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Le chimiste Hugo Bélisle a expliqué la phosphorescence aux jeunes du secondaire venus assister aux conférences du projet SEUR le 10 mai dernier. Mirey Eltawil (au centre) et Julie Lavigne (à droite) étaient présentes. |
Avec ses épingles dans le nez, sa casquette des Yankees vissée sur la tête et ses cheveux couleur brique, l’adolescent de l’école Louis-Riel venu assister à la conférence sur la chimie a apprécié l’atelier sur la reconnaissance des empreintes digitales. Mais il a surtout hâte à la deuxième partie, qui aborde le sujet des explosifs. «Ouais, c’est la première fois que je mets les pieds dans une université, confie-t-il à Forum durant la pause. Peut-être pas la dernière: c’est full cool.»
Le programme de sensibilisation aux études universitaires et à la recherche, plus communément appelé projet SEUR, attirera tout l’été des jeunes comme lui, issus d’écoles secondaires de la région montréalaise. Accompagnés par des animateurs étudiants, ces jeunes de 13 à 16 ans visiteront des laboratoires et assisteront à des présentations scientifiques sur différents thèmes: mages et tendances (du 25 au 28 juin), révolution (du 2 au 5 juillet), santé et alimentation (du 15 au 19 juillet), guerre et paix (du 22 au 26 juillet).
L’an dernier, alors que le projet était lancé, ce sont plus de 700 jeunes qui ont envahi le campus en pleine canicule. Le succès a été tel qu’on remet ça cette année, avec l’appui de partenaires tels l’Institut de recherches cliniques de Montréal, le ministère de l’Éducation (Programme de soutien à l’école montréalaise), Polyglobe, les entreprises pharmaceutiques Boehringer Ingelheim et Astra Zeneca, le collège Regina Assumpta et bien sûr l’Université de Montréal.
Au cours de l’été, une quinzaine d’étudiants aux cycles supérieurs travailleront au projet. Ils recevront une bourse de 4000 $ pour leur contribution, explique Julie Lavigne, coordonnatrice du projet. «Pour nous, c’est une bonne occasion de faire connaître la vie universitaire tout en respectant des valeurs importantes: la diffusion des connaissances, la lutte au décrochage scolaire.»
Les élèves qui s’inscrivent aux stages n’ont aucuns frais à payer. On souhaite ainsi faire connaître largement l’Université de Montréal afin de permettre aux jeunes de milieux défavorisés d’avoir accès aux études universitaires.
Des bons contacts
Au-delà des stages, les étudiants aux cycles supérieurs et des professeurs-chercheurs de l’Université peuvent être amenés à parrainer des projets de recherche réalisés par des élèves de troisième, quatrième et cinquième secondaire dans le contexte des activités du Conseil du développement du loisir scientifique par exemple.
Au cours des stages de l’an dernier, Marylène Ferland, élève du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, a établi des contacts avec Mathieu Houde, un étudiant au doctorat au Département de pathologie de la Faculté de médecine. Cela lui a permis de participer à l’expo-sciences régionale de Montréal, où son projet a été retenu pour la Super Expo-sciences Bell à l’Université de Sherbrooke.
Grâce à ce tutorat, Marylène a eu accès à des appareils d’analyse protéomique dans les laboratoires spécialisés de l’UdeM. «Le projet SEUR permet aux élèves ambitieux du secondaire de s’intégrer à la communauté universitaire, écrit-elle dans un témoignage reproduit sur le site www.seur.qc.ca. J’aimerais aussi rassurer les jeunes du secondaire: les personnes à l’Université de Montréal sont très accueillantes et chaleureuses. Contrairement à ce que je croyais avant de les rencontrer, elles sont jeunes, compréhensives et adaptent leur discours à notre niveau de connaissance.»
Des conférences à l’année
En pleine croissance, le projet SEUR a créé un nouveau volet qui consiste en la présentation de conférences durant l’année. Le 10 mai dernier, ils étaient une cinquantaine d’élèves (dont «Full cool») à s’être déplacés sur la montagne afin de vivre leur immersion d’un jour. Au programme: une introduction à la chimie, suivie d’une conférence sur la microbiologie donnée par Daniel Morency. En après-midi, les sciences humaines étaient à l’honneur: la psychologie avec Marie-Line Carmen et la philosophie avec Philippe Bélanger.
Excellent communicateur, le chimiste Hugo Bélisle a donné un aperçu de l’apport de la chimie aux sciences judiciaires. Puis il leur a donné un cours synthèse sur la pyrotechnie, de la dynamite à l’émulsion explosive. «Ne touchez pas aux recettes sur Internet, les a-t-il prévenus: 99,9 % d’entre elles sont mal faites et dangereuses.»
Pour ne pas les laisser sur leur faim, il leur a tout de même énuméré les ingrédients d’une «bombe» sans danger conçue avec des produits en vente libre dans les quincailleries ou les pharmacies: 10 g de fleur de soufre, 50 g de nitrate, 15 g de charbon de bois, 20 g de limaille de fer, 2 g de limaille d’aluminium, de la gomme arabique et un fil de fer. Cette «chandelle romaine» ne produit pas de grandes déflagrations mais un jaillissement d’étincelles. L’explosion de la connaissance?
Mathieu-Robert Sauvé