Notre collègue et ami Robert Mayer est décédé le 4 décembre 2003. Lui qui avait parcouru le monde pour mieux l’apprivoiser et pour communiquer avec ses pairs de toutes nationalités, il nous quittait pour son ultime voyage. Comme il l’avait toujours fait, il s’y était préparé avec une grande minutie, ne laissant rien au hasard et planifiant méthodiquement cette dernière étape de sa vie. Bien qu’il fût d’une grande discrétion et d’une nature réservée, il accepta avant son départ de parler de son combat contre le cancer sur la place publique, à l’émission Enjeux de Radio-Canada. À l’image de sa vie axée sur le partage des connaissances, il voulut une dernière fois faire profiter les autres d’une expérience humaine qui le confrontait douloureusement. Pour Robert, la vie était un combat. Il était toujours prêt à défendre ses droits et ceux des plus démunis. Il n’avait jamais oublié ses origines modestes et sa vie témoignait d’un désir de justice pour ses concitoyens. Il était impatient devant les lourdeurs de la bureaucratie et n’hésitait jamais à faire valoir les intérêts de ceux qui étaient laissés-pour-compte. Cet engagement ne lui a jamais fait défaut au cours de son existence.
Ses passions furent l’enseignement, l’écriture et le partage des connaissances. Depuis 1971, l’École de service social de l’Université bénéficiait de son savoir et de son expertise. Auteur prolifique, Robert a publié des œuvres majeures qui témoignent de sa maturité de chercheur et de professeur. Ces œuvres ont été le fruit de plusieurs années de travail et en constituent l’apogée. Les domaines de spécialisation de ce professeur ont été la méthodologie de la recherche, l’action communautaire, les problèmes sociaux et les pratiques de travail social.
Robert Mayer a notamment contribué à la formation des étudiants par la publication d’ouvrages sur la recherche en intervention sociale et sur la recherche qualitative. Dans le champ de l’action communautaire, il s’est aussi distingué par ses nombreuses collaborations et ses livres sur le sujet. En 2001, il a publié avec un collègue deux volumes importants sur les problèmes sociaux et en 2002, au moment où il combattait sa virulente maladie, il faisait paraître un dernier volume sur l’évolution des pratiques en service social.
En résumé, Robert Mayer a fourni une contribution majeure aux mondes scientifiques québécois, canadien et international, non seulement à titre de conférencier mais aussi à titre d’organisateur et d’animateur de plusieurs colloques. Il a également été un collaborateur assidu du Regroupement des unités de formation universitaire en travail social et en a marqué profondément l’histoire, de diverses manières.
Il a été un homme de rigueur, à l’esprit critique et ouvert aux idées nouvelles. Robert Mayer a été à la fois acteur, témoin et analyste du développement du service social au Québec. Pour lui, un chercheur en service social devait toujours agir en homme de pensée et penser en homme d’action.
Nous saluons ce collègue qui nous a tous marqués par sa sensibilité et son engagement et nous offrons à Francine, sa femme, à Sylvie, sa fille, et à tous leurs proches nos plus sincères condoléances.
Gisèle Legault
et Justin Lévesque
Professeurs à l’École
de service social