|
Toutoune, une éléphante du zoo de Granby, est une des patientes du Dr Lair. |
Durant sa carrière, le vétérinaire Stéphane Lair
a assisté à la vasectomie d’un tamarin, soulagé les coliques
d’un éléphant et réduit la fracture à la patte
d’un flamant rose. Boas, iguanes, lapins, perroquets, buses, scorpions et baleines
sont aussi passés par ses soins.
«Il est important pour les vétérinaires d’aujourd’hui de savoir quoi faire lorsque des clients se présentent avec un animal autre qu’un chien ou un chat; je suis là pour donner aux étudiants une formation dans ce sens», explique le nouveau professeur de soins aux animaux non domestiques de la Faculté de médecine vétérinaire.
À l’intérieur du doctorat en médecine vétérinaire, le Dr Lair donne depuis l’an dernier un cours obligatoire de 30 heures sur la médecine des «animaux inusuels». Le professeur adjoint donne également un cours optionnel de 45 heures sur le sujet. Sans fournir toutes les réponses sur le règne animal, ces cours offrent un aperçu des soins à prodiguer tant aux reptiles qu’aux mammifères exotiques. Les animaux les plus courants dans un cabinet privé de médecine vétérinaire sont les lapins, les furets et quelques espèces de serpents.
L’expertise de Stéphane Lair s’étend à trois types de clientèle: les animaux «inusuels» de propriété privée, les animaux des jardins zoologiques et les bêtes sauvages.
Comment devient-on Dr Doolittle?
Après ses études en pathologie vétérinaire à l’Université de Montréal au cours des années 80, Stéphane Lair a terminé une résidence en médecine et pathologie zoologiques à l’Université de Guelph, en Ontario. Dans le cadre de ses études, il a fait trois ans de résidence au zoo de Toronto. Puis, le jeune homme a passé avec succès l’examen d’agrément de l’American College of Zoological Medicine. Au Québec, on ne compte qu’une demi-douzaine de vétérinaires spécialisés dans ce domaine. Ils sont rattachés aux jardins zoologiques et au Biodôme de Montréal. «Nous sommes des généralistes. Et comme pour la médecine humaine, nous faisons appel à des spécialistes pour certains soins qui nécessitent des interventions particulières, la chirurgie par exemple.»
C’est à la Clinique des oiseaux de proie que Stéphane Lair s’est d’abord intéressé à la faune. Dans cette clinique fondée en 1986 par le Dr Guy Fitzgerald, autre professeur de la Faculté, on a soigné des représentants des 27 espèces du Québec, de la crécerelle d’Amérique au grand duc en passant par la nyctale boréale, la chouette rayée et le pygargue à tête blanche. Lorsqu’ils sont retrouvés, blessés, sur le bord d’une route, les volatiles prennent le chemin de Saint-Hyacinthe par la voie des compagnies aériennes, qui ne réclament pas un sou pour leur transport. Après une hospitalisation et une convalescence plus ou moins longue, les oiseaux sont relâchés dans la nature.
En plus de son rôle écologique précieux pour la survie d’animaux qui trônent au sommet de la chaîne alimentaire, la Clinique est très utile sur le plan de la formation universitaire. «C’est souvent le seul lieu où les étudiants ont accès à la médecine aviaire», signale Stéphane Lair.
La recherche et la clinique
Il existe un excellent potentiel de recherche dans les domaines zoologique et faunique. En plus d’avoir rédigé des articles sur une anomalie endocrinologique des gorilles, les cancers des bélugas, les problèmes respiratoires des rapaces et les ulcères chez les poissons, le Dr Lair s’apprête à publier le résultat de ses travaux sur le furet à pattes noires, qui a frisé l’extinction. Prédateur du chien de prairie, cette espèce a vu sa population chuter de 98 % lorsque le petit rongeur a été volontairement exterminé dans l’ouest du continent. In extremis, un réseau de jardins zoologiques s’est formé pour assurer sa survie. Récemment, plus de 300 individus ont été relâchés dans la nature. Le furet à pattes noires avait aussi un haut taux de cancer. Les recherches du Dr Lair ont permis de mieux documenter cette affection.
Actuellement, la charge de travail du jeune professeur est partagée entre l’enseignement et la clinique. Au cours des prochaines années, ce dernier volet est appelé à se développer. D’ici 2004, une unité consacrée aux animaux exotiques verra le jour dans le nouveau pavillon annexé à la Faculté. «Quand on aura notre clinique, le secteur des animaux exotiques pourra croître pleinement, dit-il. Nous serons en mesure d’augmenter sensiblement la clientèle, d’organiser des stages, etc.»
Mathieu-Robert Sauvé