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Allan Smith, chercheur au Centre de recherche en sciences neurologiques, a été impressionné par la qualité du travail que les étudiants ont accompli. |
«J’aperçois un tramway qui se dirige à vive allure vers un groupe de cinq personnes. Deux options s’offrent à moi: a) pousser un piéton devant le tramway, ce qui stoppe le véhicule et sauve les cinq vies ou b) ne rien faire.»
Si vous répondez b), vous réagissez comme la majorité des gens à qui des chercheurs de l’Université de Princeton ont fait passer ce test. Mais peu importe qu’il existe une bonne ou une mauvaise réponse, ce qui les a intéressés dans l’expérience dont les résultats ont paru dans Science le 14 septembre 2001, c’est la contradiction entre l’émotion et la raison. «Grâce aux appareils d’imagerie médicale, la morale peut s’observer dans le cerveau en action, explique Laurence Masson-Côté, étudiante en médecine. Ce sujet m’a plu parce qu’il est à la jonction de la physiologie et de la philosophie.»
La jeune fille participait à l’exposition Découvertes récentes du système nerveux, qui se tenait le 1er mars dernier au hall d’honneur du Pavillon principal. Dans le cours MMD 1152, sur l’exploration du système nerveux, 180 étudiants en médecine (dont 75 % de femmes) ont été amenés à explorer un aspect des sciences neurologiques sous la supervision de certains des plus illustres chercheurs dans le domaine à l’Université de Montréal, dont Serge Rossignol, Isabelle Peretz, Vincent Castellucci et Laurent Descarries.
Durant ce cours, qui simule un congrès scientifique, les étudiants ont dû faire une présentation par affiches d’un sujet imposé. Cela allait de la pharmacologie des rythmes spinaux aux xénogreffes pour le traitement de la maladie de Parkinson, en passant par les problèmes de sommeil et de mémoire, le rôle des éphédrines dans le système nerveux central ou les effets transgénérationnels du comportement maternel chez les rongeurs. Les étudiants n’étaient pas les auteurs de la recherche, bien entendu, mais ils devaient suffisamment maîtriser le matériel de leurs affiches pour pouvoir répondre aux questions des visiteurs le jour de la présentation. Les meilleurs travaux ont été primés par le jury, composé de huit chercheurs du Centre de recherche en sciences neurologiques.
«C’est la quatrième année que ce cours est donné de cette façon. Cela demande beaucoup de travail de la part des étudiants, mais je crois qu’ils apprécient la formule», dit Allan Smith, professeur à la Faculté de médecine et responsable du cours.
Pour Laurence Masson-Côté, une habituée des expo-sciences depuis l’adolescence, la recherche scientifique n’est pas exactement une nouveauté. Mais ils sont plusieurs à connaître ici leur initiation à la vie de chercheur en sciences neurologiques.
À en juger par les propos de M. Smith, le calibre est très élevé. «Ce n’est pas facile pour les étudiants de maîtriser en si peu de temps des recherches de pointe en sciences neurologiques», dit-il.
Le jury a accordé le premier prix à l’équipe composée de Mélanie Lessard, Lan Chau Nguyen, Véronique Ouimet, Mélissa Ranger et Caroline Zerey, qui a présenté les «nouvelles stratégies pour vaincre les contraintes imposées par la barrière hémato-encéphalique dans les approches thérapeutiques visant le cerveau». Le premier prix est assorti d’un bon d’achat de 250 $ (pour chacune des membres de l’équipe) de la Librairie de l’Université de Montréal. Le deuxième prix a été accordé à l’équipe de Maude Leroux, Isabelle Forest, Marie-Noëlle Delisle, Mélanie Blanchette et Leila Skalli pour leur affiche intitulée «Les xénogreffes ont-elles un avenir pour traiter la maladie de Parkinson?» Un bon d’achat de 150 $ de la Librairie a été remis à chacune d’elles. Le commanditaire de ces prix est l’entreprise pharmaceutique Merck Frosst.
Les étudiants ont été jugés sur leur compréhension de l’importance scientifique ou de l’impact clinique d’une nouvelle recherche, mais aussi sur leur esprit critique et leur capacité de synthèse. Signe des temps, ce sont les filles qui ont tout raflé.
Mathieu-Robert Sauvé