L’amanach populaire a peut-être raison s’il prédit que la pêche sera meilleure à la nouvelle plutôt qu’à la pleine lune.
Sans chercher à donner des munitions aux astrologues, la recherche de doctorat de Nathalie Gaudreau a permis d’établir que les poissons n’occupent pas l’espace aqueux de la même façon selon les phases de la Lune.
«Les sondages hydroacoustiques montrent qu’il y a en moyenne huit fois plus de poissons dans un lac lors des nouvelles lunes qu’au moment des pleines lunes», affirme le professeur Daniel Boisclair, qui a dirigé la recherche de Mme Gaudreau au Département de sciences biologiques.
L’expérience a été effectuée pendant deux cycles lunaires complets, en juillet et en août, dans un lac de la Station de recherche des Laurentides, à Saint-Hippolyte, où l’ont retrouve surtout des truites et des ménés.
Lorsque la sonde ne détecte pas beaucoup de poissons, c’est qu’ils se trouvent au fond du lac ou trop près des berges pour être observés. Comme le phénomène se produit également de jour, on pourrait penser que les poissons fuient la luminosité de la pleine lune.
«La lumière n’est pas en cause puisque trois nuits de pleine lune sur six ont été complètement couvertes sans que les données varient sensiblement», précise Daniel Boisclair.
On pense alors à d’autres facteurs circonstanciels comme le vent, la pluie ou la température de l’air, mais tous auraient déjà été pris en considération dans d’autres études qui ont observé le même phénomène. «Sans qu’on sache pourquoi, le fait semble lié à la lune», soutient-il.
Ses études sur les poissons lui ont également permis d’observer d’autres cycles de comportements apparemment associés à la lune. «On note, même au cours de recherches effectuées dans les aquariums, des phases de deux semaines dans l’alimentation et le rejet d’ammoniaque.» À son avis, ce genre de cycles comportementaux pourrait s’être développé durant l’évolution sous l’effet d’une influence inconnue de la lune.
Les études sur le repérage hydroacoustique de nuit se poursuivent dans 15 autres lacs des Laurentides.
Daniel Baril