Édition du 3 septembre 2002 / Volume 37, numéro 2
 
  Vient de paraître
Les sextants de Pékin - Par-delà le masculin et le féminin

 
Les sextants de Pékin

Les touristes qui visitent la Cité interdite à Pékin sont souvent surpris d’y voir un observatoire équipé de sextants, de théodolites, de sphères armillaires et d’autres instruments de l’ancienne astronomie occidentale. Malgré leur facture indéniablement chinoise, ces instruments de bronze ont en effet été exécutés sous la supervision d’un jésuite flamand à la demande d’un empereur Qing, qui espérait trouver dans la science occidentale un appui à son pouvoir. Les sextants de Pékin témoignent ainsi de l’intérêt et de la curiosité que les Chinois ont pu manifester à l’égard d’une culture pourtant bien éloignée de la leur, et ce, il y a déjà plus de 300 ans, à une époque où l’Occident ne montrait pas tant d’ouverture d’esprit.

C’est au mythe d’une Chine monolithique, refermée sur elle-même, immobile et figée dans sa grandeur antique que s’attaque ici Joanna Waley-Cohen. Cette idée reçue ne résiste pas à l’analyse. Toute l’histoire de l’empire du Milieu montre au contraire que les Chinois ont toujours accueilli avec intérêt les produits, les techniques, les idées et même les religions des autres cultures dans la mesure où l’on ne tentait pas de les leur imposer par la force. En s’appuyant sur les résultats les plus récents de la recherche historique, l’auteure montre les relations fructueuses que les Chinois ont su entretenir avec leurs voisins asiatiques et avec les Occidentaux, depuis les temps anciens de la route de la soie jusqu’à nos jours.

Joanna Waley-Cohen est professeure au Centre d’études asiatiques de l’Université de New York.

Joanna Waley-Cohen, Les sextants de Pékin, Les Presses de l’Université de Montréal, 2002, 34,95 $.


 
Par-delà le masculin et le féminin

Homme et femme, masculin et féminin, hétérosexualité et homosexualité, les mêmes vocables continuent de désigner ce que Freud appelle le «destin anatomique» des êtres, comme si la différence sexuelle s’offrait d’emblée à la perception, au simple constat. L’insistance du discours actuel sur le corps ou sur la dualité et la complémentarité des sexes n’est elle-même qu’un recours déguisé à la nature, un naturalisme qui n’ose s’affirmer ouvertement.

Des philosophes — dont Nietzsche, Bataille, Blanchot, Levinas et Derrida —, auxquels veut précisément donner voix cet ouvrage, n’ont pas hésité à dénoncer, sur le mode du récit ou de l’essai, l’impérialisme de la pensée dualiste et à substituer à la logique du même une pensée de l’altérité irréductible, de la différence non oppositive et de la singularité plurielle.

Passion du non-savoir où s’annonce, non sans effroi, ce qui excède le discours, la psychanalyse n’en continue pas moins, quant à elle, d’hésiter entre sens et non-sens; c’est pourtant du côté du réel hors langage, et non de la réalité immédiate, que se loge, pour Freud comme pour Lacan, le secret à jamais secret du sexe. Mais est-ce bien là le dernier mot de la psychanalyse?

Claude Lévesque est professeur au Département de philosophie, où il enseigne la philosophie continentale contemporaine et la psychanalyse freudienne et lacanienne.

Claude Lévesque, Par-delà le masculin et le féminin, Paris, Aubier, 2002.



 
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