Riche d’une carrière de trois décennies dans le domaine pharmaceutique, dont le tiers comme professeur à l’Université de Montréal, Albert Adam lance cette semaine le premier guide réunissant deux disciplines traitées jusque-là séparément: L’essentiel sur la biologie clinique et la pharmacothérapie.
«C’est un guide pratique qui présente l’état actuel des connaissances dans ces deux secteurs. Regardez, il se glisse dans la poche», dit-il de son ouvrage de près de 500 pages.
«Ce livre présente deux aspects importants des soins basés sur la preuve, dans le droit fil de la médecine factuelle (evidence based medicine), peut-on lire en quatrième de couverture. Une telle synthèse n’est envisageable qu’en associant la biologie clinique, spécialité typiquement européenne – pour ne pas dire française –, et la pharmacie clinique, d’origine nord-américaine, en voie de développement dans les pays francophones.»
Destiné au personnel médical, et au premier chef aux pharmaciens et médecins de la francophonie, le livre est le résultat d’un «travail colossal», selon le doyen Jacques Turgeon, qui signe une des deux préfaces. Et c’est un volume qui arrive à point, car au Québec une loi adoptée en janvier 2003 prévoit que le pharmacien peut «[prescrire] ou [rectifier], selon une ordonnance, la thérapie médicamenteuse en recourant, le cas échéant, aux analyses de laboratoire appropriées». Le guide publié par Albert Adam et son équipe est donc appelé à devenir le «livre de chevet» du pharmacien dans la structuration de sa démarche, selon M. Turgeon.
«Il s’agit d’abord d’un livre écrit dans un contexte pédagogique par une équipe formidable», précise tout de même le professeur Adam, qui a invité plusieurs étudiants à collaborer à sa rédaction. Dans la liste des auteurs, on trouve en effet une grande concentration d’étudiants de l’UdeM: Huy Hao Dao, Christine Hamel, Philippe Lépicier, Marie Lordkipanidzé, Guiseppe Molinaro et Marie-Pierre Rousseau. Les professeurs suivants ont aussi mis la main à la pâte: Marie-France Beauchesne, Ema Ferreira, Daniel Lamontagne, Louise Mallet Pierre Moreau, Marc Perreault, Marie-Claude Vanier et David Williamson.
Preuve que cet ouvrage était attendu non seulement en Amérique mais ailleurs dans la francophonie, le professeur émérite C. Heusghem, de l’Université de Liège, loue lui aussi le travail d’Albert Adam dans une seconde préface. «Dépassant le seuil de l’interprétation sémiologique courante, [ce guide] ouvre à l’investigation biologique un nouvel horizon, celui de l’intérêt des tests de laboratoire judicieusement sélectionnés dans l’appréciation de l’efficacité des thérapeutiques appliquées aux principaux domaines de la pathologie humaine.»
|
Un guide pratique et moderne. Albert Adam, à gauche, accompagné de quelques coauteurs deL’essentiel sur la biologie clinique et la pharmacothérapie : Christine Hamel, Philippe Lépicier, Giuseppe Molinaro et Daniel Lamontagne. |
Un professeur apprécié
Depuis son arrivée à l’Université de Montréal, en 1994, Albert Adam est reconnu pour ses qualités de pédagogue. Dans un article que Forum lui consacrait en 2001, à l’occasion de sa nomination comme professeur de l’année au Canada selon le Council for Advancement and Support of Education – un organisme américain qui fait la promotion de l’éducation partout dans le monde –, il disait se définir comme un professeur plutôt que comme un chercheur. «Bien sûr que je fais de la recherche, ajoutait-il. Elle n’est ni meilleure ni pire que celle de mes collègues, mais je crois que le premier devoir d’un universitaire, c’est de bien enseigner sa matière.»
Cet honneur n’a pas été le seul à lui être décerné. En fait, il a remporté le prix du professeur de l’année de la Faculté de pharmacie tous les deux ans depuis la création de celui-ci, au milieu des années 90. «S’il ne l’a pas gagné chaque année, c’est qu’un règlement empêche les professeurs de le remporter deux fois d’affilée», signale avec un sourire en coin le professeur Daniel Lamontagne.
«C’est un professeur qui est proche de ses étudiants. Il est disponible, rigoureux et très dévoué», explique Giuseppe Molinaro, qui le côtoie depuis huit ans. Mais, ajoute-t-il, c’est aussi un humaniste et un épicurien, ce qui fait que les longues heures à la Faculté paraissent plus supportables.
Entre l’étudiant au doctorat et le professeur est née une amitié qui dépasse les murs du laboratoire. Avec d’autres, le jeune homme a été invité sur la terre du professeur Adam, où toute sa science se déploie dans la culture des légumes.
À la Faculté de pharmacie, le professeur Adam est reconnu pour ses confitures haut de gamme, son bon vin, ses marches quotidiennes et ses visites matinales au Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal.
Mathieu-Robert Sauvé