Italies imaginaires du Québec
Référence artistique incontournable ou enjeu de la discussion politique, l’Italie, la riche où vont les pèlerins et les voyageurs, comme la pauvre d’où viennent les immigrants, participe de longue date à la vie culturelle du Québec. Les textes ici réunis retracent cette présence depuis l’époque où le clergé voulait faire de Montréal une nouvelle Rome jusqu’à aujourd’hui. Explorant les contours d’une construction imaginaire de l’Italie telle qu’elle se donne à voir dans des textes littéraires et d’autres productions artistiques, ils s’efforcent d’interroger plus globalement l’apport de ces Italies inventées aux discours identitaires du Québec.
Carla Fratta et Élisabeth Nardout-Lafarge, Italies imaginaires du Québec, Montréal, Fides, 2003, 248 p., 24,95 $.
L’aide au conditionnel
Les mesures de soutien qui visent les sans-emploi sont de plus en plus souvent assorties de conditions qu’on regroupe sous le terme de contrepartie. Ces mesures dites «actives» font appel à la responsabilité des personnes et imposent des conditions plus ou moins contraignantes. Parallèlement, l’aide tend à devenir moins généreuse. Ce livre étudie la transformation de ces mesures dans six pays: le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et le Danemark. Cette étude comparative transversale fait ressortir les relations entre les sans-emploi et l’État, le marché du travail et l’environnement social.
La contrepartie témoigne de la transformation de l’action sociale des États. La situation varie beaucoup d’un pays à l’autre, et ces différences sont révélatrices de tendances plus larges à l’œuvre dans les mesures sociales. On trouve d’un côté des pays qui organisent le traitement des sans-emploi sous un mode plutôt collectif et de l’autre des pays où l’individu et la sanction du marché constituent la référence première. Par ailleurs, si l’intervention de l’État passe de plus en plus par un soutien aux familles, celui-ci varie beaucoup au point d’apparaître comme la dimension la plus discriminante des nouvelles mesures sociales.
Ce livre propose une analyse systématique des logiques d’intervention qui façonnent ces nouvelles formes de protection sociale. Il s’adresse non seulement aux chercheurs, mais aussi aux professionnels qui interviennent auprès des personnes sans emploi et aux décideurs.
Pascale Dufour est membre du groupe de recherche interdisciplinaire Engendrer la cohésion sociale. Gérard Boismenu est directeur du Département de science politique. Alain Noël est professeur titulaire au Département de science politique.
Pascale Dufour, Gérard Boismenu et Alain Noël, L’aide au conditionnel: la contrepartie dans les mesures envers les personnes sans emploi en Europe et en Amérique du Nord, 2003, Les Presses de l’Université de Montréal.
Du sens de la vie
Si la vie a un sens, celui-ci ne peut pas être inventé de toutes pièces, mais doit être immanent à la vie elle-même. La philosophie ne peut donc pas "donner" un sens à la vie, mais seulement tenter d’éveiller l’attention à ce sens dans lequel la vie nous emporte et que les grands artisans de notre humanité, les prophètes, les artistes et les penseurs ont su mettre en langage et en images. Partant de là, Jean Grondin nous convie à un dialogue intérieur qui n’a rien d’un exercice académique. «Toute philosophie, toute vie se fonde sur l’espoir, écrit-il. L’espoir de ce livre est d’articuler cette philosophie.» C’est d’espérance, de responsabilité, de bonheur et de survie qu’il est question. L’auteur nous invite à redécouvrir que, malgré toutes ses souffrances, la vie vaut la peine d’être vécue, qu’elle n’est pas qu’une ««passion inutile», comme le prétendait Jean-Paul Sartre.
Jean Grondin est professeur au Département de philosophie et auteur de plusieurs ouvrages importants, dont L’universalité de l’herméneutique (PUF, 1993).
Jean Grondin, Du sens de la vie, Montréal, Éditions Bellarmin, 2003, 14,95 $.
Les visages de la police
Les travaux sociologiques se sont essentiellement penchés jusqu’ici sur la police publique en tenue. Or, la police revêt de multiples visages et les activités policières sont assurées par un ensemble très ramifié d’agences qui ne travaillent pas nécessairement en partenariat.
Cet ouvrage décrit donc dans toute leur complexité les modalités de la mise en œuvre de la sécurité ainsi que les diverses facettes de la police. Il rend compte des problèmes de méthode attachés à l’étude de la police surtout lorsqu’on aborde les notions de force et de coercition policière qui deviennent ambivalentes dès que l’on considère les activités d’autres producteurs de sécurité, comme les enquêteurs, les agents des services de renseignements et tout le secteur privé.
Par l’examen des réformes les plus récentes de la police qui ont donné naissance à la police de communauté et à la police de résolution de problèmes, Jean-Paul Brodeur trace un portrait juste et complet de la police en tenue.
S’appuyant sur son travail auprès de diverses commissions d’enquête judiciaires, l’auteur aborde également la police en civil et, de façon particulière, les services de renseignements ainsi que les derniers changements en matière de sécurité privée.
Cet ouvrage constitue une synthèse fort utile des plus récents développements sur la police.
Jean-Paul Brodeur, Les visages de la police: pratiques et perceptions, Les Presses de l’Université de Montréal, 2003, 393 p., 39,95 $.
Criminologie
Police et prévention: évaluation et analyse d’impact
Les expérimentalistes multiplient à l’heure actuelle leurs travaux tant en économie et en sociologie qu’en criminologie. Tout le champ des recherches évaluatives consacrées aux interventions de police, qu’elles soient préventives ou répressives, s’en trouve ainsi renouvelé. On l’a écrit, les évaluations scientifiques des programmes de prévention du crime étaient, voilà 10 ans, fort peu nombreuses dans le monde francophone. La publication de ce numéro thématique montre bien que ce n’est plus le cas aujourd’hui, fort heureusement!
À l’occasion d’un séminaire international de criminologie francophone sur les politiques publiques de sécurité tenu à Montréal en avril 2002, une vingtaine de chercheurs ont été invités à faire état des recherches évaluatives en matière d’intervention de police et de prévention de la criminalité.
Est-il possible d’évaluer, au jour le jour, les effets d’une mobilisation inhabituelle de la sécurité publique dans un contexte de crise? Comment mesurer l’importance relative, individuelle et combinée, des facteurs parfois en jeu: campagne de sensibilisation, renforcement des dispositifs de prévention situationnelle et accroissement concomitant des arrestations? Peut-on préciser quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour la mise en place d’une stratégie ciblée — ici, la vidéosurveillance — des plus efficaces? Les auteurs dont les articles sont réunis dans ce numéro ne se contentent pas de formuler ces questions dans l’abstrait. Ils y répondent en renvoyant à l’expérience, faits à l’appui et le plus souvent de manière fort ingénieuse, l’ingéniosité et la créativité étant la marque de commerce des recherches évaluatives les plus probantes. Celles-ci se distinguent également par d’autres caractéristiques: souci persistant de cerner avec finesse et précision aussi bien les effets recherchés que les conséquences imprévues, volonté de faire état de la variété et de la qualité des moyens investis à cette fin, effort de mettre au jour le savoir-faire des praticiens de la sécurité publique.
Pierre Tremblay et coll., Criminologie, vol. 36, no 1, Police et prévention: évaluation et analyse d’impact, Les Presses de l’Université de Montréal, 2003.