Édition du 31 mai 2004 / volume 38, numéro 31
 
  La capsule science
Le virus du Nil occidental attaquera-t-il cet été?

Arrivé au Québec en 2001 après avoir frappé la région de New York en 1999 et le nord des États-Unis l’année suivante, le virus du Nil occidental continuera vraisemblablement à faire des ravages durant l’été qui s’annonce. Mais ses victimes seront, encore cette année, surtout les oiseaux. «Nous n’avons pas de raisons de croire que le virus sera moins actif cette année, au contraire», mentionne le Dr André Dallaire, pathologiste à la Faculté de médecine vétérinaire. Le spécialiste suggère aux promeneurs de ne pas oublier leur répulsif et de se vêtir de façon à décourager les insectes piqueurs de contaminer les êtres humains avec le virus. «Je n’ai pas changé mes habitudes quand je vais me balader en forêt, mais lorsque je suis avec des enfants, je surveille davantage leur habillement et je veille à ce qu’ils fassent usage d’antimoustiques», dit le vétérinaire.

Au cours de la dernière saison, 2576 carcasses d’oiseaux recueillies au Québec ont été analysées dans un laboratoire spécialement aménagé de Saint-Hyacinthe, sous la supervision du Dr Dallaire. De ce nombre, 846 oiseaux ont été déclarés porteurs du virus du Nil occidental. «Au plus fort de l’été, nous avons reçu jusqu’à 200 carcasses par semaine, relate le responsable du seul laboratoire agréé du Québec. Les oiseaux trouvés morts étaient principalement des corvidés, c’est-à-dire des corneilles et des geais, mais on nous a aussi rapporté d’autres espèces de passereaux et quelques oiseaux de proie.»

De 14 à 17 infections chez l’être humain ont été diagnostiquées, mais aucune n’a dégénéré en encéphalite, une maladie que les responsables de la santé publique craignent particulièrement. Par comparaison, en Ontario, on a diagnostiqué 83 personnes porteuses et 240 oiseaux touchés par le virus.

Le Québec a-t-il connu le pire de la crise? Difficile à dire, même si c’est ici qu’on a enregistré le plus grand nombre d’oiseaux infectés au Canada l’an dernier. «Le système faisait en sorte que les tests ont été poursuivis même dans les régions où le virus avait été localisé. Dans les autres provinces canadiennes, on ne procédait pas de cette façon.»

Le Dr Dallaire est élogieux à l’égard des autorités gouvernementales de la santé publique, qui ont été très efficaces dans ce dossier. «L’an passé, on a formé un comité de crise qui a véritablement pris les choses en main. Toutes les semaines, chacun des membres communiquait aux autres l’état de son travail. Je crois que nous avons pu faire face au phénomène en étant préparés.»

Le virus, qui se transmet aux oiseaux par les insectes piqueurs, est souvent mortel chez les volatiles mais rarement chez l’être humain. Pour lutter contre la propagation du virus tout en rassurant le public, les autorités doivent donc être présentes sur trois fronts: entomologique, ornithologique et humain.

À l’aide d’une nouvelle technique de détection, le Vec-test, l’équipe du Dr Dallaire s’est épargné bon nombre d’autopsies de carcasses qui nécessitent de prélever un rein et le cerveau. Le test, d’une durée de 15 minutes, consistait en l’introduction d’une bandelette de papier dans une solution contenant des produits organiques de l’oiseau. Par la suite, le diagnostic moléculaire des échantillons de tissus a été établi dans des locaux attenants sous la supervision de Josée Harel, professeure à la Faculté de médecine vétérinaire.

Actuellement, on ignore si la stratégie québécoise de cette année demeurera la même qu’en 2003, car elle a été forcément plus coûteuse qu’ailleurs au Canada.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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