Une bonne alimentation peut-elle nous aider à mieux vieillir? Dans Alimentation et vieillissement, paru récemment aux Presses de l'Université de Montréal, Guylaine Ferland, professeure au Département de nutrition, répond par l'affirmative en s'appuyant sur les recherches menées depuis une quarantaine d'années.
«Un nombre grandissant de travaux indiquent en effet qu'une alimentation variée et équilibrée tout au long de la vie favorise le maintien des fonctions physiologiques, réduit les risques de morbidité et contribue à l'autonomie et au bien-être des personnes jusqu'à un âge avancé.»
Une alimentation équilibrée, la pratique d'activités physiques et le contrôle de la tension artérielle sont les trois déterminants d'une vieillesse réussie, révèle une étude japonaise échelonnée sur 10 ans et citée par Mme Ferland. De plus, note la professeure, la nutrition joue un rôle prépondérant dans l'apparition et l'évolution des maladies cardiovasculaires, des cancers et des accidents vasculaires cérébraux. L'alimentation a également une influence sur d'autres désordres associés au vieillissement, tels que l'ostéoporose, l'hypertension et le diabète.
Tout comme les plus jeunes, les gens âgés privilégient
une alimentation composée d'aliments familiers. Nous avons tous nos
plats préférés, note Guylaine Ferland. Et les habitudes
ont la vie dure. «Ainsi,
les personnes qui ont toujours fait preuve d'ouverture d'esprit en matière
d'expériences culinaires auront tendance à maintenir cette attitude à un âge
avancé. À l'inverse, les personnes qui, pour diverses raisons,
ont connu une alimentation simple pourront être plus réfractaires
aux nouveautés et aux changements.»
Perte d'appétit
La baisse de l'activité physique, la perte d'acuité sensorielle sur les plans du goût et de l'odorat, les difficultés de mastication, la prise de certains médicaments, la perte du conjoint (particulièrement pour les hommes) et des amis, la solitude et, bien sûr, la maladie, la démence et la dépression sont autant d'éléments qui peuvent diminuer l'appétit et altérer le plaisir qu'on éprouve à bien manger.
Les conséquences d'une alimentation qui manque de variété sont plus graves à 80 qu'à 20 ans. Avec l'âge, l'organisme métabolise moins bien certains nutriments, particulièrement le calcium, les vitamines A, B6 et D ainsi que le zinc. Or, on sait qu'un apport insuffisant de calcium et de vitamine D, laquelle aide à l'absorption du premier, accélère la perte de densité osseuse et augmente les risques d'ostéoporose.
Au moins le minimum
Enfin, dans son ouvrage, Guylaine Ferland donnent des conseils sur les quantités de nutriments et les choix alimentaires à privilégier pour demeurer en santé. Elle est d'avis que le Guide alimentaire canadien pour manger sainement, publié pour la première fois en 1942 et révisé plusieurs fois pour tenir compte des nouvelles connaissances, demeure valable aussi bien pour les 50 ans et plus que pour les adultes plus jeunes, notamment parce qu'il est simple à utiliser.
Les personnes âgées devraient consommer au moins le minimum de
portions suggérées dans chaque groupe alimentaire, croit-elle.
Quant aux gens qui ont moins d'appétit, ils doivent s'assurer de consommer
des aliments de haute valeur nutritive, car, «si l'appétit s'amenuise,
les besoins nutritifs, eux, ne diminuent pas nécessairement»,
conclut la professeure Ferland.
Conçu d'abord pour le cours «Alimentation et vieillissement» donné au Certificat en gérontologie de la Faculté de l'éducation permanente, l'ouvrage présente également un portrait de l'alimentation des aînés québécois et canadiens telle qu'elle est révélée par des sondages. On y traite aussi de l'évaluation nutritionnelle, des principaux problèmes de nutrition ainsi que des outils de dépistage.
Françoise Lachance
Guylaine Ferland, Alimentation et vieillissement, Les Presses de l'Université de Montréal, 2003, 340 p., 30 $.