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Nicole Lavergne |
Au moment même où le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration (MRCI) s’apprête à effectuer des compressions dans les programmes de francisation destinés aux immigrants, l’École de français de la Faculté de l’éducation permanente publie les résultats d’un sondage qui montrent le rôle déterminant qu’elle joue dans l’intégration professionnelle et sociale de ses étudiants. Tous les commentaires recueillis auprès des immigrants stagiaires ayant terminé les cours de français offerts dans le cadre du partenariat entre l’Université et le MRCI confirment le fait que leur passage à l’École de français a grandement facilité leur inclusion dans la société québécoise. «Chez vous, j’ai bien compris le système que je n’avais pas saisi auparavant, résume un étudiant. J’aimerais vous dire merci, pour tout.»
Les étudiants qui fréquentent l’École de français grâce à ce programme sont en général fortement scolarisés: 94,5 % ont effectué de 16 à 20 ans de scolarité dans leur pays d’origine, soit minimalement l’équivalent d’un baccalauréat. À leur arrivée au Québec, près de la moitié parlent anglais. Ceux qui décident d’entreprendre des études seraient donc susceptibles de s’inscrire dans un établissement anglophone. Mais tel n’est pas le cas. Parmi les répondants qui ont terminé leur stage de francisation, 68,2 % ont poursuivi des études aux divers ordres d’enseignement du Québec et, parmi ceux-ci, presque 80 % se sont inscrits dans des établissements francophones.
La majorité choisissent l’UdeM
«Pour le fait français et la société québécoise, c’est extrêmement important», souligne Nicole Lavergne, directrice de l’École de français, qui précise que, chez ceux qui entament des études universitaires, 66,4 % le font en français et que la majorité de ces derniers (63,7 %) choisissent l’UdeM et ses écoles affiliées. Pourtant, lorsque certains étudiants commencent leur stage de francisation, ils connaissent à peine quelques mots de français. «Le pari que nous faisons, c’est de les rendre suffisamment fonctionnels pour que la langue ne soit pas un obstacle dans la poursuite de leurs études, explique Mme Lavergne. Nous avions l’impression d’atteindre nos objectifs, mais nous n’avions rien sur quoi nous appuyer pour le démontrer. Les résultats du sondage ont dépassé nos attentes.»
Au bout du stage, tous les étudiants n’acquièrent pas une maîtrise équivalente du français. Tout dépend de leurs connaissances de départ, de leur culture d’origine, mais aussi de la situation particulière de chacun. «Un étudiant qui a laissé la moitié de sa famille dans un pays en guerre sera évidemment moins réceptif émotivement à l’apprentissage d’une nouvelle langue», note la directrice de l’École de français.
Selon les étudiants, les cours aident aussi à se débrouiller dans la société, à trouver du travail, à se familiariser avec le système scolaire et à se faire de nouveaux amis. L’un deux affirme que le stage est «un facteur d’adaptation important qui pourrait être offert dès l’arrivée au pays tellement il contribue à l’intégration». Un autre répondant souligne que l’enseignement de l’histoire a constitué «un facteur de rapprochement avec la culture québécoise».
Une douche froide
Les compressions effectuées au MRCI, qui représentent 21 % de son budget et qui incluent une réduction des allocations de formation pour des cours de français – qui sont passées de 150 à 30 $ par semaine depuis le 3 mai –, ont eu l’effet d’une douche froide sur les étudiants immigrants. Armés d’une pétition, ceux-ci ont rencontré la ministre Michelle Courchesne le 16 avril et, au moment de mettre sous presse, cette dernière les informait qu’elle aurait de bonnes nouvelles à leur annoncer dans la semaine du 17 mai. «Les réductions auront un impact sur nos programmes, mais il est trop tôt pour en mesurer l’ampleur», dit Nicole Lavergne, qui de son côté n’a pas manqué de faire parvenir les résultats de son sondage à la ministre. «La francisation, nous y croyons beaucoup, ajoute-t-elle avec passion. Nous croyons que les immigrants y gagnent, que l’UdeM y gagne et que la société s’enrichit de l’apport de ces gens que nous voulons continuer à aider.»
Marie-Claude Bourdon