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Un campus en pleine expansion. |
Le recteur Robert Lacroix livrait, dans l’après-midi du 29 septembre, son allocution annuelle devant les membres de l’Assemblée universitaire.
Texte intégral de l'allocution du recteur.
M. Lacroix a dressé un bilan de son premier mandat en mesurant le chemin parcouru depuis son arrivée en poste, en 1998. En cette année de 125e anniversaire de l’Université, le recteur a par ailleurs rendu un hommage à tous ses bâtisseurs. À commencer par Roger Gaudry.
M. Lacroix a fait également état des nombreux projets en chantier et rappelé que les défis restent énormes. Nous publions quelques-uns des extraits les plus percutants de son discours, qui peut être lu dans son intégralité sur le site < www.umontreal.ca >.
Le Pavillon principal devient le Pavillon Roger-Gaudry
Ce 125e anniversaire nous offre une occasion choisie de rendre hommage à tous ces bâtisseurs qui, de génération en génération, ont fait de l’Université ce qu’elle est aujourd’hui. Sans eux, l’Université de Montréal ne serait encore qu’un projet et nous ne pourrions célébrer cette année les réalisations de ce haut lieu du savoir et de la formation.
C’est pour souligner l’apport exceptionnel d’un de ces bâtisseurs qu’après consultation le comité de toponymie a recommandé au Comité exécutif de renommer le Pavillon principal «Pavillon Roger-Gaudry» à la mémoire du premier recteur laïque de notre établissement et du principal artisan de sa modernisation pendant la Révolution tranquille. Ce geste, je le vois comme un écho au jugement récent de Phyllis Lambert sur cet immeuble majestueux: "Unique de bien des façons, moderne dans la forme comme dans l’esprit, ce bâtiment constitue, à partir des traditions profondément enracinées du Montréal français et catholique, une sorte de projection dans un futur caractérisé par un mouvement vers la laïcisation et une volonté de rayonnement international.»
Il y a maintenant cinq ans que j’occupe les fonctions de recteur. Au terme de ce premier mandat, il m’a paru important de dresser un bilan global avant de donner les grandes lignes du plan d’action des deux années qui suivront. Il incombe à tous les membres de la communauté universitaire de léguer aux générations à venir une université plus riche, plus apte à repousser les frontières du savoir et mieux armée pour former la relève scientifique et professionnelle dont notre société a un urgent besoin. C’est ce que nous avons tenté de faire ensemble au cours des cinq dernières années et, à la lumière de ce bilan, je pense pouvoir dire que nos réalisations sont à la hauteur de nos intentions.
Les études et les étudiants
Depuis l’automne 1998, nous avons créé, tous cycles d’études confondus, 64 programmes, dont 15 programmes bidisciplinaires, et procédé à une refonte de 73 autres programmes. En tout, ce sont près de 140 programmes qui ont été revus ou implantés dans le but d’accroître la qualité de la formation et d’offrir un enseignement pertinent qui réponde aux besoins de notre clientèle étudiante. Cet immense chantier, ouvert par l’ensemble de nos unités, a porté ses fruits au-delà de nos attentes et s’est traduit par la création de programmes qui connaissent un franc succès auprès de nos étudiants, notamment en études internationales, statistiques sociales et bio-informatique.
De toute évidence, les étudiants ont été sensibles à la réforme de nos programmes puisqu’ils sont aujourd’hui plus nombreux à venir à l’Université de Montréal. Par comparaison, il y avait l’an dernier 5421 étudiants équivalents temps complet de plus qu’en 1998. Cette hausse de l’effectif étudiant, il est important de le noter, ne s’est pas faite au détriment de la qualité des candidatures à l’admission: bien au contraire, la cote R moyenne des candidats s’est remarquablement maintenue et a même sensiblement augmenté. De même, l’accroissement de l’effectif étudiant ne s’est pas soldé par une augmentation des abandons: au premier cycle par exemple, le pourcentage d’étudiants passant de la première à la deuxième année a atteint 74,2 % en 1998 en comparaison de 76,3 % en 2001. Cette persistance accrue entraînera à terme une croissance de la diplomation.
Le corps professoral
Depuis 1998, le visage de l’Université de Montréal a changé. Au cours de cette période, notre établissement a recruté massivement afin de pourvoir des postes de professeurs, vacants ou nouveaux. En chiffres absolus, nous comptons 133 professeurs de plus qu’en 1998, mais ce sont 364 professeurs que nous avons dû engager pour remplacer ceux qui ont pris leur retraite et soutenir la croissance de notre corps professoral. Sur quatre professeurs que vous croisez dans les couloirs de l’Université, un d’entre eux n’était pas là il y a cinq ans.
Cette transformation spectaculaire du corps professoral n’aurait pu s’opérer sans un intense travail de recrutement. Nos unités ont tout mis en œuvre pour trouver des candidats compétents, les attirer à l’Université de Montréal et les intégrer aux activités et à la vie de notre établissement. Malgré ces efforts, le corps professoral de l’Université affiche toujours un déficit d’une centaine de membres. Seule l’augmentation du personnel enseignant à temps partiel nous aura permis de maintenir la qualité de la formation et de l’encadrement dans une période de forte croissance de notre effectif étudiant au premier cycle.
Le personnel de soutien a lui aussi connu une période de renouvellement et une croissance. De 2107 qu’il était en 1998, le nombre de cadres, de professionnels et d’employés de soutien est passé à 2371 l’an dernier. Là encore, il nous a fallu recruter en grand nombre: 480 nouveaux employés ont mis leurs compétences au service de l’Université depuis 1998, pour un taux de renouvellement qui frôle les 20 %. La composition par compétences s’est modifiée pour mieux répondre aux besoins présents de l’établissement.
Deux projets majeurs: l’Institut d’évaluation en santé et le CHUM
Depuis cinq ans, l’Université de Montréal a mis sur pied de nombreux projets de recherche d’envergure internationale, notamment en nanosciences, matériaux nouveaux, immunovirologie et cancérologie, statistiques sociales et médecine vétérinaire. Ces projets sont pour la plupart en cours de réalisation et je consacrerai l’essentiel de mon second mandat à veiller à ce qu’ils soient tous menés à terme. Car, comme le disait Valéry, «ce qui n’est pas achevé est moins avancé que ce qui n’est pas commencé». De la pérennité de ces grands projets dépend pour beaucoup la place qu’occupera l’Université de Montréal dans le paysage universitaire nord-américain des 40 prochaines années.
L’Université n’entend toutefois pas vivre des rentes des projets qu’elle a mis en branle. Au cours des prochaines années, nous consacrerons temps et énergie à lancer deux grands projets mobilisateurs. Le premier consistera à regrouper sous un même toit et à une même enseigne les activités de recherche et de formation de l’Université de Montréal touchant aux dimensions organisationnelle, sociale, évaluative et de politique publique du secteur de la santé: administration de la santé, organisation et gestion des services de santé, médecine sociale et préventive, santé environnementale et santé au travail, santé des populations, évaluation des interventions en santé, évaluation des technologies médicales, aspects sociaux de la santé et santé internationale. Le nouveau regroupement, qui logera dans l’immeuble du Mont-Jésus-Marie, fédérera des chercheurs aussi bien des sciences humaines et sociales que des sciences de la santé: il se veut multidisciplinaire et intégrera notamment un important volet sur l’utilisation des statistiques sociales dans le domaine de la gestion de la santé.
Par la création de l’Institut d’évaluation en santé (IDEES), nous voulons nous assurer un leadership national et international dans un secteur dont la pertinence sociale ne fait aucun doute. Je rappelle que l’Université de Montréal dispose d’emblée d’une formidable concentration de chercheurs dans les domaines précités. En effet, tous horizons disciplinaires confondus, c’est plus d’une centaine de professeurs, une cinquantaine de chercheurs postdoctoraux, quelque 400 étudiants aux cycles supérieurs et plus de 25 M$ par année en subventions de recherche qu’on trouve dans ces champs disciplinaires.
Le second projet d’envergure que l’Université de Montréal lancera dans le secteur de la recherche a partie liée avec l’implantation future du CHUM. En décembre 2003, l’UdeM et le CHUM soumettront au gouvernement du Québec une proposition relative à l’implantation du CHUM, proposition qui définira la vocation scientifique du Centre hospitalier de l’UdeM. Le regroupement des chercheurs du CHUM en un même lieu s’inscrit pour l’Université dans la stratégie globale de concentration des ressources, qu’elle applique depuis quelques années avec succès. Pour notre établissement, le CHUM représente un enjeu majeur de la recherche médicale et biomédicale. L’Université ne peut se passer d’un CHUM nouveau et a une responsabilité partagée dans la réalisation du projet. Elle entend assumer pleinement son rôle dans ce dossier au cours des prochains mois.
Relancer le secteur des lettres et des sciences humaines
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Robert Lacroix |
La relance des lettres et des sciences humaines ne saurait souffrir de délais supplémentaires. En concertation avec les facultés visées, nous annonçons aujourd’hui l’ouverture d’un vaste chantier de restructuration de ce secteur de toute première importance pour l’Université de Montréal.
Au cours des deux années qui suivront, de nombreux projets seront mis sur pied qui couvriront, entre autres, le rayonnement du premier cycle et le financement des étudiants des cycles supérieurs; seront aussi implantés un programme de professeurs invités et un programme de résidents; la restructuration visera de plus les acquisitions de la Bibliothèque des lettres et des sciences humaines, le soutien incitatif à la recherche subventionnée et le renforcement des regroupements de recherche.
Pour financer ces projets, l’Université constituera un fonds de relance de 2,5 M$, qui assurera une disponibilité financière de l’ordre de 500 K$ en moyenne par année pendant cinq ans. Ce fonds permettra de garantir un financement partiel de la relance et devra servir de levier pour accroître les ressources de diverses provenances dans ce secteur.
La relance des lettres et des sciences humaines passera également par une réorganisation de l’espace dévolu sur le campus à ce domaine. Grâce à l’acquisition du Mont-Jésus-Marie, nous serons en mesure, à compter de cette année, de redessiner la géographie du campus: nous n’excluons pas la possibilité de libérer des locaux afin de pouvoir procéder au regroupement, au Pavillon 3150 Jean-Brillant et en périphérie, de l’ensemble des unités d’enseignement et de recherche en lettres et en sciences humaines. Cette expansion visera notamment à répondre plus adéquatement aux besoins des étudiants des cycles supérieurs et à soutenir les infrastructures de recherche.
Toute relance doit comporter un projet qui lui sert d’armature. C’est pourquoi j’entreprends dès maintenant les démarches qui conduiront à la construction d’un pavillon de quelque 6000 m2 nets, greffé sur la Bibliothèque des lettres et des sciences humaines. Ce nouveau pavillon comprendra un centre de conservation des collections de livres rares et autres collections spéciales, et est appelé à devenir un lieu exceptionnel de formation, de recherche, d’animation et de rayonnement pour l’ensemble de notre secteur des lettres et des sciences humaines. L’étude de faisabilité de ce projet a déjà été validée par les architectes Lemay et Associés et remise à la direction de l’Université en décembre dernier.