Reconnue comme spécialité médicale au Canada depuis 1988 (et au Québec depuis 1996), la génétique médicale connaît un essor sans précédent avec les découvertes liées au séquençage du génome humain. Une profession paramédicale est née de cette science: le conseil génétique. L'Université de Montréal offrira une formation aux cycles supérieurs dans cette discipline dès l'automne prochain.
«Le conseiller ou la conseillère en génétique voit à compléter l'histoire génétique et au besoin l'arbre généalogique, et procure de l'information et du support aux individus et aux familles lorsque quelqu'un est atteint ou risque d'hériter d'une maladie génétique ou d'une anomalie», peut-on lire dans le document de présentation adopté à la dernière séance de la Commission des études le 18 mars dernier.
Quel risque court un couple de porteurs sains des gènes de phénylcétonurie, de tyrosinémie, de chorée de Huntingdon ou de fibrose kystique de mettre au monde un enfant atteint d'une de ces affections? C'est à ce genre de question que doivent répondre avec le plus de précision possible les 19 conseillers en génétique qui exercent leur profession au Québec. Un nombre insuffisant compte tenu des besoins cernés par le Conseil de la santé et du bien-être du Québec dans un avis paru en 2001.
«Il est primordial d'assurer la présence de professionnels capables d'accompagner l'individu dans sa prise de décision", pouvait-on lire dans cet avis, qui déplorait clairement le manque de professionnels formés par les universités.
D'ici cinq ans, on s'estime en mesure de tripler le nombre de conseillers. Pas besoin d'être médecin pour se diriger dans cette voie. Les deux programmes d'études créés, une maîtrise et un diplôme d'études supérieures spécialisées (D.E.S.S.), sont ouverts à «toute personne qui détient un baccalauréat en sciences de la santé, en psychologie ou dans tout autre domaine pertinent». Les professionnels de la santé, les étudiants en fin de cycle et les personnes actives sur le marché du travail (journalistes, administrateurs du secteur de la santé, chercheurs, etc.) sont les bienvenus.
Les programmes d'études sont gérés par la Faculté des études supérieures et mettent à contribution les facultés des arts et des sciences, de droit, de médecine et des sciences infirmières.
Modifications en bioéthique
La maîtrise et le D.E.S.S. en bioéthique seront modifiés en fonction d'une restructuration des programmes. On a décidé d'offrir aux étudiants trois options : éthique clinique, éthique de la recherche et éthique des politiques de santé. «Le [D.E.S.S.] est axé sur le processus éthique de la prise de décision dans les domaines de la clinique, la recherche avec des sujets humains et des politiques de santé. Il ne s'agit pas de former des techniciens de la décision mais d'intégrer la formation autour du sens, des enjeux, des méthodologies, des pratiques et des difficultés de la prise de décision éthique dans le secteur de la santé», dit le document présenté à la Commission des études.
La maîtrise, dont l'exposé des objectifs reprend ces arguments, est modifiée afin d'introduire la possibilité de rédiger un mémoire. Ce changement veut dynamiser davantage la recherche dans le secteur de la bioéthique, un besoin exprimé fréquemment par les différents acteurs confrontés aux enjeux bioéthiques tant au Québec qu'au Canada. Ces changements seront appliqués dès la rentrée de l'automne 2003.
Deux nouveaux microprogrammes
La Faculté des études supérieures, avec le concours de l'École Polytechnique et de la Faculté de médecine, créera un microprogramme complémentaire de deuxième cycle en mobilité et posture. Destiné principalement aux étudiants en génie et en sciences de la santé, ce programme permettra une plus grande spécialisation en ce qui concerne les déformations et traumatismes musculo-squelettiques, les déficits neuromusculaires et l'arthrose.
Rappelons que les problèmes musculo-squelettiques sont la principale cause d'invalidité à long terme et entraînent un recours élevé aux services médicaux. Récemment, un groupe de 30 chercheurs de l'UdeM, de l'École Polytechnique et de l'École de technologie supérieure a mis sur pied un programme de formation multidisciplinaire dans le domaine, subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada: MENTOR. Le nouveau microprogramme vient le soutenir sur le plan de l'enseignement.
À la Faculté de droit, c'est un microprogramme en common law nord-américaine qu'on offrira aux juristes en exercice. Ce programme, qui ne mènera pas nécessairement à l'obtention d'un diplôme, était souhaité par les avocats. «C'est un besoin qu'ont exprimé plusieurs praticiens du droit, a commenté le doyen, Jacques Frémont. À mon avis, c'est la mission de l'Université d'appuyer les professionnels désireux de bénéficier d'une formation continue.»
Enfin, un microprogramme en échocardiographie transœsophagienne périopératoire sera offert aux médecins anesthésiologistes qui souhaitent maîtriser cette technologie. Selon les responsables, «il est clair que son intérêt et son utilisation sont en croissance non seulement pour la chirurgie cardiaque mais aussi pour la chirurgie non cardiaque et les soins intensifs».
Mathieu-Robert Sauvé