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Anne-Marie Dussault |
Marie-Catherine Leroux, Binh An Vu Van et Martine Robergeau, trois sortantes du Certificat en journalisme de la Faculté de l’éducation permanente, ont séduit le jury des prix Lizette-Gervais, remis annuellement pour encourager la relève dans les domaines de la radio et de la télévision. Marie-Catherine Leroux et Binh An Vu Van ont reçu une bourse de 1500 $ et auront la chance d’effectuer un stage rémunéré en milieu professionnel; quant à Martine Robergeau, elle s’est vu décerner une mention spéciale. «Il s’agit d’un triplé pour le programme de certificat en journalisme, qui célèbre cette année son 30e anniversaire», a souligné la responsable du programme, Marie-Christiane Hellot, visiblement ravie du résultat.
Marie-Catherine Leroux a remporté le prix dans la catégorie radio pour un reportage intitulé Des vies en attente, qui porte sur la transplantation d’organes. Primé pour sa clarté, sa précision, la rigueur de la langue et sa qualité technique, le reportage fait preuve d’une grande sensibilité à l’égard du drame humain qui se cache derrière le problème des dons d’organes, sans négliger sa dimension sociale: débutant avec le témoignage poignant d’une jeune femme atteinte de fibrose kystique en attente d’un poumon, il trace un portrait intéressant des efforts déployés pour améliorer le système québécois des dons d’organes. La sortante affirme qu’elle n’aurait pu gagner son prix sans le concours de Dominique Payette, professeure de radio au Certificat. Elle sera stagiaire rémunérée pendant quatre semaines cet été à l’émission Le cœur à l’été, animée par Anne-Marie Dussault.
Des «plongeurs de poubelles»
Binh An Vu Van a remporté les honneurs dans la catégorie télévision pour Le comble de l’épicerie, un reportage au ton beaucoup plus léger, réalisé en collaboration avec Marie-Ève Graniero, sur les «plongeurs de poubelles». Dénonçant les quantités gargantuesques de nourriture jetées par les épiceries québécoises, le reportage suit un groupe d’étudiants qui, par conviction écologique, font les poubelles et se nourrissent de ces rebuts jugés invendables. Radis croquants, melons, plats surgelés indiens et tomates fraîches composent un menu fort appétissant pour le «practical progressive potluck» qu’ils organisent chaque semaine. Récompensée pour l’originalité de son sujet, Binh An Vu Van effectuera un stage rémunéré de quatre semaines à la salle des nouvelles de TVA.
C’est pour un reportage intitulé Cœurs en itinérance, réalisé en collaboration avec Estelle Puig, que les membres du jury de la catégorie télévision – Isabelle Maréchal, journaliste, Daniel Renaud, rédacteur en chef de l’émission J.E. au réseau TVA, et Philippe Schnobb, journaliste à la télévision de Radio-Canada – ont accordé une mention d’honneur spéciale à Martine Robergeau. Ils ont vanté la profondeur des témoignages obtenus dans le cadre de ce reportage sur la solitude des personnes itinérantes et expliqué qu’ils se devaient de souligner la qualité de ce travail.
Unis contre la convergence
La remise des prix Lizette-Gervais a eu lieu le 30 avril dernier, à l’issue d’une table ronde sur les médias et la convergence animée par Suzanne Laberge et qui réunissait les journalistes Anne-Marie Dussault, présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Jean-Claude Leclerc, professeur à l’Université, et Élaine Ayotte, ex-animatrice à TQS. Les trois participants ont longuement fait état des risques de dérapage liés à la concentration des médias et surtout à la convergence. «Les médias perdent leur crédibilité lorsqu’ils sont réquisitionnés au profit de leur empire et aux dépens de leurs fins propres qui consistent à servir le public», a notamment souligné Jean-Claude Leclerc. La journaliste Élaine Ayotte a expliqué les motifs qui l’ont amenée à écrire aux journaux pour dénoncer publiquement l’envahissement des bulletins de nouvelles par les émissions de téléréalité. Quant à Anne-Marie Dussault, elle a profité de l’occasion pour rappeler la mobilisation de la communauté journalistique en faveur de Télé-Québec à un moment où son avenir semble une fois de plus menacé.
Marie-Claude Bourdon