Le 8 novembre sera la 200
e soirée d’Opéramania, cette série qui connaît un succès étonnant. Entrée dans sa neuvième saison, elle ne cesse de croître d’année en année. «Au début, il y avait de 10 à 15 soirées au programme. Cette année, il y en a 35 et l’an prochain ce sera un peu plus», indique Michel Veilleux, le responsable de la série.
L’initiative heureuse d’Opéramania revient à Guy Marchand. Ce musicologue avait songé, en 1994, à donner un complément aux Belles Soirées qui offraient des préludes aux productions de l’Opéra de Montréal. C’est ainsi que naissent ces présentations d’opéras intégraux sur grand écran, prises en charge par Michel Veilleux dès la première année. Foncièrement enthousiaste après huit saisons, il se voit poursuivre cette activité pour très longtemps encore. Passionné d’opéra, il fait en ce moment une thèse de doctorat en musicologie sur la structure dramatique d’Elektra, de Richard Strauss. Mais Opéramania l’accapare considérablement: «C’est un travail à temps plein!» confie-t-il.
À la base, la série devait suivre la programmation de l’Opéra de Montréal, mais Michel Veilleux a débordé du cadre. Fasciné par tous les styles d’opéra ainsi que par le travail vocal, il couvre tout autant l’opéra baroque que le classique, l’opéra italien que le contemporain, l’opéra russe, anglais, américain... Il émaille les projections d’exposés et de commentaires sur les traits généraux des œuvres présentées, leur structure narrative et leur traitement musical, donne des indices sur l’interprétation (en privilégiant les comparaisons, très formatrices pour l’oreille) aussi bien que sur les mises en scène.
Bien qu’il soit conscient des attentes du public (l’opéra italien arrive toujours bon premier, et les chanteurs-vedettes attirent systématiquement une plus grande assistance), il aime attiser la curiosité et convier ses «fidèles» à sortir des sentiers battus. «Le public d’opéra est très conservateur. En revanche, j’ai un noyau dur de 80 à 90 personnes passionnées, qui me suivent dans toutes les directions. C’est un vrai plaisir de leur enseigner, elles sont curieuses, me posent des questions, viennent me voir après la projection. Dans d’autres cas, je dois encourager les gens à venir voir des choses qui ne les intéressent pas a priori. Et ça marche, ils me remercient parce qu’ils ont été surpris d’aimer ça!» L’assistance, en moyenne, est de 145 personnes dans une salle qui peut en contenir 160. «Parfois, nous avons dû ajouter jusqu’à 40 chaises», témoigne le conférencier.
Du disque au DVD
La neuvième saison commençait avec quatre soirées sur Madama Butterfly, de Puccini, puis se poursuivait avec un aperçu, en trois soirées, de chefs-d’œuvre de l’opéra russe. Cavalleria Rusticana et I Pagliacci (deux grands succès de l’opéra italien) occupent ensuite tout le mois d’octobre ainsi que le début novembre. Événement spécial: une série consacrée à Maria Callas commence le 12 novembre. «Ce sera la seconde fois que je programme une série sur la Callas, mais cette fois-ci, c’est très différent d’il y a six ans. Au lieu de projeter des vidéos, je vais me concentrer sur l’iconographie, qui est souvent plus révélatrice encore.»
Michel Veilleux entreprenait deux autres séries cette saison. «Le mercredi soir, je présente Musique en images, consacrée à la musique classique autre qu’opératique. Pour l’instant, c’est une fois par mois, mais après les fêtes, ce sera toutes les trois semaines. Il n’y a pas eu d’annonce officielle, mais tranquillement on va rassembler un public autour de cette série.» Aussi, il y a maintenant les matinées du samedi d’Opéramania, qui permettent notamment de reprendre des soirées qui ont connu un succès retentissant.
À la lecture du dépliant de la saison, on est fasciné par le nombre de films (films-opéras ou productions scéniques filmées sur le vif) qui présentent des opéras dans leur intégralité. Cette abondance n’étonne guère Michel Veilleux, qui en possède énormément dans sa collection personnelle. «À un moment donné, j’ai tenu un catalogue qui m’avait permis de constater qu’uniquement sur le marché nord-américain il y en avait plus de 400. Et aujourd’hui, grâce à un catalogue que je mets à jour très régulièrement sur les DVD vendus en Amérique, j’ai constaté qu’on pouvait s’en procurer plus de 200. L’arrivée du DVD donne un souffle nouveau à l’entreprise. Les compagnies ne désirent plus produire des intégrales sur disque parce que ces enregistrements coûtent trop cher. On aura donc accès à de plus en plus de documents filmés durant les productions et transférés sur DVD ensuite.»
Opéramania n’est donc pas près de s’éteindre!
Dominique Olivier
Collaboration spéciale