Édition du 31 mai 2004 / volume 38, numéro 31
 
  Profs branchés
Un sondage révèle que 71 % des formateurs emploient les TIC

Thierry Karsenti

Au cours des quatre dernières années, le pourcentage de professeurs et de chargés de cours qui utilisent l’ordinateur dans leurs classes a fait un bond faramineux, passant de 21 % en 2000 à 71 % aujourd’hui. Tel est le constat tiré d’une enquête récente effectuée auprès du personnel enseignant de l’Université.

«Le sondage reflète un revirement spectaculaire de situation. De plus, on y apprend que les répondants sont doublement branchés puisque 90 % d’entre eux ont Internet à la maison», rapporte Thierry Karsenti, qui a mené l’enquête conjointement avec le Centre d’études et de formation en enseignement supérieur (CEFES) et sa directrice, Rhoda Weiss-Lambrou.

Ce n’est pas M. Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication, qui va se plaindre d’une telle évolution. C’est avec bonheur qu’il constate que les professeurs sont prêts à «prendre du stress». Car, qu’on le veuille ou non, le recours à l’ordinateur dans la salle de classe comporte nécessairement une part de risque puisqu’un problème technique est toujours possible. Et ça, c’est stressant!

S’il croit aux vertus des nouvelles technologies, M. Karsenti n’en recommande pas pour autant un usage immodéré ni même routinier. «C’est un outil parmi d’autres.» Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation, il n’a pas oublié une de ses premières expériences d’enseignement, à l’Université McGill. «J’avais travaillé très fort sur ma présentation PowerPoint et, à la fin du cours, lorsqu’une étudiante est venue me voir en me demandant si tous les cours allaient prendre cette forme, j’ai compris que l’heure avait été passablement ennuyante. À répétition, les présentations PowerPoint deviennent lassantes.»

Le questionnaire, intitulé «De 5 à 7… minutes», a été rempli en ligne. Sept cents personnes sur une possibilité de 2200 y ont répondu, ce qui constitue une proportion très acceptable. «Notre sondage devient une des plus grandes enquêtes réalisées sur ce thème en milieu universitaire», se réjouit M. Karsenti. En fait, 66 % des professeurs et 34 % des chargés de cours, répartis dans 15 facultés et écoles, ont rempli le questionnaire. Les réponses ne font toutefois pas de distinction entre professeurs et chargés de cours.

Chez 80 % de ceux qui recourent aux nouvelles technologies, la présentation PowerPoint – inventée en 1984 – domine. Quelque 28 % se servent de WebCT et 15 % du courriel. Environ 5 % font un usage «novateur» des technologies en ayant recours à des logiciels spécialisés, de l’audio ou de la vidéo.

«La prochaine étape, je crois, devrait consister à sensibiliser les professeurs et les chargés de cours aux autres formes de technologies. Un exemple? On peut démontrer le clonage de manière très précise avec l’ordinateur. Cela peut s‘avérer efficace et très pédagogique.» M. Karsenti poursuit en faisant remarquer que peu de professeurs savent mettre des documents dans Internet, pourtant une source incontournable de connaissances.

Le CEFES, qui a accompli un travail remarquable pour soutenir les enseignants en matière de nouvelles technologies, trouvera dans ce sondage des pistes pour son action future. «Le CEFES est très à l’écoute du personnel enseignant», rappelle M. Karsenti. Avec le Centre, il envisage de rencontrer les doyens au cours des prochaines semaines pour discuter perfectionnement. M. Karsenti se demande par exemple s’il ne serait pas possible d’aller sur place montrer aux formateurs comment concevoir une page Web. Il pense aussi à une vidéo qui permettrait aux professeurs et aux chargés de cours de se perfectionner par eux-mêmes, au moment qui leur convient. Car plusieurs répondants semblaient mal informés des possibilités de formation «technopédagogique» accessible sur le campus.

Enfin, Thierry Karsenti se donne pour mission de convaincre les récalcitrants. Plusieurs parmi ceux qui ne recourent pas aux TIC ont indiqué que leur discipline ne se prêtait pas à l’utilisation d’outils technologiques. M. Karsenti n’en croit rien.

Dans le sondage, ceux qui utilisent les nouvelles technologies évoquent le temps qu’elles permettent de gagner, l’intérêt qu’elles suscitent chez les étudiants et, pour ce qui est du courriel, la communication accrue qu’elles favorisent. Paradoxalement, les réfractaires évoquent eux aussi le temps mais dans l’autre sens puisqu’ils estiment que le recours aux TIC leur ferait perdre de précieuses heures.

Une proportion importante des répondants qui n’emploient pas les TIC, soit 67 %, jugent qu’elles ne sont pas pertinentes à leur discipline. Et plus de la majorité – 57 % – estiment que le soutien technique n’est pas adapté aux réalités de l’enseignement universitaire.

Mais il ne fait aucun doute que l’université, à l’image de la société, a pris le virage technologique. Le programme «Des ordis pour les profs» et les activités de formation du CEFES ont largement contribué à ce changement de cap. Le temps est maintenant venu, croit M. Karsenti, d’aller plus loin et de s’assurer que les innovations technopédagogiques sont accessibles à tous. Et appropriées.

Paule des Rivières



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement