Édition du 3 septembre 2002 / Volume 37, numéro 2
 
  Jean Porret a la piqûre…
Le directeur du Service d’action humanitaire et communautaire se passionne pour l’apiculture et les actions communautaires!

 

Être apiculteur requiert un grand sens de l’observation, un doigté précis et une patience d’ange. «Il faut avoir la piqûre», dira Jean Porret. Des piqûres, il en a eu des milliers. «Au moins 150 par année.»

À la maison de campagne de Jean Porret, à Saint-Claude, dans l’Estrie, tout est si calme qu’on entendrait une mouche voler… Mais c’est plutôt le bruit des abeilles qui nous parvient. Elles logent par milliers à proximité de la demeure, au bout d’un étroit chemin bordé d’arbres et de fleurs sauvages.

 «Leur bourdonnement est aussi doux à l’oreille que leur miel au gosier», affirme le directeur du Service d’action humanitaire et communautaire de l’Université de Montréal. «Goûtez-y», ajoute-t-il en montrant du doigt une chaudière de miel doré qu’il vient de récolter dans l’une de ses 25 ruches. Depuis près de 30 ans, Jean Porret exploite une entreprise artisanale d’élevage d’abeilles. Chacune de ses ruches, qui comptent plus de 50 000 insectes avec reine, faux-bourdons et ouvrières, produit de 30 à 40 kg d’élixir des dieux. La production annuelle atteint jusqu’à 800 kg.

Très parfumé, le miel est vendu au détail sous le nom de La fleur en pot. Mais le pasteur ne fait pas cela pour l’argent. «Pour vivre d’apiculture, il faut avoir au moins 300 ruches.»

C’est en Suisse qu’il a été initié aux techniques de l’apiculture, à l’âge de cinq ans. «J’aimais observer les gardiennes à l’entrée de la ruche, le travail des ouvrières, la hiérarchie qui existe chez ces insectes. Devant mon intérêt, mon père, qui était apiculteur, m’a désigné responsable d’une ruche», souligne celui dont le grand-père et l’arrière-grand-père avaient fait de ce métier leur gagne-pain.

«Pour moi, c’est un passe-temps.» M. Porret a quitté son pays natal il y a 34 ans. Son loisir, il le pratique ici, au Québec, depuis 1974. «Au début, j’avais seulement quatre ruches installées sur les terres d’un ami.» Puis, il a acheté son petit coin de paradis, dans les Cantons-de-l’Est: une maison d’époque bâtie sur un terrain de deux hectares où abondent le chardon, le mélilot, la menthe, l’aster et la chicorée. 

Reproduction et classes sociales

La fascination de Jean Porret pour ses petites locataires grandit sans cesse. «J’adore être en plein air et regarder les abeilles travailler, confie-t-il. Quand on pense qu’elles doivent faire une vingtaine d’allers-retours du jardin à la ruche pour produire une seule cuillerée à thé de miel! Elles se tuent littéralement à la tâche.»

Ce sont les ouvrières qui accomplissent presque tout le travail. Elles vivent en moyenne six semaines en saison de production. Mais leur vie est bien remplie. En fonction de leur âge, elles deviennent successivement nourricières, éleveuses, bâtisseuses, gardiennes, puis butineuses.

Les faux-bourdons ne travaillent pas. Ils sont nourris par les abeilles ouvrières. Leur seul rôle: féconder la reine. Leur destin est fatal. Ils trouveront la mort au cours de l’élan vital ou seront expulsés de la ruche à l’automne.

La reine est la plus grosse abeille de la ruche. C’est la nourriture donnée au stade larvaire qui a déterminé sa vocation. Nourrie exclusivement de gelée royale, elle est la seule femelle de la colonie à pouvoir pondre: environ 1000 œufs par jour! Elle ne fait que cela durant trois ou quatre ans. Mais comme ses performances diminuent progressivement avec l’âge, l’apiculteur la remplace au bout de deux ans.

«Son existence commence par un combat à mort avec les autres reines nées en même temps qu’elle, indique l’apiculteur. Puis, elle quitte la ruche pour entamer un vol nuptial. C’est la seule sortie de sa vie et l’occasion rêvée pour les faux-bourdons de tenter leur chance de la féconder. Une fois la fécondation accomplie, la réserve de spermatozoïdes suffira à la pondeuse pendant toute sa vie.»

Quand vient l’ours

Être apiculteur requiert un grand sens de l’observation, un doigté précis, un vaste bagage de connaissances et une patience d’ange. «Il faut avoir la piqûre», vous dira Jean Porret. Des piqûres, il en a eu des milliers. «Au moins 150 par année.»

Bien que douloureuses, elles sont inoffensives si l’on n’est pas cardiaque, assure l’apiculteur. «Il faut éviter de faire des mouvements brusques, car, si l’abeille se sent menacée, elle passera à l’attaque et au besoin appellera du renfort. Mieux vaut donc s’éloigner plutôt que d’essayer de la chasser.»

L’ours noir se rit de ces insectes piquants puisque sa pelisse le protège des dards. L’année dernière, il y en a un qui est venu se sucrer le bec à la miellerie de M. Porret. «L’animal a attaqué plusieurs ruches, raconte-t-il. L’assaut a presque été dévastateur.» Une autre fois, le plantigrade a préféré pique-niquer dans le bois: il a saisi un étage de ruche entre ses griffes et filé sur ses pattes de derrière! «J’ai retrouvé sa “boîte à lunch” vide 100 m plus loin. Depuis, j’ai installé une clôture électrique.»

Actions humanitaires et communautaires

Pasteur protestant, Jean Porret travaille à l’Université depuis 25 ans. Il occupe depuis cinq ans la fonction de directeur du Service d’action humanitaire et communautaire (SAHC), un centre chargé de prévention du suicide, de dépannage alimentaire, d’aide internationale et de diverses autres activités d’entraide.

En 1996, M. Porret a connu la déconfessionnalisation du Service de pastorale, devenu le SAHC. Les activités religieuses se déroulent depuis au centre Benoît-Lacroix, à l’extérieur du campus. «Nous sommes au service des étudiants et des professeurs. Nous devons trouver des solutions rapides à toutes sortes de situations, de l’émission de bons donnant droit à un repas complet à l’aide de dernière ligne.»

Jean Porret était là durant la crise du verglas de 1997. Appelé à la rescousse pour regrouper des bénévoles, il a réuni les membres de l’équipe qui avait participé, quelques semaines plus tôt, à la campagne des paniers de Noël. «Nous avons senti très vite la solidarité de tous. D’ailleurs, à un certain moment, notre problème était que nous avions trop de bénévoles!» relate le pasteur chez qui l’apiculture et le jardinage comblent le reste du temps.

Dominique Nancy



 
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