Selon Bhawan Singh, professeur au Département de géographie et spécialiste des changements climatiques, trois facteurs expliquent la hausse du niveau des océans : l’expansion thermique de l’eau (40 %), la fonte des glaces dans les régions montagneuses (40 %) et la fonte des glaciers polaires (20 %), principalement au Groenland.
«On a calculé que le niveau des océans monte en moyenne de un à deux millimètres par an depuis un siècle, explique-t-il. Mais cette hausse ne s’observe pas de façon uniforme sur la planète. En Scandinavie, par exemple, la fonte des glaciers libère le continent d’un poids énorme. Résultat : les côtes se soulèvent et l’on assiste à un recul des eaux.»
Il faut bien comprendre que les banquises, formées sur les pôles par l’eau de mer gelée, ont une influence négligeable sur ce phénomène en comparaison de l’expansion thermique. Tous savent qu’un cube d’eau prend plus de place lorsqu’il est déposé dans le congélateur. Le contraire est aussi vrai : l’eau prend de l’expansion quand elle est chauffée. On ne peut pas observer ce principe à petite échelle, dans une casserole par exemple, mais sur le bord de l’océan Atlantique, oui. Or, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, de l’ONU, la température moyenne du globe a augmenté de 0,8 ºC depuis un siècle (1,2 ºC au Canada). Une tendance qui pourrait aller en s’accélérant à cause de l’effet de serre.
La fonte des glaces formées par l’eau douce sur le haut des montagnes et dans les régions subpolaires provoque également un apport dans les océans. Cette fonte est ressentie des Alpes à
la cordillère des Andes, où certains glaciers qu’on croyait "éternels" ont complètement disparu au cours des dernières décennies. On craint d’ailleurs que cette eau non salée modifie la composition chimique des océans et mette en péril la «pompe à chaleur» de l’Europe, le Gulf Stream, sorte de rivière sous-marine qui transporte vers le nord l’eau chaude des tropiques.
Pour mettre un frein à la hausse du niveau des océans, qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques comme l’inondation de villes entières, il faudrait stopper l’émission de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane) provoquée par l’activité humaine. C’est ce que visait le protocole de Kyoto, un "tout petit pas", selon M. Singh, mais que les États-Unis ont refusé de franchir.
Mathieu-Robert Sauvé