En juin 2001, le Dr André Desrochers, spécialiste en chirurgie des grands animaux et professeur à la Faculté de médecine vétérinaire, a implanté avec succès une prothèse de fibre de verre sur la patte arrière d’une taure. Cette opération est une première au Québec. L’animal, qui pèse aujourd’hui 375 kilos, s’est bien adapté à sa patte artificielle. «La taure se porte bien, dit le Dr Desrochers. Sa prothèse lui permet de se coucher, de marcher et même de courir dans le champ.»

À son arrivée à l’hôpital des grands animaux, l’été dernier, la taure de la ferme de Gérald Richard, de Sainte-Clothilde, présentait une blessure ouverte et infectée qui n’augurait rien de bon. L’amputation était nécessaire pour stopper l’infection. Habituellement, la centaine de bovins admis chaque année dans cet état doivent être euthanasiés, mais, considérant la valeur génétique de la taure, l’équipe de vétérinaires a décidé de tenter l’opération orthopédique. C’est un prothésiste de Victoriaville, Serge-Éric Blais, qui a conçu la prothèse. Il s’agissait de sa première expérience sur un animal.

«Nous espérons que la taure vivra une année de plus afin de permettre la reproduction, poursuit le Dr Desrochers. Si tout va bien, l’éleveur pourra recueillir d’ici là une trentaine d’embryons. Si l’on considère que chaque embryon vaut de 500 à 1000 $, on comprend qu’il y tienne.»

L’expertise du Dr Desrochers, qui a réalisé des opérations semblables sur les membres supérieurs de bovins, s’étend maintenant aux quatre pattes et fait de lui le seul vétérinaire du Québec dans cette catégorie. Mais en raison du prix élevé de l’opération (pas moins de 5000 $), celle-ci sera réservée aux animaux qui présentent un bon potentiel de reproduction.

M.-R.S.