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Dr Emmanuel Stip |
Au Canada, ce sont 300 000 personnes, dont 70 000 Québécois, qui souffrent de schizophrénie. Il en coûte, en frais directs et indirects, plus de quatre milliards de dollars par année à l’économie du pays.
Pour faire avancer la recherche sur cette maladie dont les origines précises demeurent inconnues, une nouvelle chaire vient d’être créée à l’Université. La chaire Eli Lilly Canada de recherche en schizophrénie se consacrera au dépistage et au traitement précoces de la schizophrénie et plus particulièrement à la mise au point de nouvelles molécules antipsychotiques.
La chaire a été inaugurée le 23 septembre dernier en présence du ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Philippe Couillard, qui a tenu à participer à l’événement en tant que diplômé de la Faculté de médecine et neurochirurgien préoccupé par le problème de la schizophrénie.
Pour ses cinq premières années, la nouvelle unité de recherche dispose d’un financement de 1,2 M$ d’Eli Lilly Canada et de 200 000 $ versés en parts égales par la Fondation de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et la Fondation de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine.
La direction de la chaire a été confiée au Dr Emmanuel Stip, professeur au Département de psychiatrie et chercheur au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine (voir l’encadré). Bien connu pour ses travaux sur les antipsychotiques utilisés dans le traitement de la schizophrénie, le Dr Stip a également conçu une échelle d’évaluation des symptômes de cette maladie. Il travaille sur les aspects à la fois subjectifs et cognitifs liés aux hallucinations auditives et à l’affaiblissement des habiletés affectives.
Pour la mise au point de nouveaux antipsychotiques, la chaire recourra aux technologies de pointe en pharmacologie, neuropsychologie cognitive, imagerie cérébrale, étude du sommeil et psychothérapie cognitivo-comportementale.
Dans le milieu de la santé, cette chaire, qui compte sur la collaboration de chercheurs cliniciens et fondamentalistes de deux établissements hospitaliers et de l’entreprise privée, est considérée comme une «initiative de partenariat exemplaire».
Daniel Baril
Le psychiatre photographe et Les impatients |
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Un psychiatre doit savoir photographier l’âme de ses patients. Le Dr Emmanuel Stip, titulaire de la chaire Eli Lilly Canada de recherche en schizophrénie, a pour sa part demandé à ses patients de photographier le monde qui les entoure.
Lui-même photographe amateur, il a eu l’idée de proposer un atelier de photographie à 52 de ses patients et ex-patients afin de leur faire vivre une expérience valorisante. Munis d’un appareil jetable, les photographes d’un jour avaient comme seule consigne de ne pas mettre le doigt sur l’objectif!
«Au-delà de mes préoccupations de chercheur, l’art permet de poser un autre regard sur la réalité, explique le professeur Stip. La création artistique est propre à l’être humain et elle apporte à l’individu des réponses à certaines de ses questions. En découpant le monde qui l’entoure, le photographe dépasse la vision normale de la réalité; le schizophrène fait la même chose, mais il n’a pas la capacité de revenir volontairement à la réalité.»
L’expérience, menée à l’intérieur de l’Atelier d’art thérapeutique de l’hôpital Louis-H.-Lafontaine, a donné naissance au groupe Les impatients. Elle a également conduit à une exposition photographique à la maison de la culture Rosemont– Petite-Patrie à l’occasion du Mois de la photo, en octobre 2001. Une partie de l’exposition était présentée dans le Hall d’honneur au lancement de la chaire Eli Lilly, le 23 septembre dernier.
«Dans cette exposition commune, la vision du psychiatre et celle des patients finissent par se confondre», a souligné le psychiatre.
D.B. |
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