Oui, le vin est bon pour la santé, répond sans hésiter Albert Adam, professeur à la Faculté de pharmacie et grand amateur de la dive bouteille.
Le nouveau chroniqueur «Vin et santé» de la revue L’Actualité pharmaceutique rapporte que plus de 500 études scientifiques ont été publiées dans des revues savantes depuis 1990. Elles convergent vers ce que les médias ont nommé le «French paradox», qui veut que les populations consommatrices régulières de vin soient en meilleure santé que les non-consommatrices. Les études épidémiologiques et pharmacologiques s’entendent sur l’effet cardioprotecteur de certains constituants du vin. On a aussi beaucoup étudié les antioxydants susceptibles de prévenir diverses affections.
Évidemment, il ne faut pas sous-estimer les risques d’abus qu’entraîne toute consommation d’alcool et le chroniqueur en est parfaitement conscient. Son premier texte est en effet intitulé d’après Le Siracide, livre biblique de maximes et de sentences: «Le vin est comme la vie pour l’homme, si tu le bois avec modération.»
Le professeur Adam – dont les lèvres ont été humectées de vin de Champagne le jour de son baptême, ce qui le faisait entrer dans la fraternité des œnophiles au moment de rejoindre les rangs de l’Église de Saint-Pierre – entend bien ne pas se limiter aux 15 dernières années de recherche en la matière. Comme il le mentionne dans sa chronique inaugurale, l’intérêt des chercheurs pour les bienfaits du vin s’appuie sur un savoir populaire. «Les découvertes récentes rendues possibles grâce aux méthodes physicochimiques, biochimiques et moléculaires modernes objectivent des gestes et des coutumes qui trouvent leur origine dans la nuit des temps. Du point de vue thérapeutique, il faut rappeler que le vin fut pendant longtemps le seul antiseptique et que, par ailleurs, son premier attrait fut son aspect euphorisant, bien utile dans les moments de découragement…»
Le pharmacien, qui ne cache pas sa passion pour la bonne chère et les plaisirs de la table, s’est souvent fait interroger sur les rapports entre le vin et la santé. Il a voulu mettre sa formation de chercheur au service d’Épicure. Une première série de conférences, données à une succursale de la Société des alcools du Centre commercial Rockland il y a quelques années, l’a convaincu de la richesse de la matière. «On n’a pas tout dit sur le vin et la santé, commente-t-il à Forum. Mais il me semble que nous mettons un peu trop vite de côté le caractère convivial, festif qui accompagne le fruit de la terre et du travail des hommes.»
La chronique du professeur Adam, qui s’étendra sur une quinzaine de numéros du mensuel, se divise en deux parties. La première est consacrée aux grandes étapes de la relation amoureuse entre l’humanité et le vin depuis près de 6000 ans, époque des premières preuves scientifiques de la vinification, jusqu’aux travaux de Louis Pasteur. La seconde partie proposera un regard critique sur les travaux scientifiques menés au cours des dernières décennies sur le vin et certains aspects de la santé.
On sent que le professeur Adam a beaucoup de vin sur la planche. Ce n’est pas lui qui va s’en plaindre.
Mathieu-Robert Sauvé