Édition du 20 octobre 2003 / volume 38, numéro 8
 
  Capsule science
Existe-t-il des bactéries visibles à l’œil nu?

Sur la côte namibienne, au sud-ouest de l’Afrique, ont été découvertes en 1999 les plus grosses bactéries du monde vivant. Elles mesurent de 0,1 à 0,3 mm. Les plus grandes atteignent 0,75 mm, soit la grosseur d’une tête d’épingle. «Ces espèces sont parfaitement visibles à l’œil nu puisqu’elles font 700 fois la taille des bactéries classiques», affirme le professeur Serge Montplaisir, du Département de microbiologie et immunologie de la Faculté de médecine.

Par comparaison, si les plus gros micro-organismes connus jusqu’à présent ont la taille d’un lion, ces bactéries géantes atteignent celle d’une baleine bleue. Les bactéries classiques, elles, s’apparentent plutôt à une souris. Disposées en ligne, elles forment un nouveau type de bactéries sulfato-réductrices, leurs microscopiques granules de soufre réfléchissant la lumière.

Baptisée Thiomargarita namibiensis, «la perle de soufre de Namibie», cette créature anaérobie doit ses dimensions exceptionnelles à son énorme vacuole remplie de nitrates, qui occupe 98 % de son volume. Question de survie. C’est que la Goliath des bactéries vit dans les sédiments marins, où il y a peu de nutriments, encore moins d’oxygène et beaucoup de soufre, un gaz toxique pour la plupart des animaux.

Thiomargarita a donc dû s’adapter à cet environnement hostile et apprendre à se nourrir de matières soufrées. Comment? Elle oxyde le sulfure, c’est-à-dire qu’elle lui enlève ses électrons, grâce à des nitrates qu’elle extrait de l’eau de mer. Mais comme les nitrates ne sont amenés que de temps en temps dans les sédiments à la faveur de gros orages, elle doit en emmagasiner une grande quantité dans sa vacuole. Elle peut alors subvenir à ses besoins pendant plusieurs mois sans apport extérieur et attendre que les substances nutritives viennent à sa portée.

Un phénomène adaptatif qui ne surprend pas le professeur Montplaisir. «La résistance des bactéries est telle qu’on a trouvé des spores bactériennes dans les sarcophages des pharaons», dit-il. Il souligne par ailleurs que seule une minorité de bactéries provoque des maladies. «La majorité sont très utiles à l’homme: par exemple, les bactéries présentes dans l’intestin aident à digérer; on utilise aussi des bactéries pour fabriquer des aliments ou encore pour améliorer notre environnement.»



 
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