Édition du 21 octobre 2002 / Volume 37, numéro 8
 
  Témoignages
Albert Tabah, un collègue… - … et un professeur très estimé

Albert Tabah, un collègue…

L’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information déplore le décès, survenu le 30 septembre, d’un collègue très estimé, le professeur Albert Tabah, à l’âge de 51 ans, à la suite d’une longue maladie.

Après une quinzaine d’années de carrière dans les bibliothèques de médecine, de sciences et de génie de l’Université McGill, dans lesquelles il a occupé des fonctions de direction, Albert Tabah entreprend en 1990, dans ce même établissement, des études doctorales en sciences de l’information sur les caractéristiques du développement de la littérature de la physique; il y obtient son doctorat en 1996.

Il devient chargé d’enseignement à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) en 1993, puis professeur adjoint en 1996; sa maladie l’empêchera de devenir professeur agrégé et d’acquérir la permanence. Il a enseigné avec grand succès le développement et la gestion des collections, la bibliométrie et les méthodes de recherche quantitatives. Il a publié des études remarquées en développement des collections et en bibliométrie dans le domaine des sciences. Il a contribué aux travaux du Centre interuniversitaire de recherche sur les sciences et la technologie et à ceux de son observatoire des sciences et des technologies.

Son expertise a été souvent sollicitée par la Banque mondiale et le Centre de recherche en développement international. Il a effectué plusieurs missions au Sénégal, en Guinée et au Burkina Faso pour ces organismes, en plus de donner en France plusieurs séances de formation sur le développement des collections.

Ses collègues, ses étudiants et ses amis se souviendront toujours de ses dons pour les langues (né à Istanbul, il était arrivé au Canada à l’âge de 19 ans), de son grand talent de communicateur, de son énergie, de son enthousiasme et de sa connaissance des technologies.

Il était généreux et toujours disponible. Les dernières années, pendant lesquelles il a lutté contre le cancer, ont montré qu’il était aussi d’un grand courage et d’une imperturbable sérénité. Il a, d’ailleurs, tenu à s’acquitter de sa pleine charge professorale pendant l’année universitaire 2001-2002, malgré un état de santé précaire.

Au cours des neuf années qu’il a passées parmi nous, il s’est imposé à tous ceux qui l’ont connu. Il était un collègue hautement apprécié. Il nous manque.

Marcel Lajeunesse
Professeur titulaire
EBSI



… et un professeur très estimé

L’ annonce du décès de M. Tabah m’a fait l’effet d’un couteau dans la gorge. Puis, à la vitesse d’un film en accéléré, j’ai revu tous les bons moments passés en sa douce et riche compagnie dans les trois cours que j’ai eu le privilège de suivre avec lui. Il ne nous sera plus donné le cadeau de surprendre au détour d’un sentier, d’un corridor ou d’un ascenseur celui que notre promotion avait surnommé Woody Allen, celui qui nous faisait tant rire, celui qui avait tant de choses à nous dire, à nous enseigner et à nous raconter. M. Tabah n’est plus et la tristesse m’envahit. La vie est cruelle. Ne l’oublions pas. Mais lui, sur cette dernière chose, ne serait pas d’accord. Jamais n’avons-nous entendu M. Tabah se plaindre ou s’apitoyer sur son sort. Un peu comme l’homme invisible à la fenêtre, c’est toujours lui qui écoutait les autres se plaindre, c’est toujours lui qui avait le temps de prendre du temps pour nous, c’est toujours lui qui nous encourageait dans le côté parfois misérable de notre charge de travail et de nos échéances. Je porterai toujours, caché dans ma poche, son grand sourire à la fin d’une explication un peu corsée, ses yeux qui pétillaient lorsqu’il voyait que nous venions de franchir un pas important, les frissons qu’il avait pendant qu’il nous présentait les résultats de la recherche sur le génome humain. Je porterai avec moi le souvenir d’un professeur à la démarche si particulière, au savoureux accent anglais, timide et tout à la fois capable d’un rire fort et intense à s’en taper les cuisses. Lorsque mon cerveau me ramènera le murmure de son nom, j’entendrai l’image d’un homme de qualité et d’un maître.

Rita Buono
Étudiante de la promotion 1999-2001



 
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