Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 31 - 4 Juin 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

349 docteurs font la fête

La fierté se lisait sur les visages des étudiants qui ont reçu leur diplôme à la Collation solennelle des grades

Ebtissam Mohamed Abdel Khalek Mostapha, finissante du Département de linguistique et traduction, était parmi les 169 diplômés présents à la Collation solennelle des grades, le 25 mai. Cette année, l’Université de Montréal a décerné des diplômes de troisième cycle à 145 hommes et 137 femmes. L’École polytechnique compte 54 nouveaux docteurs (46 hommes et 8 femmes) et HEC Montréal 13 (6 hommes et 7 femmes).

«Stressée? Pas comme quand on prépare notre soutenance. Aujourd’hui, c’est la fête», a répondu Isabelle Ganache lorsque Forum s’est informé de son état d’esprit peu avant la Collation solennelle des grades, le 25 mai dernier. Rencontrée sous la grande tour, elle était souriante et détendue, comme Philippe Coulombe, diplômé de troisième cycle en biologie moléculaire, venu «souligner une étape importante» en compagnie de membres de sa famille et de son amie de cœur. Après sept ans de travail, il fallait bien marquer le coup, a lancé le batteur du groupe rock (n=1), qui est déjà en route pour un postdoctorat à Marseille.

Près de la moitié des 349 nouveaux titulaires d’un doctorat étaient présents à la cérémonie de remise des diplômes, dans l’amphithéâtre Ernest-Cormier du pavillon Roger-Gaudry. Sorte de couronnement des études universitaires, la Collation solennelle des grades est réservée depuis 1969 aux diplômés du troisième cycle tandis que des cérémonies semblables, de moindre envergure, se déroulent dans les facultés pour les diplômes de baccalauréat et de maitrise.

Dans son discours, le recteur, Luc Vinet, a fait référence à la tragédie survenue sur le campus de Virginia Tech il y a quelques semaines et a mentionné que les étudiants d’ici avaient eu bien de la chance d’avoir évolué dans un climat de paix. Il a rappelé que l’Université de Montréal a formé plus de 250 000 étudiants depuis ses débuts, il y a 128 ans, et que ceux-ci représentent «une formidable force de changement pour notre société».

Les origines de la collation des grades remontent au 11e siècle de notre ère. Elle a conservé des rituels colorés. Vêtus d’une toge, d’une épitoge et d’une toque bleu et or, couleurs de l’UdeM, les diplômés viennent recevoir leur parchemin des mains du recteur et du chancelier. On profite de l’occasion pour décerner des honneurs individuels, comme la promotion au rang d’émérite à certains professeurs retraités, les prix d’excellence et les doctorats honoris causa.

Le comédien Albert Millaire, qui a prononcé un discours au nom des trois diplômés d’honneur présents (le président et directeur général du New York Philharmonic, Zarin Mehta, et le biologiste Daniel Pauly), a d’ailleurs reçu une ovation après avoir déclamé la célèbre «tirade du nez» tirée de la pièce Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand. Fait cocasse, M. Millaire n’a passé que trois heures dans sa vie sur les bancs d’une université. C’était pour la reprise d’un examen de rhétorique.

Des études utiles
Pour Christian Messier, la Collation solennelle des grades était incontournable cette année. Après un baccalauréat et deux maitrises, l’obtention d’un doctorat constitue la réalisation d’un vieux rêve. «Mon émotion? La fierté, le sentiment d’accomplissement et la conviction que je peux apporter quelque chose d’utile à la société», a-il dit.

Nouvelle docteure en psychologie, Fabienne Lagueux avait aussi la tête à la fête. Mais elle n’a pas caché que le chemin jusque-là a été semé d’embuches. Elle n’avait qu’un commentaire à adresser aux étudiants qui pensent abandonner: «Ne pas lâcher! Plusieurs fois, j’ai eu envie de tout laisser tomber. C’est ma volonté d’améliorer les pratiques dans mon domaine qui m’a permis de tenir.» L’étudiante s’est intéressée à l’évaluation des traitements de groupe auprès des adolescents agresseurs.

S’il fut un temps où l’on déplorait que les universités forment des chômeurs instruits, la formation universitaire assure de plus en plus aujourd’hui des emplois de qualité dans l’économie du savoir. Au terme de quatre années d’études en sciences biomédicales et en bioéthique (elle a mené des travaux sur les motivations des chercheurs en génétique), Isabelle Ganache aura à peine eu le temps d’accrocher son diplôme au mur qu’elle trouvait du travail dans sa discipline. Consultante au bureau du Commissaire à la santé et au bien-être, elle y fait l’évaluation éthique des programmes ministériels. «Un poste que je n’aurais certainement pas obtenu sans mon doctorat », a-t-elle déclaré.

Mathieu-Robert Sauvé

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