Édition du 20 octobre 2003 / volume 38, numéro 8
 
  Les clés de l’employabilité: planification et passion
Cinq diplômés de doctorat livrent leurs conseils et le fruit de leur expérience sur le marché du travail.

Rien ne vaut une minutieuse planification et la passion pour son sujet de recherche quand vient le temps de dénicher un bon emploi au terme d’études doctorales. Et la planification commence dès le baccalauréat.

Ce sont les deux règles d’or qui ont fait consensus à la table ronde organisée par la Faculté des études supérieures (FES) le 7 octobre dernier à l’intention des étudiants des cycles supérieurs.

«Ne faites pas comme moi; soyez prévoyants», a déclaré Christophe Bedos, diplômé en médecine dentaire et actuellement professeur à l’Université McGill. Originaire de France, M. Bedos est venu au Québec afin d’y faire une maîtrise et d’ajouter un volet international à sa formation. Il s’y est installé. Sa réussite professionnelle, il la doit, de son propre aveu, à l’excellence de son encadrement: «Mon directeur a su entrevoir des perspectives d’avenir que, moi, je ne voyais pas.»

Il recommande par ailleurs aux étudiants d’établir des liens avec les chercheurs d’autres universités en vue d’y poursuivre d’éventuels postdoctorats. «Il faut aussi choisir un sujet qui nous plaît et prendre du plaisir à ce qu’on fait», a-t-il poursuivi.

Richard Luger, diplômé en sciences économiques, conseille pour sa part de diversifier sa formation. «C’est un avantage énorme», affirme-t-il. C’est au cours de sa formation en informatique, son premier domaine d’études, qu’il a découvert son intérêt pour l’économie. Il a même ajouté une troisième corde à son arc en étudiant les mathématiques.

À son avis, la maîtrise n’est pas suffisante pour trouver de l’emploi dans ces secteurs, même si un diplômé de deuxième cycle peut être tout aussi compétent qu’un diplômé de doctorat. «Et il faut chercher à voir où l’on sera dans 10 ans», a ajouté celui qui enseigne aujourd’hui en Albanie et en Macédoine.

Caisse de dépôt et Réno-Dépôt

Aurèle Wisse, diplômé en mathématiques, a montré à partir de son propre cas qu’il est possible d’obtenir des postes de haut niveau avec une formation dans cette discipline. Son poste à la Caisse de dépôt et placement se trouve toutefois à la limite de sa formation de base. «Pour me préparer à l’entrevue, je me suis imposé une formation rapide en économie, mais toutes les questions ont porté sur les mathématiques. Les grandes banques engagent des mathématiciens et même des physiciens pour leur esprit "quantitatif"qui les rend aptes à découvrir des solutions aux problèmes.»

Il aurait toutefois aimé bénéficier des services d’un conseiller en emploi au cours de sa formation afin d’être mieux informé des débouchés possibles. Aux étudiants actuels, il suggère de planifier tôt, de rechercher des compétences complémentaires et de se renseigner sur le marché du travail.

Diplômée en études françaises, Claudine Jomphe a eu quant à elle un parcours sinueux. Après avoir enseigné trois ans dans une université du Missouri, où elle a dû opérer une «reconversion de mentalité», elle est revenue à Montréal parce que la situation là-bas ne convenait pas à son couple. Elle cherche alors désespérément du travail en offrant partout ses services, à la Régie de l’assurance- maladie comme chez Réno-Dépôt.

Elle obtient enfin un emploi à 32 000 $ par année chez un éditeur qui hésite au départ à l’engager à cause de sa «surqualification». Finalement, un poste à sa mesure s’ouvre à la Bibliothèque nationale. «Ma formation qui était un boulet est devenue un passeport pour un travail correspondant à mon profil, a-t-elle confié. Mais lorsque j’étudiais Ronsard, je ne me serais jamais attendue à devenir gestionnaire.»

Des cinq intervenants, Manon Valiquette est celle qui a connu le parcours le plus «traditionnel». Diplômée en biochimie, elle a eu le coup de foudre pour la recherche dès la maîtrise et a pu bénéficier du passage direct au doctorat pour trouver tout de suite après un emploi dans un centre privé de recherche en biochimie.

La maîtrise des règles de la communication écrite et orale, acquise auprès d’un directeur exigeant en cette matière, a été pour elle un atout, ses employeurs soulignant la clarté de ses écrits. «Un conseil, a-t-elle déclaré: il ne faut jamais oublier la passion. C’est quand on est passionné qu’on est bon.»

L’animateur de la table ronde, Jacques Boucher, a conclu le débat en soulignant que, s’il faut savoir planifier, il faut également être prêt à prendre des risques puisqu’on ne sait pas ce que sera le marché du travail dans 10 ans.

Pour assurer le meilleur encadrement possible aux cycles supérieurs, la FES a annoncé, au terme de cette rencontre, la publication de deux brochures d’information qui seront distribuées à tous les étudiants et à tous les professeurs des 2e et 3e cycles. La première, destinée aux étudiants, contient notamment des renseignements sur les ressources humaines et matérielles disponibles à l’UdeM, des conseils pour choisir son directeur de recherche et pour passer à travers les étapes difficiles. La seconde, à l’intention des professeurs, établit les règles à suivre pour assurer un encadrement de qualité et pour gérer la relation dirigeant-dirigé.

Daniel Baril

Les quatre meilleures thèses de l’année 2002-2003

 

La rencontre organisée par la Faculté des études supérieures (FES) le 7 octobre a été l’occasion pour la FES de décerner ses prix de la meilleure thèse dans ses quatre grands champs de formation.

Pour être admissibles à ces prix, les diplômés doivent avoir maintenu une moyenne remarquable pour l’ensemble de la scolarité et avoir reçu une évaluation qualifiée d’excellente par tous les membres du jury de la thèse. Des 27 candidats qui ont été sélectionnés, 12 finalistes ont été retenus. La sélection finale s’est faite avec la collaboration de professeurs d’autres universités participant à des concours du même genre.

Les quatre lauréats pour l’année 2002-2003 sont: Emmanuelle Sauvage, en sciences humaines et lettres, pour son analyse de la structure textuelle dans l’œuvre du marquis de Sade; Pascal Bernachez, en sciences de la santé, pour ses travaux sur les mécanismes intracellulaires des cellules cancéreuses; Isabelle Écuyer-Dab, en sciences sociales, pour son interprétation évolutionniste des habiletés spatiales; et Darrell Desveaux, en sciences fondamentales et appliquées, pour ses travaux sur les gènes de défense chez les végétaux.

Chacun des prix comprend une bourse de 1500 $.

 



 
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