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Des étudiants se détendent dans le nouveau Pavillon J.-Armand-Bombardier. |
En plus d’être un haut lieu de la recherche de pointe, le Pavillon J.-Armand-Bombardier, inauguré cette semaine sur le campus, abrite la Maison des nouvelles technologies pour la formation et l’apprentissage. «C’est une maison au vrai sens du mot: on y accueillera des spécialistes des sciences de l’éducation qui se consacrent à l’enseignement des sciences. Un endroit ouvert, lumineux, hospitalier.»
Le vice-recteur à la recherche, Alain Caillé, a raccourci de quelques minutes ses vacances en France afin de partager avec Forum son enthousiasme pour ce pavillon qui a vu le jour dans l’imagination d’une poignée de passionnés de haute technologie dès 1998. «Ce pavillon, explique-t-il, est la matérialisation de la collaboration entre l’Université de Montréal et l’École Polytechnique dans les domaines de pointe. Un projet qui a obtenu un succès retentissant. Technopole Montréal, c’est l’idée; J.-Armand-Bombardier, c’est l’immeuble.»
Des sommes substantielles ont été dégagées pour ce concept prometteur. Au total, les deux établissements ont obtenu 150 M$ uniquement pour leur équipement spécialisé. Ce montant exclut les 60 M$ alloués à la construction de l’immeuble et deux grands projets accordés récemment par la Fondation canadienne pour l’innovation à deux chercheurs de la Technopole, Richard Martel et William Lubell (plus de 30 M$ en tout).
Au bon endroit au bon moment
Alain Caillé et ses collaborateurs ont été les premiers à parler de nanotechnologies au Québec. Et ils n’ont pas cessé d’insister sur cette force naissante, susceptible de mettre à contribution l’ensemble des universités québécoises.
Lui-même physicien (il est un spécialiste de la matière condensée et de la physique des solides), M. Caillé a perçu dès son arrivée à l’UdeM le potentiel lié à cette proximité entre l’école de génie et les chercheurs de l’Université. Mais il en fallait plus. Il fallait attirer les meilleurs éléments partis s’installer à l’étranger faute de moyens et d’ouvertures au Québec.
L’organisme Nano-Québec, la structure nationale chargée de rassembler les fonds pour la recherche en nanotechnologies, a été créé dans son bureau du rectorat. Assistaient à la rencontre le directeur de la recherche de Polytechnique, Claude Chavari, et le vice-doyen de la Faculté des arts et des sciences, Joseph Hubert (il en est aujourd’hui le doyen). «Je me souviens, c’était un vendredi. Nous avons envoyé un communiqué sur le fil de presse après la rencontre: Nano-Québec était né.»
Résultat: Montréal compte une masse critique suffisante de chercheurs de grande envergure pour figurer en bonne place dans les ligues majeures. Aujourd’hui, M. Caillé est satisfait du chemin parcouru et il affirme qu’avec le Pavillon J.-Armand-Bombardier, c’est Montréal qui devient la référence internationale. Dans ce pavillon, 40 % de l’espace sera consacré à l’étude des nanotechnologies.
Particularités
Le Pavillon J.-Armand-Bombardier est l’œuvre des architectes André Mercure (de la firme Desnoyers, Mercure et Associés), Claude Provencher (de Provencher, Roy et Associés) et Anick Shooner (de Menkès, Shooner, Dagenais), tous trois diplômés de l’Université respectivement en 1960, 1974 et 1987. En plus de présenter une architecture spectaculaire (couloirs ouverts sur l’intérieur, passerelles suspendues, hautes fenêtres et escaliers de métal), le Pavillon répond à des normes très exigeantes pour permettre la recherche sur l’infiniment petit.
Rappelons qu’un nanomètre égale un milliardième de mètre. Pour diminuer les risques de vibration dans un laboratoire particulièrement sensible, on a fait construire un immense bloc de béton complètement détaché du reste de l’immeuble. Ses assises sont directement posées sur le granit du Bouclier canadien. Pour couler le béton nécessaire à cette structure, des bétonnières se sont succédé une semaine durant.
Les nanotechnologies ne seront pas les seules vedettes du Pavillon. On y étudiera aussi les nouvelles générations de plastiques, les matériaux biodégradables, les organes artificiels, les transistors… On y compte même des «salles blanches», soit des locaux où la poussière est quasi inexistante.
Parmi les autres axes majeurs du Pavillon, Alain Caillé mentionne le secteur du génie biomédical, qui occupera presque un étage complet. Les spécialistes de l’aéronautique et de l’aérospatiale de l’École Polytechnique côtoieront les ingénieurs spécialisés en environnement.
Enfin, le vice-recteur est particulièrement fier de pouvoir dire qu’un sixième de la superficie du bâtiment sera consacré à la «préincubation» d’entreprises de haute technologie. «Si vous êtes en biotechnologies, quelques millions suffisent à lancer votre entreprise. En nanotechnologies, on calcule que la mise de fonds est de 30 M$. Si l’on veut avoir du succès en transfert technologique, il faut donc avoir des gens sur place, capables de conseiller les chercheurs sur la commercialisation de leurs travaux.»
Cette pépinière très spéciale pourrait aider de 7 à 14 projets à devenir réalité à partir des travaux de la Technopole.
Mathieu-Robert Sauvé