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Michel Bergeron est le premier titulaire du poste d’éthicien au Comité universitaire d’éthique. |
Un spécialiste en éthique de la recherche, Michel Bergeron, dirige depuis le 2 juin dernier le Comité universitaire d’éthique de l’Université de Montréal. Premier titulaire du poste d’éthicien au sein de ce comité, il offre ses services de consultant au personnel qui s’apprête à mener des recherches avec des sujets humains. «Je suis à la disposition des étudiants et des chercheurs qui veulent avoir des conseils avant de soumettre leur projet de recherche à l’examen du comité d’éthique de leur faculté ou hôpital. Cela pourrait leur faire gagner beaucoup de temps», dit-il.
Michel Bergeron possède une solide expérience des comités d’éthique de la recherche (il siège notamment à celui de l’École de technologie supérieure, et a siégé aux comités du Centre hospitalier des vallées de l’Outaouais et de l’Université du Québec en Outaouais) et peut rapidement voir ce qui est susceptible de poser problème lorsqu’un chercheur soumet son projet à l’approbation du comité de son unité.
Qui peut faire appel à ses services? Tous ceux qui comptent faire appel à des sujets humains pour la réalisation de leurs travaux. «L’éthique de la recherche ne se limite pas aux sciences biomédicales, rappelle-t-il. Un volet important concerne les sciences humaines et les sciences sociales. Par exemple, on peut penser à une étude en psychologie sur les survivants de tentatives de suicide. Cette étude pourrait soulever des problèmes éthiques sérieux si elle ravive chez les sujets de vieilles blessures.»
Un comité pour l’éthique
Créé au milieu des années 90, le Comité universitaire d’éthique (CUE) a pour fonction de promouvoir des recherches éthiques tant en sciences biomédicales que dans les sciences humaines et sociales. «Pour une recherche impliquant des sujets humains, les professeurs, les chercheurs et les étudiants doivent se conformer aux règles générales de déontologie et, par conséquent, ils doivent obtenir un certificat d’éthique émis par l’un des quatre comités sectoriels d’éthique de la recherche de l’Université, peut-on lire sur le site du CUE. Qu’il s’agisse de projets de recherche subventionnés ou non, un certificat d’éthique est obligatoire pour chaque projet.»
La politique de l’Université en ce qui concerne l’éthique de la recherche a été rédigée en 1993 et modifiée en 1999. Michel Bergeron a comme mandat de réfléchir sur cette politique afin de l’actualiser. Une consultation devrait être engagée au cours des prochains mois afin de mener à bien cette réforme, «qui pourrait être majeure».
L’autre objectif du nouveau président touche à la formation générale des chercheurs, car les cours d’éthique ne sont pas nombreux. «À la Faculté de médecine, un cours de un crédit en éthique de la recherche est offert aux étudiants de deuxième cycle. Il y a aussi des cours en psychologie et en sciences de l’éducation.»
Bien entendu, mentionne l’éthicien, on peut aborder les questions éthiques dans des cours généraux, mais les cours spécialisés sont importants aussi, et la liste de ceux-ci semble courte. Le CUE se penchera sur ce point et soumettra des recommandations pour améliorer la formation éthique des chercheurs.
Suivi des projets
Rien n’est jamais blanc ou noir dans le domaine de la bioéthique. «C’est ce qui me plaît le plus», affirme Michel Bergeron. Spécialité interdisciplinaire, la bioéthique navigue entre la philosophie, le droit, la médecine et la quasi-totalité des sciences sociales.
Actuellement étudiant au doctorat en sciences humaines appliquées (option «bioéthique»), Michel Bergeron a terminé une maîtrise en éthique à l’Université Saint-Paul, à Ottawa, et a été chargé de cours pendant plusieurs années à l’Université de Montréal et à l’Université Saint-Paul avant d’être nommé au CUE. Mais M. Bergeron est d’abord chimiste. Diplômé en chimie de l’Université Laval en 1977, il a travaillé dans différents ministères fédéraux, puis a été pendant plus de 10 ans directeur du Service de la recherche à l’Université Saint-Paul.
Sa thèse porte sur les suivis des projets de recherche, un problème soulevé régulièrement dans le milieu de la bioéthique. En effet, si les protocoles sont minutieusement étudiés au moment du dépôt du projet, des modifications substantielles peuvent y être apportées sans que le comité d’éthique en soit toujours avisé. «Les règles à respecter sont claires, mais les chercheurs ne les suivent pas toujours à la lettre», mentionne l’éthicien, qui travaille en ce moment à la rédaction de sa thèse.
Au cours des dernières semaines, M. Bergeron a vécu un moment important de sa carrière à titre de coprésident du congrès mixte 2003 de la Société canadienne de bioéthique et de l’American Society for Bioethics and Humanities, qui a rassemblé 950 spécialistes à Montréal du 23 au 26 octobre. «Un grand succès», a-t-il résumé.
Mathieu-Robert Sauvé