Les stations de métro ne sont pas les meilleurs endroits qui soient pour observer la nature. Mais qu’à cela ne tienne. Luc Courchesne est parvenu à faire entrer insectes exotiques, plantes rares et galaxies lointaines dans le métro, du moins dans la rotonde des couloirs de la station Square-Victoria.
Les quelque 6,5 millions d’usagers qui empruntent ces couloirs chaque année peuvent maintenant y admirer, au choix, les splendeurs du Jardin botanique, celles du Biodôme, de l’Insectarium et du Planétarium. Le tout sur un écran plus grand que nature et accompagné d’effets sonores. Ils peuvent même voir en direct du Biodôme des scènes de la vie animale et regarder les saumons nager dans les bassins ou les manchots déambuler sur leur banquise.
«Le projet consistait à présenter une vitrine des établissements scientifiques de Montréal pour amener les gens à découvrir ces centres et à s’informer de leurs activités», explique Luc Courchesne, professeur à l’École de design industriel de la Faculté de l’aménagement. M. Courchesne a dirigé l’équipe d’une douzaine de personnes regroupées au sein de la Société des arts technologiques à qui la Société de transport de Montréal a confié le projet.
Sur le thème «Habiter la nature», l’équipe a réussi à créer un "poste avancé" pour chacun des établissements. «Et avec des images vidéo en direct du Biodôme, c’est comme si l’on y était», ajoute le professeur.
L’ensemble, qui sera officiellement inauguré ce jeudi 11 mars, a été baptisé Ars Natura. Les photos et images vidéo sont projetées en rotation lente sur un écran circulaire de tissus translucides suspendu au-dessus de la place centrale afin de créer un effet d’immersion. Les séquences d’une minute présentant cinq ou six images d’un même centre défilent de façon aléatoire ou selon le choix du passant. Le projet prévoit également que des images vidéo en temps réel seront diffusées du Jardin botanique.
Puisqu’il s’agit d’une installation permanente dans un lieu sans surveillance, les concepteurs ont vu à ce que le système fonctionne sans aucun contact direct avec l’équipement. Une image projetée sur une table centrale présente cinq choix de projections: quand on pose la main sur l’établissement désiré, une cellule photosensible réagit à la variation de luminosité et déclenche la projection demandée.
En plus des projections sur l’écran circulaire, le système projette sur la table centrale des renseignements écrits relatifs à l’établissement en question et la façon de s’y rendre à partir de la station Square-Victoria.
Art et humanisme
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Une image numérique de l’écran tel qu’il apparaît dans la rotonde de la station Square-Victoria. |
La Société des arts technologiques, dont le professeur Courchesne est un des fondateurs, se définit comme «un laboratoire d’interface avec le public de la rue». Elle regroupe des artistes et des chercheurs, rattachés notamment à l’UdeM, à l’Université McGill et à l’UQAM, qui s’intéressent à la convergence de la recherche artistique et des technologies de communication.
«Nous avons utilisé une technologie simple et facilement disponible pour créer un élément d’art public en la mettant au service d’un certain humanisme, affirme Luc Courchesne. Imaginez l’effet d’une orchidée géante projetée dans le couloir du métro en hiver, lorsque tout est sombre et froid!»
Ayant pignon sur rue en plein centre-ville, juste en face du Monument national, boulevard Saint-Laurent, la Société occupe un marché converti en galeries d’exposition, salles de spectacle et ateliers de création, où tous peuvent se rencontrer autour d’un café.
Outre Luc Courchesne, le professeur Sébastien Roy, du Département d’informatique et de recherche opérationnelle, a apporté sa contribution aux éléments informatiques de ce projet dont l’un des commanditaires est l’Université de Montréal.
Daniel Baril