Les efforts de l’homme pour se procurer de la joie sont parfois dignes de l’attention du philosophe, écrit Victor Hugo dans
L’homme qui rit.
Comme les autres romantiques, il fait pourtant peser un énorme soupçon sur le rire et sur la gaieté. Les rictus omniprésents sous sa plume et celle de ses contemporains appartiennent tant au sadisme qu’à la souffrance, tant au bourreau qu’à sa victime.
Alors que notre époque se montre friande de bonne humeur, de fêtes, de festivals, Victor Hugo et ses contemporains des quatre coins de l’Europe jugent que la joie est mal à propos, elle qui résonne au milieu des souffrances populaires. Il peut lui arriver de sourire ou de verser des larmes, mais le héros hugolien ne rit pas, sauf si on l’y oblige.
Doit-on encore lire les romantiques aujourd’hui? Oui, parce qu’ils nous rappellent qu’il faut résister à la dictature contemporaine de l’allégresse, du rire de force. Voilà pourquoi Rictus romantiques se termine par un «Éloge de la mauvaise humeur».
Maxime Prévost, Rictus romantiques, Les Presses de l’Université de Montréal, 2002, 29,95 $.