Édition du 10 février 2003 / volume 37, numéro 20
 
  Un éditeur universitaire prospère… et non subventionné
Les publications des Presses internationales Polytechnique sont vendues dans 28 pays.

 

Lucien Foisy a beaucoup de projets pour faire grandir les Presses internationales Polytechnique, une entreprise étonnante. 

Une quinzaine de titres en moyenne par année en trois langues; une distribution dans 28 pays; des prix nationaux et internationaux; des best-sellers; un chiffre d’affaires de un million de dollars.

Et tout cela sans subvention gouvernementale. Non seulement les Presses internationales Polytechnique ne coûtent rien à l’École, qui les a créées et où sont publiés la quasi-totalité de ses auteurs, mais elles lui procurent des profits. Le succès de cette maison d’édition universitaire est presque trop beau pour être vrai.

«Tous les éditeurs en milieu universitaire pourraient faire comme nous», lance, presque gêné, Lucien Foisy, directeur général de la maison, qui fête ses 20 ans cette année. Ce diplômé en technologies éducationnelles a remis les Presses sur les rails dès sa nomination, en 1993.

 Les raisons de son succès? Il a appliqué un principe d’une simplicité désarmante: pour hausser les revenus, il faut augmenter la production. En quelques années, les Éditions de l’École Polytechnique, qui publiaient en moyenne 1,7 livre annuellement et s’enlisaient dans les déficits, sont devenues les Presses internationales Polytechnique, qui au cours de l’année écoulée ont battu leur propre record: 20 ouvrages en 12 mois.

Difficile de croire qu’il y a 10 ans à peine le président de l’École, André Bazergui, avait donné un mandat de la dernière chance au nouveau directeur: les Presses seraient rentables ou ne seraient plus. La nouvelle équipe a lancé des collections (Sciences et génie, Communication et pédagogie, Formation continue, Sciences jeunesse, Actes de colloque et, plus récemment, Vidéos et multimédia), commandé des manuscrits et poussé les traductions en anglais et en espagnol. De fil en aiguille, les bons coups se sont succédé, et l’entreprise a pris du galon.

Aujourd’hui, elle est non seulement sauve mais rentable. Même la dette accumulée (plus de un demi-million de dollars) a été résorbée. Et ce, sans aucune aide fédérale ou provinciale. «Nous nous finançons uniquement par la vente de nos livres», affirme Lucien Foisy, qui s’offre le luxe de refuser des subventions. Trop contraignantes à gérer…

Poussée de croissance

Les choses vont tellement bien pour les Presses que l’entreprise a dû quitter les locaux exigus du campus pour rapatrier dans un seul entrepôt les centaines de caisses de livres destinés aux libraires du Canada ou de l’étranger. Il faut dire que les Presses s’occupent de la distribution continentale de deux éditeurs spécialisés européens: les Éditions Technip, de l’Institut français du pétrole, et les Presses polytechniques et universitaires romandes, liées à des écoles de Lausanne et de Lyon.

Les livres des Presses internationales Polytechnique ont un tirage calculé en fonction des ventes estimées et le prix de vente est établi selon le coût de production moyen de 12 ¢ la page. Par conséquent, un des plus récents titres de la maison, Rheology, portant sur l’étude des courants dans les solides, n’aura pas le même tirage ni le même prix que la troisième édition d’un des succès de l’éditeur, Topométrie générale, de Roger Duquette et Ernest P. Lauzon.

Plusieurs ouvrages ont connu une deuxième, voire une troisième édition. Ce sont pour la plupart des manuels destinés à l’enseignement du génie au Québec ou à l’étranger. Lucien Foisy cite en exemple Des matériaux, de Jean-Paul Baïlon et Jean-Marie Dorlot, un pavé de 565 pages qui inclut 550 tableaux, figures et photos. Le tirage total de ce volume, vendu aujourd’hui accompagné d’un cédérom, atteint les 23 000 exemplaires.

La collection Sciences et génie est la plus importante de la maison, avec près de la moitié des titres du catalogue, mais on trouve aussi des livres d’initiation à la science destinés aux jeunes. Simplement scientifique, par exemple, propose aux enseignants et aux élèves des deuxième et troisième cycles du primaire des activités simples, originales et sécuritaires pour acquérir des notions scientifiques de base. À l’origine, cet ouvrage avait été rédigé pour répondre aux besoins des moniteurs du camp de jour Folie technique, organisé à l’École.

Pas peur des formules

Il y a donc une place dans le milieu de l’édition pour les livres savants? «Sans aucun doute, répond Lucien Foisy. Nous en sommes la preuve. Je dirais même que nous avons une longueur d’avance sur les autres maisons. Alors que les éditeurs traditionnels sont effrayés à l’idée de présenter des équations et des formules mathématiques dans leurs ouvrages, nous, nous en faisons notre force. Les formules, ça ne nous fait pas peur.»

Les écoles de génie sont, bien entendu, des clients tout désignés pour les Presses internationales Polytechnique. Il en existe environ 130 dans la francophonie. Les traductions ont, de leur côté, beaucoup d’avenir.

Lucien Foisy ne s’arrêtera pas là. Le rythme de croisière de la production des Presses devrait être d’une vingtaine de titres par an. Une nouvelle adjointe, Nadine Lavoie, est venue compléter l’équipe de la maison, qui compte aussi Richard Bisson (commis à la gestion des titres), Martine Aubry (commis à la production) et Bertille Massok (commis à la distribution).

Mathieu-Robert Sauvé






 
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