|
Le directeur du Département de science politique, Gérard Boismenu (assis à gauche), était heureux d’accueillir trois anciens étudiants: Nicolas Blouin (à l’arrière), Frédérico Fonseca (assis à droite) et Nathalie Théberge (debout à droite). L’invitation avait été lancée par Françoise Montambault (au centre), coordonnatrice de l’association étudiante. |
«Tu veux finir sur le BS?» a-t-on lancé à Nathalie Théberge lorsqu’elle a entamé ses études de baccalauréat en sciences politiques à l’Université de Montréal. Aujourd’hui responsable de l’élaboration de politiques au ministère du Patrimoine canadien, volet de la francophonie internationale, elle sourit en racontant l’anecdote. L’assistance sociale, il n’en a jamais été question. «Mes études m’ont été fort utiles, et je n’ai pas honte de le dire», affirme-t-elle.
Venue rencontrer les étudiants du Département au cours d’une journée-carrières organisée par l’Association étudiante de science politique le 6 février, Mme Théberge a relaté son cheminement depuis qu’elle a obtenu son diplôme de maîtrise en 1995. Au total, 15 diplômés ont répondu à l’invitation de l’Association. Parmi eux, des personnalités publiques comme Réal Ménard, député du Bloc québécois, François Rebello, militant politique et directeur d’un groupe d’investissement éthique, et les journalistes Jean Dion (Le Devoir) et Frank Desoer (Radio-Canada). La plupart ont affirmé avoir reçu une formation qui leur est utile dans leur vie quotidienne. Et ils ont tous semblé émus de revenir dans leur alma mater, certains après plusieurs années.
«Tous les gens que nous avons joints se sont montrés enthousiastes à l’idée de rencontrer les étudiants de leur ancien département. En fait, aucun n’a refusé», explique Françoise Montambault, coordonnatrice de l’Association, qui a bénéficié de l’aide de la documentaliste Renée Leclerc pour communiquer avec les conférenciers et organiser la journée.
Au premier cycle, poursuit-elle, de nombreux étudiants entament leur programme d’études sans avoir une idée précise de ce que sera leur carrière. Pour eux, rencontrer des anciens qui travaillent dans différents secteurs est donc très intéressant. Une cinquantaine de jeunes ont participé aux différents ateliers.
La maîtrise: un incontournable
Mme Montambault correspond bien au type d’étudiant qu’elle décrit. Entrée au baccalauréat à 18 ans après avoir été militante dans un parti politique et dans le mouvement étudiant, elle n’a toujours pas décidé de quel côté elle se dirigera après ses études. Chose certaine, elle entamera l’an prochain une maîtrise. Parce qu’une maîtrise, de nos jours, c’est un minimum…
«Un diplôme de deuxième cycle, c’est un incontournable dans la fonction publique», a fait remarquer Nicolas Blouin au cours de cette journée. Économiste au ministère fédéral des Finances, il a terminé son mémoire en 1998 et n’a jamais cherché d’emploi par la suite. «Ils sont venus m’embaucher alors que j’étais étudiant.»
«La plupart des concours exigent un deuxième cycle universitaire, opine Mme Théberge, ou encore une combinaison acceptable d’études et d’expérience. Or, quand on quitte l’université après un baccalauréat, on a surtout une combinaison acceptable… d’études.»
Pour Frédérico Fonseca, coordonnateur des affaires jeunesse au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et lui aussi titulaire d’une maîtrise, la formation en sciences politiques, ça n’arrête jamais. «La théorie, c’est bon de l’avoir en tête quand on discute de mesures sociales. Il faut penser à long terme, aux conséquences de ses décisions. Je dirais que l’université m’a donné une méthode, une rigueur qui me sont utiles quotidiennement.»
M. Fonseca n’a qu’un regret: ses professeurs n’ont pas assez insisté sur les grands classiques. Marx, par exemple, était complètement dépassé à son époque. Mais qu’à cela ne tienne. Il passe à travers un ou deux traités de sciences politiques chaque mois. Et ça le comble.
Les diplômés en sciences politiques deviennent fonctionnaires, conseillers politiques, journalistes, lobbyistes ou députés ou encore travaillent dans le secteur privé. Tout compte fait, ils traversent une période plutôt positive. «Nous sommes en pleine période de recrutement dans la fonction publique; les personnes qui possèdent une solide formation en sciences politiques sont particulièrement recherchées», dit Nicolas Blouin. On croit rêver.
Mathieu-Robert Sauvé