Mireille Mathieu

Sans la persévérance et l’énergie dont a fait montre l’infatigable ex-doyenne de la Faculté des arts et des sciences, Mireille Mathieu, le Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (CLIPP) n’existerait pas. Après une longue et pénible phase d’implantation qui s’est poursuivie jusqu’en 2003, le CLIPP inaugurait ses nouveaux locaux du centre-ville le 21 mai. Fondé en 2000, le Centre a aujourd’hui les moyens de ses ambitions: suffisamment d’espace pour organiser ses activités de formation et de documentation, un site Internet et une équipe de 25 personnes nouvellement recrutées. Tout cela, grâce à un financement plusieurs fois promis par le gouvernement et qui s’est finalement concrétisé sous la forme d’une subvention de Valorisation-Recherche Québec qui assurera son fonctionnement de base jusqu’en 2006.

Des outils utiles

Le but du CLIPP, «c’est de rendre accessibles les résultats de la recherche en sciences sociales à tous ceux qui interviennent auprès des personnes aux prises avec des problèmes psychosociaux», explique sa p.-d.g., Mireille Mathieu. En d’autres mots, il s’agit, pour chaque thème abordé, de dresser un état des connaissances le plus à jour possible et d’en tirer des outils utiles pour les intervenants de manière à améliorer leurs pratiques. Car «la condition sine qua non d’un transfert de connaissances réussi, c’est de répondre aux besoins du milieu», insiste Mireille Mathieu. Ainsi, le CLIPP vient de terminer une vaste enquête sur les besoins en matière de santé mentale au travail. Les intervenants préfèrent-ils des dépliants, une trousse de dépistage, une vidéo, des ateliers de formation, des mises en situation ou un lieu d’échanges dans Internet? «On n’invente pas les outils de transfert, dit la p.-d.g., mais on peut les adapter aux exigences de chaque clientèle.»

Policiers, médecins, infirmières et travailleurs sociaux ont déjà accès à la Trousse de formation sur le dépistage de la violence conjugale, qui comprend notamment un manuel et une vidéo. Une autre trousse sur le dépistage des mauvais traitements infligés aux tout-petits est en préparation et devrait être testée en décembre prochain. Les utilisateurs des trousses pourront mettre leurs connaissances à jour en consultant le site du CLIPP, qui se veut aussi une mine de renseignements pour les recherchistes, journalistes et chroniqueurs intéressés par les problématiques psychosociales. Exerçant une activité de veille documentaire sur tout ce qui se publie dans le domaine au Québec, au Canada et aux États-Unis, le CLIPP offrira également sur son site un répertoire critérié des programmes disponibles dans la province.

Apprivoiser les chercheurs

Avec une longue carrière de recherche derrière elle (elle a étudié pendant des années le développement cognitif des chimpanzés), Mireille Mathieu a trouvé le moyen d’apprivoiser les chercheurs, «parfois récalcitrants quand on vulgarise les résultats de leurs recherches». Le CLIPP a des partenariats avec la majorité des universités québécoises et, depuis sa mise sur pied, des dizaines de collaborateurs ont contribué à en faire une structure de coordination interuniversitaire et intersectorielle qui bénéficie notamment de l’appui de l’Agence de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux, de l’Institut national de la santé publique et du Regroupement des centres de la petite enfance.

Après avoir survécu à une période d’incertitude, entre autres grâce au soutien de l’UdeM, qui lui a servi d’incubateur, le CLIPP est désormais là pour rester, affirme sa p.-d.g. «Notre slogan, c’est l’accès à la carte à la recherche psychosociale. Et c’est vraiment ce que nous voulons offrir, car quel est l’intérêt de faire de la recherche sur les problèmes les plus criants de la société si personne ne peut avoir accès à ses résultats?»

Marie-Claude Bourdon