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«De plus en plus de chercheurs veulent commercialiser leurs découvertes», soutient le dirigeant d’Univalor, Denis N. Beaudry, qu’on voit ici en compagnie de l’immunologue Rafick-Pierre Sekaly (au centre) et du secrétaire d’État responsable de Développement économique Canada, Claude Drouin (à gauche). |
«On prévoit créer 24 entreprises et 600 emplois d’ici quatre ans», affirme le président-directeur général d’Univalor, Denis N. Beaudry, dont la société à capital de risque vient de recevoir un prêt sans intérêt de quatre millions de dollars de Développement économique Canada pour donner vie aux découvertes des quelque 1500 chercheurs de l’Université de Montréal et de ses écoles et hôpitaux affiliés. Chaque année, Univalor traite environ 80 déclarations d’invention.
«Cet appui financier renforcera significativement les moyens dont Univalor dispose pour commercialiser les résultats de la recherche universitaire de ses partenaires», a souligné le recteur, Robert Lacroix, à l’occasion de l’annonce de cette contribution du gouvernement fédéral. Actuellement, Univalor compte un portefeuille d’une quinzaine d’entreprises dérivées. Elle entend doubler cet effectif d’ici 2007.
Un objectif qui n’est pas irréaliste, selon le dirigeant d’Univalor. Non seulement l’enthousiasme des chercheurs à sortir de leur laboratoire marque un tournant, dit-il, mais les gens d’affaires, profitant d’une conjoncture économique favorable, se montrent de plus en plus enclins à contribuer à la commercialisation des produits brevetés par les scientifiques.
La société prévoit ainsi que des investisseurs injecteront au cours des quatre prochaines années jusqu’à 80 M$ dans ses projets.
Un appui à la commercialisation
Créée en 2001, Univalor a pour mission de commercialiser des inventions et découvertes réalisées par des chercheurs de l’Université de Montréal, de ses écoles, Polytechnique et HEC Montréal, et de la plupart des centres hospitaliers affiliés, soit l’hôpital Sainte-Justine, le CHUM, l’Hôpital du Sacré-Cœur, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’Institut de cardiologie de Montréal et l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
Cette société de gestion procède à des transferts technologiques, c’est-à-dire qu’elle commercialise les inventions des chercheurs. «Nous accompagnons les chercheurs dans les différentes étapes qui mènent à la commercialisation et au transfert d’une technologie vers l’industrie, explique M. Beaudry, qui travaille de concert avec le Bureau de liaison entreprises-Université et des subventions. Notre rôle n’est pas d’obliger les professeurs à exploiter commercialement leurs découvertes, ajoute-t-il. Les chercheurs demeurent libres de breveter ou non les résultats de leurs recherches. Mais s’ils le désirent, nous sommes là pour les aider.»
Le mandat d’Univalor est ambitieux et ses projets variés. En deux ans d’existence seulement, Univalor et ses partenaires associés ont obtenu une vingtaine de licences et breveté pas moins de 127 technologies dont 83 sont en voie d’être commercialisées! Nova-Plasma en est un exemple. Cette firme se spécialise dans la conception de matériaux ultraperformants pour écrans d’affichage plats. Pour sa part, Phostech Lithium a mis au point une cathode à base de phosphate pour la fabrication des batteries au lithium, un marché de 10 milliards d’euros par an.
Compétitivité nationale
En plus de contribuer au développement de notre économie, les activités d’Univalor engendrent des bénéfices pour l’Université et ses établissements affiliés.
Mais il reste encore du chemin à parcourir. «Le Canada a toujours l’air d’un pays en développement si on le compare avec les États-Unis», indiquait M. Beaudry à Forum l’automne dernier (voir l’édition du 30 septembre 2002). Chez nos voisins américains, «les investissements totalisent annuellement 25 milliards pour 10 800 inventions… Au Québec, la situation est encore pire. Le nombre de brevets et de licences déposés est inférieur de moitié à la moyenne du reste du Canada.»
Pour le secrétaire d’État responsable de Développement économique Canada, Claude Drouin, «la valorisation de la recherche demeure un secteur encore trop peu développé par les universités et trop peu connu des dirigeants de PME. En consentant son appui financier à Univalor, dit-il, le gouvernement du Canada non seulement recherche un rendement qui sera bénéfique pour tous les partenaires, mais souhaite également que cette culture s’implante chez nous parce que c’est la meilleure garantie de notre capacité d’innovation et de notre compétitivité à l’échelle nationale.»
Dominique Nancy