Sur la place de La Laurentienne la semaine dernière, Mélissa Poirier, Nicolas Proulx, Gabriel Trottier-Hardy et Olivier Charest, des étudiants de la Faculté de droit, fêtaient la rentrée des jeunes recrues universitaires en leur faisant subir les «plaisirs» de l’initiation.

Chaque année, au début de septembre, une faune bigarrée envahit le campus de l’Université de Montréal et foule bruyamment les flancs du parc du Mont-Royal. Il s’agit des nouveaux étudiants qui, bon gré mal gré, subissent leur initiation. Une tradition délaissée par la plupart des autres universités, mais qui demeure bien ancrée à l’UdeM.

C’est ainsi que, d’un bout à l’autre du campus la semaine dernière, on a vu des groupes de nouveaux subir la «torture» de ceux et celles qui l’an dernier se pliaient eux-mêmes aux caprices de leurs aînés. À entendre les éclats de rire des uns et des autres, les rituels initiatiques ne semblaient pas trop traumatisants ni trop scabreux. «On encourage la participation, mais on ne force personne à boire. L’idée n’est pas de malmener les nouveaux, mais de favoriser leur intégration, confiait Nicolas Proulx, un organisateur de la rentrée à la Faculté de droit. Les initiés connaîtront davantage de gens de leur champ d’études grâce aux échanges favorisés par les jeux et les épreuves d’habileté.»

Les initiations universitaires marquent-elles un rite de passage vers le statut d’étudiant? Pour Guy Lanoue, professeur au Département d’anthropologie, cela ne fait aucun doute. «Le rituel est l’adhésion à un modèle réduit de la société dont la durée est restreinte dans le temps. Le rituel doit aussi s’accompagner d’un sens.»

En se basant sur cette définition, le bizutage constituerait bel et bien un rite de passage, selon l’ethnologue. Dans toutes les sociétés et depuis toujours, ce passage comprend trois étapes successives: l’adhésion, la période de transition et l’agrégation du nouveau statut. À l’université, l’adhésion est marquée par l’acceptation de se réunir; la période de transition est représentée sous la forme d’épreuves où deux activités sont à l’honneur: boire et se salir; l’étape de l’agrégation, elle, se divise en deux temps: d’abord les initiés se lavent et laissent tomber leur costume de novice pour revêtir des vêtements propres, ensuite ils participent aux activités de clôture des festivités, qui permettent aux uns de découvrir leur nouveau milieu et aux autres de se replonger dans l’atmosphère du campus.

Le sens, lui, est révélé par l’aveu des participants. «Les initiations, c’est super. Elles permettent de créer des liens et favorisent le développement d’un sentiment d’appartenance», affirme Patrick Naccache, étudiant à la Faculté de droit. Enfin, les initiateurs eux-mêmes donnent un sens aux initiations: elles ne servent pas seulement à «crotter» les p’tits nouveaux; elles réaffirment aussi la cohésion du groupe, c’est-à-dire la continuité, d’année en année.

Soyez de la fête

Initier les nouveaux étudiants est une tradition qui remonte à 1919, année où l’UdeM est devenue autonome. À l’époque, la messe du Saint-Esprit présidait la rentrée universitaire. Aujourd’hui, même si la bière coule à flots, le programme de la rentrée comprend des activités comme le jeu-questionnaire étudiant «Bols et bolles», l’épluchette de blé d’Inde et un spectacle de musique. La seule activité qui ait subsisté depuis 80 ans, c’est la danse. Qu’elle porte le nom de «danse des cassés», «bal des nouveaux» ou «party deux étages», la danse demeure la grande activité de clôture des festivités. «C’est une étape importante, car elle marque la fin du rituel», souligne le professeur Lanoue.

Cette année, le traditionnel «party deux étages» se déroulera le 11 septembre à 22 h au Pavillon J.A.-DeSève, situé au 2332, boulevard Édouard-Montpetit. Il sera suivi du match d’ouverture de l’équipe de football des Carabins le 13 septembre au Centre d’éducation physique et des sports de l’Université.

Pour connaître le programme détaillé des activités organisées par la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM, consultez le site www.faecum.qc.ca.

Dominique Nancy