculté de médecine. Il explique que la mort subite du sportif, définie comme l’arrêt cardiocirculatoire durant l’effort ou dans les 30 minutes suivantes, est un phénomène bien documenté. Selon une étude américaine récente menée auprès d’une grande population de sportifs (soit des gens qui s’entrainent au moins 10 heures par semaine), l’incidence de la mort subite est de 1 cas pour 200 000 chez les moins de 35 ans. Mais cette proportion quintuple chez les plus de 40 ans: 1 pour 40 000. Ce qui explique cette différence est la nature même du malaise. «Chez les moins de 35 ans, c’est généralement une anomalie congénitale qui est à l’origine de l’arrêt cardiaque; chez les athlètes plus âgés, ce sont les habitudes de vie : cholestérol, tabac, alcool..., sans compter les cas de dopage.»
Spécialiste international de l’entrainement et professeur au Département de kinésiologie, Luc Léger confirme que le risque augmente significativement avec l’âge. «Un homme de plus de 40 ans qui veut entamer un programme d’entrainement devrait obligatoirement passer un test de capacité cardiorespiratoire sur tapis roulant. S’il a des facteurs de risque associés aux maladies du cœur, son programme d’entrainement devra en tenir compte.» Le Dr Michel Doucet, cardiologue à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, rappelle que 25 % des premières attaques cardiaques sont fatales. C’est pourquoi les jeunes victimes succombent souvent à la crise. Mais les bienfaits de l’exercice surpassent largement les risques. «Je recommande à mes patients de faire de l’exercice, bien entendu, mais selon leurs capacités. Une personne de 45 ans désireuse de se mettre au jogging ne doit pas courir le marathon la première année.» Luc Léger, lui, résume le principe encore plus simplement : «Bouger comporte des risques. Ne pas bouger en comporte encore plus.» Sur le site belge <www.dopage.be>, on apprend que l’activité physique «permet une meilleure vascularisation du muscle cardiaque. Elle améliore ses propriétés contractiles. Elle diminue aussi le pouls au repos et normalise la pression sanguine. Seulement, il arrive que cette relation bénéfique s’inverse au-delà d’un certain niveau de sollicitations. Des études récentes en Italie et aux États-Unis ont révélé que le sport intense multipliait par 2,5 le risque de subir une défaillance cardiaque soudaine à l’effort.» Le problème, c’est que la médecine moderne est actuellement incapable de prévenir la mort subite du sportif. «Les tests dont nous disposons ne permettent pas de connaitre les signes avant-coureurs d’un tel accident», dit le chercheur Houpe. Dans le cas des malformations congénitales, un électrocardiogramme et une échographie cardiaque révèleront une hypertrophie du cœur. Mais cette caractéristique peut être trompeuse puisque les muscles cardiaques sont plus gros chez les sportifs que chez les sédentaires. Les médecins se heurtent souvent à un autre facteur plutôt délicat: le dopage. Comment savoir si les John McCall, rugbyman irlandais (19 ans), Fabrice Salanson, coureur cycliste français (23 ans), Marc-Vivien Foé, footballeur camerounais (28 ans), Denis Zanette, cycliste italien (32 ans), et Johan Sermon, cycliste belge (21 ans), étaient parfaitement «propres» lorsqu’ils ont succombé à leur arrêt cardiaque? «L’entrevue est souvent improductive, mais le clinicien doit aborder la question avec son patient», fait remarquer le Dr Houpe. Cinq indices peuvent mettre la puce à l’oreille du médecin: le patient souffre-t-il ou a-t-il souffert d’hypertension artérielle, de cardiomyopathies ou de troubles du rythme cardiaque? A-t-il fait une thromboembolie, un infarctus? Ces symptômes peuvent avoir été causés par une substance dopante. Mathieu-Robert Sauvé |
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