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De gauche à droite, Robert Panet-Raymond, président du Centre autonome de gestion du CEPSUM, Jacques Dussault, nouvel entraîneur de l’équipe de football des Carabins, et le recteur Robert Lacroix |
D’ici un an, l’Université de Montréal aura son équipe de football pour se mesurer aux meilleurs footballeurs universitaires du Québec et Jacques Dussault en sera l’entraîneur. L’équipe, qui portera le nom des Carabins, se jette dans une mêlée qui compte quatre formations, dont trois issues d’universités anglophones (McGill, Concordia et Bishop). Le Rouge et Or de l’Université Laval, qui a ravi un titre national en 1999, est la seule autre équipe francophone, ce qui fait dire à plusieurs qu’une rivalité légendaire entre Québec et Montréal pourrait renaître.
Cette nouvelle, véritable bombe dans le monde du sport québécois, a alimenté bien des conversations depuis la conférence de presse qui s’est déroulée le 30 octobre dernier. La nomination de M. Dussault, qui jouit d’une excellente réputation dans le milieu du football, a pris tout le monde par surprise. «Il y a longtemps que je n’ai pas été aussi emballé, a dit le nouvel entraîneur. L’Université de Montréal m’offre la possibilité de bâtir l’équipe dont je rêve depuis des années.»
Tout de suite après l’annonce officielle, M. Dussault a entrepris une tournée des cégeps du Québec pour recruter les meilleurs éléments. «J’aurai des arguments pour les convaincre», a- t-il ajouté. Les 40 joueurs, dont 24 partants, auront la chance d’étudier dans «la plus importante université du Québec».
«Avec un entraîneur de sa qualité, nous nous attendons à ce que les meilleurs espoirs du collégial remplissent dès cet hiver des demandes d’admission pour l’Université de Montréal», a signalé Paul Krivicky, directeur du CEPSUM. Lui-même ancien joueur universitaire, Jacques Dussault s’amène à la barre des Carabins avec 25 années d’expérience comme entraîneur aux échelons professionnel, universitaire et amateur. Jusqu’à son engagement, il était analyste sportif au Réseau des sports.
Les études sans compromis
Le recrutement des joueurs ne se fera pas au détriment de la qualité de la formation universitaire, a précisé M. Krivicky, pour qui l’accent doit d’abord être mis sur l’excellence des candidats. «M. Dussault partage notre philosophie. Pour lui, le développement de l’individu est important, et il ne fera pas de compromis sur le plan des études. D’ailleurs, le quart de nos athlètes d’excellence conservent des moyennes de 80 % tout en poursuivant leur entraînement et en participant à des compétitions. Presque tous ont obtenu leur diplôme lorsqu’ils quittent l’Université.»
Pour le recteur Robert Lacroix, une équipe de football sera un atout de plus pour le rayonnement de l’Université de Montréal et contribuera à renforcer le sentiment d’appartenance. «Le sport d’excellence est un de ces éléments qui apportent à un établissement une qualité de vie et un environnement qui marquent le séjour de chacun», a-t-il dit durant la conférence de presse.
M. Lacroix a rendu hommage aux gens qui ont soutenu le projet, notamment le président sortant du Centre autonome de gestion du CEPSUM, Jacques Boucher. Il a salué son remplaçant, lui-même ancien joueur de football dans une équipe d’élite de l’Université de Montréal, Robert Panet-Raymond.
«C’est une grosse année, a déclaré à Forum Paul Krivicky. Si l’on compte les sommes engagées dans la rénovation des équipements et la remise à neuf du terrain de football, c’est plus de trois millions que nous avons dépensés dans le centre sportif. Et la création d’une équipe de football représente un investissement de 300 000 $ par année sans compter la mise de fonds initiale de 100 000 $. Notre budget consacré au sport d’excellence doublera d’un coup.»
Nouveau souffle dans le sport d’excellence
Cette annonce réjouit d’autant plus les amateurs de sport d’élite universitaire que la création d’une équipe de football à l’Université de Montréal paraissait hautement improbable il y a quelques mois. Or, plusieurs personnes tiennent à souligner le travail du doyen de la Faculté de théologie, Jean-Marc Charron, qui a été le premier à y croire et à organiser, dès 1999, des rencontres dans ce but.
«Il avait la foi», a résumé Manon Simard, coordonnatrice du sport d’excellence. Il fallait en effet avoir la foi du charbonnier pour supputer les chances de succès d’une équipe de football alors que le terrain était en ruine et que le budget du sport d’excellence diminuait d’année en année. Par un de ces miracles administratifs, le Secrétariat aux loisirs et aux sports du gouvernement du Québec a débloqué une somme de 1,6 M$ pour rénover le terrain (l’Université de Montréal a complété le paiement de la facture de 1,9 M$). Le vent a aussitôt tourné. L’annonce de la création de deux équipes de soccer, qui font bonne figure dans la ligue dès leur première année, et l’engagement d’un nouveau directeur au CEPSUM ont permis d’envisager la chose avec un nouvel optimisme.
Selon Manon Simard, l’équipe de football sera sans doute la locomotive des 24 équipes des Carabins de l’Université de Montréal, qui accomplissent des performances exceptionnelles depuis longtemps, sans attirer l’attention. «Ça va assurément aider les autres sports d’excellence», a acquiescé Paul Krivicky.
Mathieu-Robert Sauvé