Volume 41 - numÉro 28 - 23 avril 2007
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L’incapacité de production musicale est aussi en cause dans l’amusieDes enfants non diagnostiqués amusiques s’avèrent incapables de reproduire des chansonnettes
Personne, croit-on, ne peut rester insensible au charme des sonates de Chopin ou au rythme enlevant des opéras de Mozart. Personne, sauf les amusiques. Les amusiques souffrent de cet étrange déficit de perception, appelé «amusie», qui les rend incapables d’apprécier la musique et de la reproduire, alors que toutes leurs fonctions auditives et langagières sont intactes. «Pour eux, la musique, c’est comme du chinois ou des sons sans aucun sens, parfois désagréables ou même agressants», affirme Marie-Andrée Lebrun, étudiante au doctorat au Département de psychologie. Selon les rares données sur le sujet, ce trouble affecterait autour de quatre pour cent de la population. Mais, selon l’étudiante, ce taux serait probablement sous-estimé parce qu’il y a peu de dépistage effectué. Dans un groupe de 57 enfants âgés de sept et huit ans, elle en a dépisté quatre, sans compter cinq «piètres chanteurs», qui présentent des symptômes d’amusie. Une corrélation élevée Le même exercice a été refait avec deux autres chansonnettes que les enfants entendaient pour la première fois. Trois juges ont par la suite estimé la rythmicité et la justesse des notes de ces huit productions. Dans un deuxième temps, les enfants ont été évalués à l’aide des outils habituels de détection de l’amusie et portant sur la mélodie, le rythme et la mémoire. Marie-Andrée Lebrun a par la suite comparé l’évaluation par les juges de la production musicale avec les résultats des tests sur l’amusie. «La corrélation entre les deux mesures a été 0,70», déclare-t-elle, tout en mentionnant qu’elle s’attendait à cette corrélation élevée. Amusie de production Par ailleurs, cinq enfants n’ayant pas été diagnostiqués amusiques par les tests se sont avérés d’aussi mauvais chanteurs que les amusiques, étant tout aussi incapables de reproduire les comptines. «Ainsi il n’y a pas que la perception musicale qui est en cause dans l’amusie; il y a aussi la production», en conclut la chercheuse. À son avis, cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes sont convaincues de reproduire très justement une chanson jusqu’à ce qu’elles réalisent la médiocrité de leur performance lorsqu’elles s’écoutent sur enregistrement. Dans leur cas, ce serait le processus de production musicale qui serait touché puisqu’elles se rendent compte, à l’écoute, des fausses notes. «Ce sont des amusiques de production», indique Marie-Andrée Lebrun. Elle estime par conséquent que des mesures de production musicale devraient être ajoutées aux tests de dépistage de l’amusie. La chercheuse poursuit ses travaux avec le même groupe d’enfants afin de déterminer si l’amusie peut être diminuée par un programme d’entrainement musical adapté à leur difficulté particulière. Ce projet lui a valu une bourse d’études du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Daniel Baril |
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