Étudiant en anthropologie, Karl Farah-Lajoie (à droite) a porté le ballon en première demie pour un gain au sol.

Si le stade de football du CEPSUM avait eu un toit, il aurait sauté à la fin de la première demie du match inaugural des Carabins, le 28 août dernier.

Une passe de 38 verges du quart-arrière Dave McKinnon, captée par Nelson Piché, a permis le touché de Pierre Dartignenave, un jeu qui réduisait l’écart à cinq points entre les Stingers de l’Université Concordia et les Carabins. Tous les espoirs étaient donc permis pour la deuxième demie de ce match historique, qui marquait le retour d’une équipe de l’Université de Montréal dans la ligue interuniversitaire de football après 30 ans d’absence.

Le miracle ne s’est pas produit. Quelques beaux jeux de Concordia ont rivé le clou aux Bleus, qui ne l’ont plus menacée par la suite. Le match s’est terminé 46-17 en faveur des Stingers. Toutefois, les 5100 spectateurs ont appuyé leurs porte-couleurs jusqu’à la fin. Une foule électrisante qui dansait, chantait et faisait la vague.

«On aurait aimé gagner mais, compte tenu de l’expérience de nos adversaires, nous nous sommes bien défendus», a affirmé Nelson Piché après la rencontre. Ancien joueur des Redmen de l’Université McGill, l’étudiant en médecine a pris part au match malgré une fracture à un doigt infligée durant le camp d’entraînement. Il a ajouté que la nervosité était palpable dans la chambre des Carabins, mais qu’elle s’est estompée après le botté d’envoi.

À propos de l’expérience des deux équipes, Le Journal de Montréal a calculé que les joueurs des Stingers comptaient au total 125 années dans le circuit universitaire, contre 8 pour les Carabins.

«Plus qu’heureux»

Paul Krivicky, directeur du CEPSUM, affirmait être «plus qu’heureux» alors que le match battait son plein. Quelque 3000 billets avaient été vendus à quelques jours de l’ouverture des portes, mais on ignorait encore si les gradins seraient remplis à pleine capacité. Puis, des centaines de personnes ont déferlé vers le stade le soir du match. «À 19 h, il était comble», signale M. Krivicky. Parmi les invités de marque, on a reconnu le ministre d’État aux Sports amateurs, Richard Legendre, l’homme d’affaires Jean Coutu et le PDG du Grand Prix F-1 du Canada, Normand Legault, président du Club des gouverneurs du sport d’excellence de l’Université de Montréal.

Un autre partisan heureux, c’était le doyen de la Faculté de théologie, Jean-Marc Charron, qui a été le premier à caresser l’idée de relancer le football universitaire. «Nous vivons, ce soir, l’aboutissement d’un projet qui a pris naissance il y a deux ans et demi. Regardez-moi ce stade. Aucun autre sport ne peut créer cet enthousiasme collectif dans une université.»

M. Charron a deux fils footballeurs: l’un joue pour le Rouge et Or de l’Université Laval et le cadet, Nicolas, étudiant en psychologie à l’Université de Montréal, a été recruté par l’entraîneur Jacques Dussault comme partant pour les Carabins. Malheureusement, une blessure à l’épaule l’a empêché de prendre part au match inaugural. Selon le doyen, les retombées les plus précieuses sont de l’ordre de la visibilité et du sentiment d’appartenance. «Pendant trois heures, ce soir, on aura parlé de l’Université de Montréal au Réseau des sports. Sans compter tous les bulletins. C’est de la publicité gratuite.»

Manon Simard, coordonnatrice du sport d’excellence au CEPSUM, cherchait ses mots pour décrire son émotion. «Aujourd’hui, c’est la consécration des Carabins», a-t-elle lancé en rappelant que le terme «Carabins» s’applique également à de nombreux étudiants-athlètes qui ont choisi des sports moins flamboyants que le football. «Il y a à l’Université de Montréal 250 autres athlètes qui accomplissent aussi des choses extraordinaires. Le football leur apporte une visibilité formidable.»

D’ailleurs, parmi la soixantaine de bénévoles qui assuraient l’encadrement de la soirée, une quarantaine étaient des membres des Carabins.

Prochains matchs des Carabins au CEPSUM: les 7 septembre (McGill), 21 septembre (Laval) et 12 octobre (Bishop’s).

Mathieu-Robert Sauvé